L'aqueduc romain

Floursies - Bavay

(pour ne pas oublier son Histoire)

Sommaire
Page 01 Introduction Page 10
Les tournelles de Vieux Mesnil
Page 02 Ce que nos anciens ont écrit Page 11 De Vieux Mesnil à Bavay
Page 03 La Fontaine St Eloi à Floursies et les captages romains Page 12 L'aqueduc en chiffres
Page 04 L'aqueduc à Dourlers, Saint Aubin et Ecuélin Page 13 Canalisations en plomb
Page 05 La branche d'Eclaibes, Limont Fontaine et Ecuélin Page 14 Instruments de visée
Page 06 Secteur de Bachant et St Rémy du Nord Page 15 Principe du pont siphon
Page 07 Les bassins et piles à St Rémy du Nord Page 16 Les cartes
Page 08 La traversée de la Sambre Page 17 Contributeurs et ouvrages consultés
Page 09 Le mur de Boussières sur Sambre

Le mur de soutènement et les bassins de décantation et de charge à Saint Rémy du Nord

A 500 m du point 1 et à l'angle formé par les limites des parcelles 183, 184, 182, 315 (plan 243 partiel) l'aqueduc cessait de décrire une large courbe pour adopter un parcours rectiligne. Il sortait alors de terre, et à cet endroit devait se trouver un petit bassin qui, tout à la fois, réglait la vitesse de l'eau, évacuait les crues et évitait un changement trop brusque de direction (comme celui de l'aqueduc de Metz, rive gauche de la Moselle). Au sortir de ce bassin, l'aqueduc était supporté par un long massif de soutènement encore en partie visible. Il s'agit d'un long mur dont nous trouvons les traces le long du sentier qui se dirige vers la rivière.
Niveaux au sommet des vestiges :
- Près de la R. N. 359 :155,19
- A 3 m de la limite de la parcelle 70 : 154,32
- A l'extrémité ouest : 153,40.
Ce mur, en partie arasé, a encore par endroits une hauteur de un mètre, il n'en subsiste que le remplissage intérieur de pierres bleues tassées à la batte dans un bain de mortier blanc traversé par une arase de briques. Sa longueur est de 62 m et dépasse légèrement le niveau du sol à 64 m de l'axe de la route sur une longueur de 21 m. Il atteint ensuite une hauteur variant de 0,70 m à 1 m sur le reste de sa longueur, soit 41 m.



Vestiges du mur de soutènement à St Rémy.

A l'extrémité Nord Ouest de ce mur, le niveau du sol est à la cote de niveau 152,4. A l'aplomb de cette extrémité le niveau du conduit était proche de la cote niveau 155,7 soit 3,30 m du niveau du sol.


Plan 243 représentant le tracé du mur de soutènement et du pont aqueduc, les bassins,
le plan incliné et les 1ères piles du pont siphon.
Croquis du mur de St Rémy, JL Boucly
Croquis de René Jolin précisant les niveaux du mur de soutènement.

On sait que lorsque le mur portant le conduit dépassait la hauteur de 3 m au dessus du sol, les Romains lui substituaient des arches ( opus arcuatum ).C'était le cas de ce secteur d'aqueduc qui reliait l'extrémité du mur porteur au grand bassin de décantation.
Il était prolongé vu la dénivellation par un massif à arcade de 130 m environ de longueur. 31 piles devaient probablement maintenir l'eau jusqu'au niveau convenable. Seule la dernière a pu être dégagée. Elle est établie à 2,80 m de l'extrémité parementée du piédroit médian, dans le même axe. Une assise de pierres bleues bien taillées de 1,60 m sur 1,40 m faite de deux dalles ayant respectivement 0,29 m et 1,10 m. de largeur supporte une maçonnerie parementée de moellons taillés de face rectangulaire disposée à 8 cm en retrait de chaque côté. Cette pile a une section rectangulaire de 1,44 x 1,24. L'entraxe des piles implantées sur ce secteur était donc de 4,20 m soit 2,80 + 1,40 m.
Pas le moindre fragment de matériaux qui constituaient ces piles n'est visible sur la surface du sol. La totalité de la structure de pierres dont était constitué ce pont aqueduc a été démolie et disséminée. Pour favoriser les labours et faire en sorte de ne pas racler les moellons enfouis dans le sol, avec le soc de leur charrue, les cultivateurs les ont arrachés aussi profondément que possible.
Seule l'assise de pile décrite ci-dessus a été reconnue. Mais toutes les autres sont toujours ancrées dans le sol et peuvent aujourd'hui encore être exhumées.

