L'aqueduc romain

Floursies - Bavay

(pour ne pas oublier son Histoire)

Sommaire
Page 01 Introduction Page 10
Les tournelles de Vieux Mesnil
Page 02 Ce que nos anciens ont écrit Page 11 De Vieux Mesnil à Bavay
Page 03 La Fontaine St Eloi à Floursies et les captages romains Page 12 L'aqueduc en chiffres
Page 04 L'aqueduc à Dourlers, Saint Aubin et Ecuélin Page 13 Canalisations en plomb
Page 05 La branche d'Eclaibes, Limont Fontaine et Ecuélin Page 14 Instruments de visée
Page 06 Secteur de Bachant et St Rémy du Nord Page 15 Principe du pont siphon
Page 07 Les bassins et piles à St Rémy du Nord Page 16 Les cartes
Page 08 La traversée de la Sambre Page 17 Contributeurs et ouvrages consultés
Page 09 Le mur de Boussières sur Sambre

Introduction

C'est donc au travers des paysages vallonnés de l'Avesnois, que les romains ont tracé et édifié cet aqueduc destiné à alimenter Bagacum (Bavay) en eau.
On ne peut que saluer le génie de ces bâtisseurs qui, il y a 2000 ans, leur a permis, sur une vingtaine de kilomètres, de déterminer le parcours à suivre et les pentes à respecter pour que l'eau parvienne jusqu'à Bavay. Travail titanesque au vu du relief, des mamelons à contourner, des portions d'aqueduc qu'il a fallu enfouir, mais aussi des ouvrages d'art bâtis pour traverser les vallées.
Le but de cette page est de sortir l'aqueduc de l'oubli mais également de rendre hommage à tous ceux qui depuis des siècles, se sont penchés avec passion sur cet ouvrage et nous ont laissé des témoignages précis sur l'existence de vestiges aujourd'hui disparus, car il faut bien reconnaitre que les sites encore visibles sont très peu nombreux et bien souvent totalement envahis par la végétation.
Des kilomètres de conduit sont encore sous terre, et il est certain qu'avec un peu de bonne volonté certaines zones pourraient être exploitées à des fins historiques et touristiques. Nous disposons aujourd'hui de technologies très sophistiquées comme les sonars qui permettraient rapidement et à moindre cout de localiser les secteurs enterrés. Nos anciens, juste avec la passion et peu de moyens ont beaucoup fait pour que cet aqueduc reste dans les mémoires.
Tous les auteurs dont les ouvrages ont servi à la réalisation de cette synthèse nous ont aujourd'hui quitté. C'est donc aux nouvelles générations de prendre le relais pour ne pas voir cet aqueduc sombrer définitivement dans l'oubli.

