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Outre ses collections, le musée du Corps de Garde, raconte aussi l'Histoire de Maubeuge.
Le traité de Nimègue qui met fin à la guerre de Hollande (1672 / 1678) le 17/09/1678, va permettre d'améliorer le tracé de nos frontières, et d'y exécuter les travaux nécessaires pour mettre le pays à l'abri des invasions. C'est la construction du fameux "Pré carré" de Vauban qui va dessiner approximativement la frontière actuelle du nord de la France.
A cette date, l'enceinte médiévale de Maubeuge étant en fort piteux état et ne présentant plus d'intérêt dans sa défense, Vauban propose en remplacement pour la ville, un nouveau système de fortification en tenant compte des défauts de sa situation que commandent les hauteurs avoisinantes. S'élèvera alors une nouvelle défense dite "rasante" : murailles, fossés, et autres ouvrages, sont ainsi enterrés.
Définitivement arrêté, on construira sur la Sambre, une place neuve, fermant la frontière entre Le Quesnoy et Philppeville.
Les travaux seront réalisés dès 1679 selon le premier système dit de Vauban. Ils se présentent en projection heptagonale composée d'une ligne de remparts imposants flanqués de 7 bastions surmontés d'autant de cavaliers d'une hauteur moyenne de 9 mètres, mettant la ville à couvert des tirs plongeants environnants.
Le tout est précédé d'une ceinture de demi-lunes, dehors retranché, placé entre deux bastions et d'un ouvrage à corne à l'est. Les fossés seront larges, profonds et secs au nord. Un jeu d'écluses au sud, permettra d'inonder les fossés et de noyer toute la vallée vers Hautmont.
Les outrages du temps et des hommes.
De la fin du 19ème siècle à nos jours, l'enceinte de Vauban subira de graves atteintes.
1880 voit l'ouverture de l'enceinte à l'ouest, afin d'établir la porte de Bavay. En 1900 à la demande des bateliers, les portes d'eau sont détruites pour faciliter la navigation et on rectifie le cours de la Sambre. De 1915 à 1916, sur ordre de l'occupant, on perce le rempart dans le prolongement de la rue de l'Hospice afin de créer une sortie vers la gare de Sous le Bois. En 1932 pour lutter contre le chômage, on assiste au démantèlement des murailles du front de la porte de France. En 1936, dans l'axe de la rue Casimir Fournier, on perce le bastion des Capucins pour permettre aux chars du 509ème RCC un accès rapide au terrain de manœuvre d'Assevent. En 1958 on détruit la porte de France. En fin en 1963, on perce à l'est dans le prolongement de la rue de la Croix, la demi lune encore intacte pour accéder au rond-point du nouveau lycée.
Deux portes seront réalisées, l'une au nord, l'autre au sud, et deux ouvrages dénomés portes également chevaucheront la Sambre à l'entrée de la rivière dans la ville et à sa sortie, le tout formant lors de la fermeture de ces portes à 22 heures une ville close.
L'ensemble du chantier couvrant 56 hectares fut réalisé de 1679 à 1685 avec quelques 8 à 10000 hommes. Il est vrai qu'une visite du roi Louis XIV en 1680, contribuera à activer les travaux.
Au nord place Vauban, se trouve l'unique porte encore présente de l'œuvre de Vauban : la porte de Mons, construite de pierres de taille et de briques en 1682. Comme toutes les portes monumentales elle fut du classicisme architectural de l'époque par Hardouin Mansart, ami de Vauban. Elle commandait la route de Paris à Mons.
L'immeuble principal en façade, présente une harmonie de 15 fenêtres encadrées dont la centrale, en plein cintre avec balustres au bas donnant sur le sud. On remarque en particulier la belle toiture à la Mansart et ses ouvertures en œil de bœuf. Le premier étage était affecté au logement du commandant du génie et ses bureaux. Au niveau de la place, au centre, entre deux préaux, se découvre le passage charretier et deux corps de garde. Après avoir franchi ce passage et le pont levis qui conduit dans la fortification, on découvre la face nord de la porte avec son frontispice aux armes de France et une inscription lapidaire à la gloire de Louis XIV qui fait connaître la raison de sa construction et la date d'achèvement des travaux : 1685.
Par arrêté de 1924, la porte de Mons et ses abords sont classés au titre des Monuments Historiques. Déclassée par l'armée en 1928, elle accueille la mairie provisoire en 1940, puis les services de la police nationale. Depuis sa restauration en 1997, l'Office du Tourisme occupe le rez-de-chaussée et les étages accueillent diverses manifestations (expositions, conférences etc...)