Photo de la dernière pile avant les bassins (JL Bouchy)
Photo de la dernière pile avant les bassins (JL Bouchy)

Niveaux de l'Aqueduc.
1°) Entre le point 1 (plan 243) et le petit bassin supposé
- Distance entre ces deux point : 500 m.
- Pente : 0,763 m/km
- Niveau du radier au point 1 : 156,22
Niveau du radier du bassin : 155,83
2°) A l'arrivée aux bassins de charge et de décantation :
- Longueur du massif de soutènement : 170 + 130 = 300 m
- Pente normalement plus faible soit 0,543 m/km (pente la plus faible relevée).
- Niveau du radier : 155,65 environ.
Nous voyons donc que la dernière pile dégagée maintenait les eaux à plus de 7 m de hauteur puisque le niveau supérieur de sa fondation est à la côte 147,90. Ces petites piles devaient être bâties sans fruit, il semble que la largeur des soubassements a été calculée de manière à être égale à la moitié de l'ouverture de la voûte supportée soit 2,80 : 2 = 1,40 m. Quant à la section de la pile, sa longueur est exactement la même que la largeur totale de la canalisation souterraine de l'aqueduc soit 1,44 m.
* Donner du fruit" à une pierre consiste à la poser en donnant à sa face de parement un angle plus ou moins affirmé par rapport à la verticale. Cela a pour effet de donner un angle par rapport à l'horizontale à ses faces d'assise, le "pendage". Le fruit a plusieurs fonctions: il prévient le renversement du mur et distribue le poids des pierres vers l'intérieur du mur.

Bassins de charge et de décantation de l'aqueduc :
A - Présentation des vestiges (plan 244)
C'est à 2,80 m de la dernière pile dégagée, dans l'axe du mur de soutènement,
et faisant corps avec le pont aqueduc, que s'élevait un énorme réservoir dont les vestiges émergent encore, par endroits, à près de 3 m au dessus du niveau du sol.
Ce sont les ruines des soubassements des bassins de charge et de décantation de l' aqueduc .
(Il s'agit sans doute du soubassement du « bassin très profond de forme quarrée » dont parle J. De Bast dans son Second Supplément au Recueil d'Antiquité romaines et gauloises, Gand, 1813).
On y accède par un petit sentier qui, partant de la D 959, se dirige suivant un axe qui correspondait à celui du pont aqueduc.
Il gît aujourd'hui dans ce champ, dans un état d'abandon affligeant, totalement envahi de ronces, de plantes parasites et d'arbres dont les racines finiront par disloquer complètement les restes de cet antique vestige.
Ces vestiges sont formés au Nord d'un massif de maçonnerie de 12,20 x 7,45 dont le sommet est arasé à la côte 149,25 contre lequel sont appuyés trois murs parallèles de 8 m x 1,85 m distants les uns des autres de 3.32 m. Ces murs sont parementés sur leur épaisseur ce qui laisse supposer que ce sont les vestiges des piédroits de deux voûtes qui supportaient les bassins. A l'ouest le piédroit 1 est arasé à la côte 148,91 le piédroit médian 2 est arasé à la cote 149,26 à l'est le piédroit 3 qui borde la parcelle No 73 a son sommet actuel à la cote 148,80.

