S'Art & Poteries. L'art céramique local, ancien et récent

Nombreux sont les artisans qui vivaient de la poterie dans ce village de l'Avesnois dont le sol riche en terre argileuse permettait une abondante production qui faisait autrefois la réputation de Sars-Poteries.
Frédéric Darchu, le président de l’association et quelques bénévoles, se sont donc lancés dans le défi de faire revivre ce passé par le biais d'expositions. Plus de mille pièces sont désormais stockées et référencées. Elles proviennent essentiellement de dons. Les poteries exposées sont de styles très différents selon les époques de fabrication mais surtout en fonction de la créativité des artisans.
Richard Guitteny, photographe amateur, a fixé sur ses photos les étapes de fabrication mises en place dans l’atelier de Roland Lentier. Elles retracent les cycles de production et laissent également imaginer l'atmosphère qui régnait dans l'atelier tout au long de la réalisation des pièces de poterie. Elles sont également exposées dans une petite salle jouxtant celle des vitrines.
Les vitrines d'exposition proviennent de l'Ecomusée de Fourmies et la commune a mis l'ancien office de tourisme à la disposition de l'association en attendant un local plus vaste où pourrait être installé un atelier destiné aux démonstrations.

Le grès est un matériau céramique qui se caractérise par un tesson dense, dur et vitrifié, c'est à dire naturellement étanche après cuisson.
Sa fabrication nécessite des argiles aux caractéristiques appropriées pour supporter les températures élevées de vitrification (1250-1300° C). Les terres à grès, sont des argiles secondaires ou sédimentaires, plastiques et à forte teneur en silice, appelées argiles grésantes.
Les grès sont en général reconnaissables à leur couleur, qui va du chamois ou gris clair à un gris plus foncé ou au brun. En effet les argiles grésantes prennent une teinte foncée car leur cuisson est effectuée en atmosphère réductrice ( réduction de l'apport d'oxygène à la cuisson).
Les ateliers de Sars Poteries produisaient de la poterie utilitaire avec de la terre à grès extraite sur le territoire de la commune. Cette argile naturelle d'excellente qualité se prêtait parfaitement aux engobes (pâte liquide de décoration) et glaçures pour grès à hautes températures.
Le grès fut aussi employé de façon industrielle pour la production de canalisations notamment pour l'assainissement. C'est un matériau plus durable que les matières plastiques ou la fonte, mais il est plus difficile à mettre en oeuvre et peu adapté aux fortes pressions.

Quelques spécimens d'environ 1500 pots (entiers ou en morceaux) découverts le 3 novembre 1986 rue du cimetière à Sars Poteries à l'emplacement de l'ancienne poterie d'Alexis Buisset1801-1869, four démoli en 1894. Il s'agit d'une partie ou de la totalité d'une cuisson ratée. Ces pièces présentent un aspect de sous-cuisson, peu de traces de salage. Elles sont décorées au cobalt ou au manganèse. Elles sont uniques par la forme ou le décor, aucune n'est datée. Elles seraient du XVIII ème, peut être début XVII ème.

Le grès flammé est un grès dont la surface a été recouverte d'un mélange aqueux d'oxydes métalliques (corps constitué d'atomes métalliques et d'atomes d'oxygène comme l'oxyde de cuivre CuO ou l'oxyde de fer FeO).
Ces oxydes métalliques peuvent aussi être mélangés à différents minéraux (silice, feldspath) pour former une matière fondante (émail) qui sera vitrifiée sous l'action de la température.
Il existe plusieurs modes d'application sur les grès: aspersion, trempage ou encore badigeonnage au pinceau. Cette dernière technique est celle utilisée par Léon Lempereur en 6 à 7 couches (source : A. Delmotte, exposé du 13/03/2004).
Suivant leur composition, les émaux sont extrêmement sensibles aux variations de température et d'atmosphère de cuisson. C'est pour cette raison que chaque pièce en grès flammé est unique!
Il existe 2 techniques de cuisson:
- la pièce fait l'objet d'une première cuisson à 1300° (biscuit) avant de recevoir les émaux et de subir une seconde cuisson à 1000 C.
- les émaux sont posés directement sur la pièce séchée avant une cuisson unique à 1300° (technique vraisemblablement utilisée à la poterie Lempereur).
Le grès est dit "flammé" à cause de l'aspect final des formes et des couleurs (en forme de flammes).

Roland Lentier n’était pas destiné à devenir potier. "C’est après un séjour en Normandie" explique son fils Jean-Paul "qu’il s’installe avec son épouse Berthe à Sars-Poteries dans l’ancienne poterie qu’il restaure". Il fabrique des poteries domestiques (assiette, soupières, lampes) qu’il vend dans son magasin. " Il faisait un four tous les quatre mois dans lequel plusieurs centaines de pièces cuisaient pendant deux jours et deux nuits ". Roland a pris sa retraite en 1985 et est décédé le 15 décembre 2007. Jacky Ambrosy et Richard Guitteny qui lui donnaient un coup de main à l’atelier sont à l’origine de cette expo-hommage dont l’entrée est gratuite (2012).
Source texte: http://almotdebeur.com/