En franchissant le pont dormant qui enjambe le grand fossé sec, ceint de ses hautes murailles, s'offre alors situé au cœur de la demi-lune, dans l'ancien corps de garde, le musée.
Ce bâtiment construit en 1683, recevait une garde de 15 militaires devant assurer la surveillance des abords, contrôler les voyageurs de passage et assurer la fermeture des portes et pont-levis dès 22 heures, et la réouverture à 6 heures le matin.
Occupé par le portier consigne jusqu'à la grande guerre, il recevra plus tard divers locataires jusqu'en 1979, date à laquelle il sera confié à l'association Renaissance Vauban, qui en assurera avec ses bénévoles, sa totale restauration afin d'en faire un musée consacré aux fortifications et à l'histoire militaire de Maubeuge.
Actuellement sur le front de la chambre noire, entre le bastion de la Croix et des Capucins, se situe la demi-lune de l'étang. (ancienne redoute et tenaille réunies au 19ème siècle) qui à l'aide de 2 batardeaux permettaient l'inondation en amont du front après le fermeture de l'écluse située dans la courtine 3/4. Le ruisseau du Maubiguel (aujourd'hui Pisselotte) venait s'y jeter dans ce qu'était au moyen âge le grand vivier, réserve de poissons blancs appartenant au chapitre de Maubeuge. Il ne subsiste aujourd'hui que cette petite partie de vivier qui fut comprise dans les travaux de Vauban.
A l'est, au pied du bastion de Falize, se trouvent les étangs dit de Monier. Cette appellation ne doit comprendre que la petite partie située entre l'ouvrage à corne et le chemin de halage. Le secteur en eau baignant le bastion sous le nom de fausse Sambre, n'est autre en réalité que le bras de la Sambre canalisée par Vauban utilisé à usage défensif. (sur l'ouverture du nouveau lit en 1900 voir plus haut)
Sous les cinq bastions de l'enceinte de la rive gauche, Vauban fera construire à l'épreuve de la bombe des salles souterraines servant de magasins en cas de siège. Elles ne communiquent pas entre-elles. Durant l'incendie de Maubeuge en 1940, elles serviront d'abris aux habitants non évacués encore en ville. La plus grande sous le bastion de Falize est encore partiellement visible lors des journées des villes fortifiées et du patrimoine.
En fait de souterrains, il s'agit d'un système de défense mis en place lors de la construction des murailles qui s'enfonce sous les défenses avancées de la place au dessus de la contre-escarpe. Ce couloir chemine parallèlement au fossé et on y accède par plusieurs portes ouvertes dans la muraille. Ce sont des contre-mines, destinées à découvrir en cas de siège, les travaux d'approche par sapes de l'assiégeant. Lors des visites on peut y voir et découvrir les fourneaux devant contenir les poudres destinées par leurs explosions, à contrer les travaux de l'ennemi.
Le magasin à poudre : rue de la Croix
Elle est la seule poudrière encore présente des trois construites lors des travaux de Vauban. Située près de la rue de la Croix elle se compose d'une salle voûtée initialement recouverte d'une toiture et entourée d'un mur pare-feu. Elle fut modifiée au second empire et ne présente plus rien de son aspect d'origine. Abandonnée pour n'être utilisée que très rarement, la végétation reprend ses droits sur les murs par manque d'entretien.
L’arsenal : rue de la Croix et quai Berteau
Il fut construit en même temps que les remparts. Comme son nom l'indique il servait à l'origine à recevoir et entreposer les armes de la garnison de la ville, et celles des créations de la manufacture d'armes de Maubeuge (1701/1836) en attente de livraisons.
Entre les deux guerres ce bâtiment reçu le 1er d'artillerie, puis le 520ème RCC. L'incendie de 1923 consumera sa belle et haute toiture, ne laissant durant de nombreuses années que les quatre murs calcinés servant d'enclos et d'entrepôts. Ce bâtiment visible aujourd'hui, sera reconstruit et rehaussé de 2 niveaux sur ses bases en 1936, quelques années avant le second conflit.
Durant l'occupation, il est occupé par la garnison allemande jusqu'en septembre 1944, puis fut affecté successivement à différentes organisations de la résistance, des détachements de CRS, de militaires de Landrecies, de la préparation militaire etc...
Réaffecté par la ville, ce bâtiment est aujourd'hui le Centre Culturel de l'Arsenal et abrite l'Ecole des Beaux Arts, la Bibliothèque Médiathèque et des salles d'expositions.
Extrait de : Maubeuge, une place qui mérite l'admiration des hommes par Jean Claude Décamps.
Editions Renaissance Vauban 1978, et fiche technique de l'Office du Tourisme par le même auteur, les fortifications de Vauban à Maubeuge.