B - Interprétation des vestiges :
- Niveau du sol bétonné entre les piédroits : 147,45
- Sommet des vestiges : cote 149,26
- Ouverture des voûtes : 3,32 m environ
Largeur des piédroits : 1,85 m
Nous pouvons supposer que la flèche des voûtes était égale à la moitié de l'ouverture soit 1,66 m. La hauteur totale sous arc serait égale à l'ouverture augmentée de la flèche, soit 3,32 m + 1,66 m = 4,98 m. Le niveau de la clef de voûte serait ainsi à la cote 147.45 + 4,98 = 152,43 m.
Le radier des bassins aurait été approximativement à la cote 153,20, la hauteur d'eau supportée aurait été de l'ordre de 3 m puisque le niveau supérieur de l'eau à l' arrivée aux bassins était à la cote 156,13 (niveau du radier 155,65 + hauteur maximale de la veine d'eau, soit 0,48 m).
Nous pensons d'après la disposition des vestiges, que ces deux voûtes supportaient deux bassins rectangulaires parallèles, ils auraient eu chacun une largeur de 3,20 m environ et une longueur intérieure de 6,15 m.
Ces bassins auraient permis une double répartition de l'eau et par là une décantation plus grande, il était aussi plus aisé, dans ce cas, de procéder à la réparation de l'un d'entre eux sans arrêter pour autant l'écoulement de l'eau (pour la même raison, des conduites doubles avaient été aménagées sur le pont-aqueduc de Metz).


Bassin de charge et mur de St Rémy du Nord
Vue satellite de l'emplacement des vestiges du mur
et des bassins.

Des bondes de vidange devaient être placées dans le fond des réservoirs à cet effet, la stratigraphie des espaces compris entre les piédroits montre des couches de dépôts boueux qui ne peuvent provenir que des impuretés évacuées car elles n'ont pas été reconnues à l'extérieur des soubassements, elles ne peuvent donc pas provenir du dépôt de l'eau de ruissellement. D'ailleurs les eaux captées dans la région d'Eclaibes n'étaient que très faiblement calcaires mais assez limoneuses.
La particularité du réservoir de l'aqueduc de Bavay, consistait à l'existence d'un troisième bassin situé en aval du réservoir et occupant une position transversale par rapport à l'axe de l'aqueduc.
Ce bassin était également rectangulaire, mais beaucoup moins profond. Il reposait sur un énorme massif dont les vestiges culminent encore aujourd'hui à près de 3 m au dessus du niveau du sol.
Il faut noter ici, que ce bassin n'aurait pas eu de raison d'être si les ingénieurs romains avaient choisi de lancer un pont aqueduc à arches au dessus de toute la vallée.
Dans ce cas, comme pour le réservoir de Virgo, l'eau sitôt décantée aurait été canalisée en direction de Bavay.
Il faut également préciser, dans cette hypothèse, qu'à l'aplomb de la rivière, la hauteur du pont aqueduc aurait été de 30 mètres.
La présence de ce troisième bassin, témoigne donc de la volonté des hydrologues de faire franchir la vallée par un siphon.
Le problème auquel furent confrontés ces hydrologues fut de déterminer la hauteur à laquelle l'eau devait déboucher de ce bassin pour assurer une hauteur d'écoulement d'eau compatible avec le niveau du conduit du versant opposé.
Les eaux, une fois épurées, se déversaient dans ce réservoir supporté par un énorme bloc de maçonnerie, ce réservoir formait le bassin de charge de l'aqueduc. Un plan incliné adossé contre lui portait les canalisations de plomb qu'empruntait l'eau pour traverser la dépression de la vallée de la Sambre.
La disposition de ce système est peu commune. On comprend mal pourquoi l'ingénieur romain décida d'établir le dispositif à cet endroit, en l'implantant à une cote plus élevée on pouvait pratiquement supprimer les énormes soubassements qui furent nécessaires pour maintenir à cet endroit l'eau au niveau voulu. Tout se passe comme si l'ingénieur avait adopté en élévation le plan des citernes superposées, mais vu le débit moyen de l'aqueduc, il n'utilisa que l'étage supérieur pour y disposer des bassins échelonnés et réserva la partie inférieure pour une autre utilisation : l'évacuation des dépôts.


Les bassins de décantation et de charge vus par JL Boucly et ci dessous l'interprétation des vestiges de M. Gravellini.