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Origine de l'aqueduc:
- Dans les annales du comté d'Haynau publiées en partie en 1648, François Vinchant, en attribue la construction à Marc Agrippa, gendre de l'Empereur Auguste dans les dernières décennies précédent notre ère.
- Albert Grenier, dans son manuel d'archéologie, quatrième partie " Les monuments des eaux " range l'aqueduc de Bavay parmi les constructions de l'époque des Antonins : " ...Les indications qui nous ont été données sur les Tournelles du Vieux-Mesnil le datent du IIe siècle ... Ces grands ouvrages appartiennent à la grande période de la prospérité du temps des Antonins...".
- Il semble plus vraisemblable qu'il ait été construit à l'époque des Flaviens, période qui, dans la seconde moitié du premier siècle de notre ère, correspond au développement de la ville de Bavay.
Généralités:
Le problème de l’alimentation en eau est aussi vieux que l’histoire de l’humanité. Dans l’antiquité romaine l’eau représentait un élément important et indispensable pour assurer le confort urbain. Qu’une population ait eu à se concentrer en un lieu donné, alors il fallait lui assurer un approvisionnement approprié et permanent en eau courante.
Il faut se référer au livre VIII du traité d’architecture de l’ingénieur romain Vitruve, 1er siècle AV-JC, connu pour son “De Architectura”, seule approche théorique de l’architecture antique, pour réaliser combien la technique de construction des aqueducs était maitrisée par les romains.
Si nous examinons une carte de la région, nous constatons que les sources les plus proches de Bavay, à part celles qui se trouvent à la lisière de la Forêt de Mormal, sont à un niveau inférieur aux 150 mètres du piton sur lequel est bâtie la ville, et par conséquent qu'elles pouvaient difficilement être utilisées pour l'alimenter en eau.
Les sources de la Forêt de Mormal toute proche ne semblent pas avoir été captées. Sans doute ne répondaient-elles pas aux conditions de salubrité d'une eau potable (1). Aussi les Romains n'ont-ils pas hésité à entreprendre des travaux considérables, pour chercher au loin l'eau dont ils avaient besoin. C'est ainsi que plusieurs sources de la rive droite de la Sambre, bien que situées à près de 20 km de Bavay, mais à un niveau convenable, ont été captées pour alimenter la ville
Avec sa longueur, une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau, avec les ponts sur lesquels il traversait le ruisseau de Braquenière à Dourlers, la Sambre à Saint-Rémy, le ruisseau du Bois du Mesnil, à Vieux-Mesnil, et, sans doute aussi, pour la branche venant d'Eclaibes, le ruisseau du Glimour, à Limont-Fontaine, l'aqueduc de Bavai constituait un grand ouvrage d'art et l'on comprend l'admiration que provoquaient, il y a quelques siècles, en ceux qui les voyaient, leurs vestiges encore au jour. Ces vestiges se réduisent aujourd'hui à peu de chose : de Bavai à la Sambre, ceux de Vieux-Mesnil et le mur de Boussières, de Floursies à la Sambre, le mur de Dourlers, dit des Sarrazins, et le mur de Saint-Rémy.
Des questions reviennent cependant sans cesse à l’esprit chaque fois qu’est évoquée l’existence d’un vestige antique important, tel que l’aqueduc de Bavay. Par quel moyen les fontainiers romains ont-ils acquis la certitude que les ruisseaux des sources d’Eclaibes et de Floursies étaient de hauteur compatibles avec le niveau du site de Bavay? Comment ont-ils identifié le parcours à suivre pour assurer la pente nécessaire à l’écoulement continu de l’eau dans le conduit, compte tenu des difficultés que présentaient les vallées de la Braquenière à Dourlers, de la Sambre à St Rémy du Nord et au Ménissart à Vieux Mesnil?
Après le détection des sources compatibles par les sourciers et hydrologues romains, pour alimenter Bavay, on a peine à imaginer le nombre de trajets que les géomètres et arpenteurs durent effectuer pour définir la pente d’un parcours propre à assurer un bon écoulement de l’eau dans le conduit. Ce fut probablement un très long travail de repérage, de défrichement, bosse par bosse, en affinant le tracé à chaque trajet, utilisant pour cela leur grande connaissance du terrain et leurs instruments de visée. Il est d'ailleurs intéressant de constater que le parcours qu'ils ont défini grâce leur savoir, correspond le plus souvent à nos courbes de niveau actuelles. Combien de centaines de milliers de moellons de pierre bleue ont été extraits des carrière avoisinantes, et combien de carreaux rainurés servant au garnissage intérieur des conduits ont été moulés et cuits? Des chiffres qui donnent le tournis et qui forcent le respect.
En 1707, dans son ouvrage intitulé " Les Confessions ", impressionné par la grandeur des gigantesques constructions romaines, Jean Jacques Rousseau déclara: " Je sentais, tout en me faisant petit, je ne sais quoi qui m'élevait l'âme, et je me disais en soupirant : Que ne suis-je né Romain ! "!

(1) Vitruve, De l' Architecture, un chapitre du Livre VIII est consacré aux eaux potables.
(2) Chevalier. Notice sur l'aqueduc romain de Floursies à Bavay, 1833·
(3) Egouts et aqueducs bavaisiens. Extrait des annales de la Société Royale d'Archéologie de Bruxelles, Tome 1. Pages 15-30,1961. Henri Biévelet.


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