Les bassins vus par Maurice Gravellini
Deux d'entre eux étaient rectangulaires, parallèles et profonds. Ils occupaient la partie amont du réservoir.
L'un d'eux, repéré A sur le plan N° 9 était raccordé au pont aqueduc et recevait la totalité des eaux du conduit.
Il communiquait avec le bassin repéré B par une ouverture disposée à la base du mur qui les tenait séparés.
Le niveau de l'eau dans les bassins repérés A et B était ainsi toujours à la même hauteur selon le principe des vases communicants.
L'eau se déversait ensuite systématiquement du bassin repéré B dans le bassin repéré C en franchissant un mur transversal séparant les bassins repérés B et C.
La hauteur de ce mur avait été fixée en fonction du niveau maxi à maintenir constant dans les bassins repérés A et B.
L'implantation du réservoir à l'emplacement qu'il occupe encore aujourd'hui à St Rémy du Nord, sur le versant droit de la vallée de la Sambre avait donc été définie en fonction de deux paramètres biens distincts.
D'une part, obtenir une décantation aussi efficace que possible au moyen de deux bassins profonds et bien dimensionnés .
D'autres part, assurer à la sortie du bassin transversal un niveau d'eau compatible avec le niveau du conduit du versant opposé.
Des vestiges de murs épais de 1,80 m délimitent encore la surface qu'occupait chacun des trois bassins.
Les deux bassins réservés à la décantation étaient longs de 6,15 m et larges de 3,20 m. Leur profondeur paraît avoir été de 7 m.
Des dimensions qui laissaient à conclure à une contenance totale de plus d'une centaine de m3 d'eau..

Les bassins de charge et de décantation de M. Gravellini

Décantation
Les particules lourdes dont l'eau était chargée à son arrivée dans le réservoir, descendaient par gravité et se déposait au fond du bassin A. Elles ne pouvaient remonter à la surface de l'eau même si elles parvenaient à passer dans le bassin B.
Les particules légères flottaient à la surface de l'eau et devaient périodiquement être écumées de main d'homme, ce qui laisse à supposer qu'un préposé à la garde du réservoir devait surveiller le bon fonctionnement du réservoir et écumer le niveau supérieur de l'eau du bassin A.
Ce procédé de décantation a toujours été appliqué par les Romains dans la plupart des aqueducs pour débarrasser l'eau de ses particules.
Témoin le réservoir de décantation de Virgo près de la Voie Latine, à proximité de Rome et qui aujourd'hui encore alimente la Fontaine de Trevi.
Une volonté toujours soutenue de procéder à la décantation sans pour autant rendre l'eau potable, dans le sens que nous exigeons de l'eau aujourd'hui. Ce qui ne s'imposait nécessairement pas à cette époque, si l'on se rapporte à la citation extraite du Misopogon pages 340 et 341 oeuvre de l'Empereur Julien dit L'Apostat (331 - 366) qui avait son palais à Lutèce, aujourd'hui Ile de la Cité, à propos de laquelle il écrivit:
"Je me trouvais l'hiver dans ma chère Lutèce . C'est le nom que le Celtes donnent à la bourgade des Parisiens. C'est une petite île au niveau du fleuve. Un mur en fait le tour complet. Des ponts de bois y conduisent des deux côtés. Le fleuve baisse quelquefois puis revient plus grand, mais la plupart du temps il reste le même en hiver et en été. Il fournit à qui le veut une eau très agréable et très pure à voir et à boire. Les habitants étant dans une île doivent s'y approvisionner en eau."
Etrange citation qui nous apprend que la pollution de l'eau était pratiquement nulle et que les populations de l'époque pouvaient s'approvisionner en eau dans nombre de rivières et même dans le Seine.

Vestiges des soubassements des bassins de charge et de décantation.
Blocage intérieur fait de lits de moellons bruts d'une épaisseur de 0,36 m séparés par des lits de tuffeaux de 0,18 m de hauteur, moellons et tuffeaux sont noyés dans un bain de mortier blanc. Il est à noter que ces couches de tuf sont disposées à intervalles réguliers de la même manière que les lits de briques dans un appareil à arase, ils ont en plus la même épaisseur.
I1 est traversé un peu au-dessus du niveau du sol par une arase de briques de 0, 18m environ d' épaisseur dont le sommet est à la cote 147,64 dans le piédroit 1. Elle est formée de fragments de tuiles et de briques (probablement des déchets qui subsistaient après la construction du canal maçonné) disposés en 3 lits superposés et noyés dans un bain de mortier rose d'une épaisseur égale à celle des tuileaux.
Les vestiges qui ont encore par endroits une hauteur de près de 3 m ne présentent que cette seule arase. Employée seulement en raison de son utilité, elle renforçait la solidité de l'ouvrage, empêchait l'humidité du sol de pénétrer dans le corps des murs. Le blocage ainsi que l'arase étaient recouverts par un parement de moellons taillés disposés en rangs alternés, ce sont des moellons de calcaire bleu piqués, de face rectangulaire de 12 cm sur 8 cm avec une queue en pointe de 20 cm. Nous remarquerons que les lits taillés avec soin sont nivelés par une couche de grains ovoïdes calibrés de briques et de grès vert. Les joints ont une épaisseur inférieure ou égale à 1 cm. Ils ont été évidés puis repris au mortier rose. Généralement le premier rang de moellons, au niveau supérieur de la fondation, est plus grossier.

Débris des voûtes et des réservoirs.
Nous avons trouvé dans les couches de démolitions des fragments de revêtement en opus signinum qui devait recouvrir les parois intérieures des bassins. Des pierres blanches de tuf sciés en moellons qui ont la forme de parallélépipèdes rectangles ne peuvent provenir que de l'intrados des voûtes effondrées. Vitruve, chapitre 6, livre 3, mentionne cette variété de pierres employée pour sa robustesse « ... In Venetia albus, quod etiam serra dentata utilignun secatur ... Tiburina vero et quae eodem genere sunt omnia sufferunt et aboneribus et a ternpestatibus injurias ».

Coupes dans les massifs de St Rémy par JL Boucly
Voir la coupe en grand format.

Coupe stratigraphique du sol compris entre l'extrémité parementée du piédroit médian
et la base de la dernière pile du massif de soutènement.

Coupe transversale dans l'axe des vestiges.
Nous trouvons au niveau inférieur une couche bétonnée au mortier blanc (E) qui recouvre le soubassement de la pile jusqu' à la cote 147,82 et le parement du piédroit jusqu'à la cote 147,52.
Une couche de béton (A) tapisse l'extrémité du piédroit 2, sa partie supérieure est à la cote 147,97, elle a 0,80 m. environ d'épaisseur. Elle est faite de pierrailles, de moellons taillés, de plaquettes de revêtement en opus signinum, de fragments de tuiles, de concrétions calcaires qui proviennent du dépôt de l'eau, noyés dans un bain de mortier terreux fort résistant. Nous trouvons la même couche à la base de la pile, elle en recouvre le soubassement ainsi que les vestiges de la maçonnerie qu'il supporte. Elle forme un bourrelet qui déborde du soubassement sur une largeur de 0,20 m.
Cette couche atteste une réfection de l'ouvrage, elle prolonge les couches A et A' qui occupent la partie supérieure des sols entre les piédroits (cf. infra).
La couche (L) se signale surtout par sa teinte noire due au charbon de bois qu'elle contient. D'une épaisseur de 0,10 m., elle s'étend au-dessus de la couche bétonnée (L). De plus, lorsque la couche (A) déborde sur la couche (E) une mince couche de charbon de bois les sépare.
Elle est constituée par du charbon de bois, par de l'argile, par du sable de fonderie, par des grains de mortier désagrégé. Elle contient une grande quantité de petits fragments de poteries, des scories vitrifiées que nous trouvons à tous les niveaux, des morceaux de plomb fondu.
Cette couche a été reconnue tout le long de l'extérieur du piédroit 3 (cf. infra). Les poteries qu'elle livre ont été brisées en menus fragments et éparpillées sur toute la surface aussi, nous n'en donnerons pas cette année l'inventaire, car chaque semaine de nouveaux débris viennent les compléter. Parfois elles présentent un grand état d'usure comme si, provenant d'une occupation plus ancienne, elles avaient été réutilisées pour amaigrir un revêtement d'argile. En règle générale, les types se rattachent à la période Tibère - Vespasien.
La couche (M) qui la recouvre est le témoin d'une réfection. Elle a livré des fragments peu nombreux de poteries, de beaux moreaux de garnissage vitrifiés, des débris de drains à collerette vitrifiés et déformés sous l'action de la chaleur qui ont peut-être été utilisés comme tuyère. Seule cette couche, reconnue elle aussi à l'extérieur du piédroit, a livré ces débris.
Enfin une couche de terre arable et de démolitions modernes recouvre la précédente sur une épaisseur de 0,40 m.

Coupe des espaces compris entre les piédroits 1 et 3
Entre les piédroits 1 et 2.
Niveau 147,45 : couche bétonnée au mortier blanc (E). Elle est assise sur un profond soubassement de moellons bruts noyés dans un bain de mortier blanc. Nous l'avons reconnue dans une tranchée qui avait été pratiquée, probablement au siècle dernier, le long du bloc de maçonnerie et qui était comblée par des démolitions. Nous sommes ainsi, descendus à près de l,50 m en contrebas de la couche bétonnée, nous n'avons pas encore rencontré le sol vierge.
- De 147,45 à 147,60 : couche d'argile compacte (D)·
- De 147,60 à 147,67 : couche bétonnée avec quelques tuileaux (C).
- De 147,67 à 147,78 : couche d'argile compacte (B).
- De 147,78 à 148,05 : (niveau supérieur du parement qui subsiste sur cette face du piédroit 2) couche bétonnée (A).
La partie inférieure de cette couche de 147,78 à 147,82 est formée d'un fin tuileau qui recouvre sur une épaisseur égale le parement du piédroit 2 du niveau 147,78 au niveau 148,05.
Le reste de la couche est formé de matériaux divers bétonnés dans un bain de mortier terreux. Il s'agit de moellons bruts, de moellons taillés, de fragments de tuiles, de plaquettes de revêtement couvertes de concrétions calcaires. On y trouve aussi des concrétions calcaires fortement feuilletées dont l'épaisseur peut atteindre 0,02 m ainsi que des stalactites de 0,08 m de longueur et de 0,02 d' épaisseur.
Il s'agit donc de matériaux qui proviennent pour une part du fond des bassins
(opus signinum avec dépôt calcaire), pour une autre part de l'intrados de la voûte (moellons et stalactites). De plus, le parement de cette face du piédroit 2 est recouverte du niveau 148,05 au niveau 147,78 d'une couche de concrétions calcaires dont l'épaisseur peut atteindre 0,02 contre laquelle cette couche de matériaux a été appliquée.
Il ne fait, dès lors, plus de doute que cette couche de calcaire, provient de l'infiltration de l'eau qui, suintant à travers l'intrados de la voûte, s'écoulait le long de cette face du piédroit 2, les stalactites auraient tapissé l'intrados de la voûte.
La couche (A) atteste donc une réfection de l'ouvrage. Nous y avons trouvé de nombreux tessons de poteries, des clous, des fragments de plomb. Un morceau de perle de collier ronde en gré bleu, un grand bronze de Trajan dont l'avers représente la tête de l'empereur ceinte d'un bandeau et portant l'inscription (T) Raianoavggerda (C) et dont le revers est fruste.
Entre les piédroits 2 et 3.
Niveau 147,34 : couche bétonnée recouverte d'un cailloutis d'une épaisseur de 0,06 m. (E') :
De 147,40 à 147,47 : couche d'argile compacte (D')·
De 147,47 à 147,64 : couche bétonnée avec quelques tuileaux (C').
De 147,74 à 147,91 : couche d'argile compacte (B').
De 147,91 à 147,95 : couche de charbon de bois mêlé à de la terre.
De 147,95 à 148,0 1 (niveau supérieur du revêtement de cette face du piédroit 3 (couche semblable à la couche (A).
Le parement de cette face du piédroit 3 est recouvert d'un dépôt calcaire du niveau 147,91 au niveau 148,01.

Photo des ruines des bassins de charge et de décantation. JL Boucly.
Photo des ruines des bassins de charge et de décantation. JL Boucly.

Maçonnerie des bassins dégagée par JL Boucly.
Parement des bassins dégagé par JL Boucly.

Conclusions:
1°) Niveau primitif du sol entre les piédroits : Couche bétonnée dont le niveau supérieur est à la cote 147,45 (E – E').
2°) Première couche de réfection : Couche de béton dont le niveau supérieur est à la cote 147,67 entre les piédroits 1 et 2 et à la cote 147,74 entre les piédroits 2 et 3. Réfection peu importante (C-C').
3°) Deuxième couche de réfection : Couches récentes bétonnées qui attestent une réparation importante. La longueur et l'épaisseur des stalactites indiquent qu'un long moment s'est écoulé entre la période de construction et celle de la réparation.
(4°) Couches d'argile : Les couches d' argile doivent provenir de l'évacuation des boues décantées dans les bassins.
Ainsi progressivement, jusqu'à la cote 148 environ, une partie des faces parementées des piédroits se trouvèrent-elles recouvertes. Ces parements d'excellente facture présentent des joints évidés et repris au mortier rose. Un tel soin apporté à la construction atteste que ces parties basses étaient primitivement aériennes.

Sondages à l'extérieur du piédroit 3, le long de la parcelle
En dégageant l'extérieur du piédroit 3, à 0,40 m de son extrémité parementée, nous rencontrâmes une couche de sable maigre de fonderie qui recouvrait une surface bétonnée.
Poursuivant nos recherches, nous mîmes à jour l'un de ses bords de I ,80 m de longueur disposé à 0,65 m du piédroit, parallèlement à lui. Avec l'aide de MM. Vaillant, Boulanger, Barbier nous dégageâmes une dalle bétonnée rectangulaire de 2,40 m sur 1,80 m faite de petits éclats de pierre bleue noyés dans un mortier blanc, bâtie dans l'argile vierge à un niveau très bas, approximativement celui de la fondation non parementée du piédroit.

Plan 261 , extérieur des bassins JL Boucly
Plan 261 , extérieur des bassins JL Boucly. Voir le plan au format PDF.

Nivellement de l'aire bétonnée:
Le plan donne les niveaux sur deux des côtés de cette dalle. On constate qu'elle n'est pas plane (niveaux variant de 147,16 à 147,06) sans qu'il soit possible de dire si les différences de niveau qu'elle présente ont été voulues ou occasionnées par des tassements du terrain sous l'effet des charges supportées.
Toute l'aire bétonnée était recouverte d'une couche de sable maigre de fonderie formant un garnissage compact de 0,20 m environ d'épaisseur dans lequel nous trouvâmes quelques poteries brisées.
A l'extrémité nord-est nous dégageâmes une goulotte de pierres jointives formant un canal de 1,60 m environ de longueur sur 0,20 m de largeur intérieure. Elle était comblée en surface par des démolitions puis par une couche de charbon de bois, le fond, constitué par des pierres et des briques taillées en pointe et posées à plat, dont quelques-unes étaient encore en place, était recouvert par une mince couche de mortier rose désagrégé et de sable fort brûlé dans lequel nous trouvâmes un fragment de plomb fondu, la hauteur du canal est de 0,10 m environ. Il est établi dans le sable de fonderie et son sommet n'en émerge que de quelques centimètres.
Les niveaux du dessus des pierres des parois varient entre 147,35 et 147,29, alors que le fond du canal, au débouché sur la dalle est à 147,25 environ. Il est impossible de donner sa pente.


Goulotte et dalle de coulée des plaques de plomb.
Goulotte et dalle de coulée des plaques de plomb.

Coupe stratigraphique.
Toute la couche de sable de fonderie était recouverte, sur une épaisseur de 0,10 m environ, de charbon de bois, de pierrailles, de fragments de poteries, le tout formant une couche homogène (L) que nous avions déjà rencontré à l'extrémité parementée du piédroit médian. ....


.... Dans l' angle N.O, la couche de charbon de bois était interrompue par un sol bétonné au mortier rose de 0,02 m d' épaisseur. Elle recouvrait le garnissage de sable maigre sur une largeur de 0,30 m et sur une longueur de 0.40 m environ.
Une couche de démolitions de l' époque romaine s' étendait au dessus, sur toute la surface, (M), reconnue, elle aussi, à l'extrémité parementée du piédroit médian. Enfin une couche de terres rapportées et de décombres modernes (H) recouvrait le tout.
Une fois l'aire bétonnée et la goulotte dégagées nous décidâmes de poursuivre la fouille jusqu' à la limite de la parcelle 73
En dessous de la couche superficielle de terre arabe (1-1) nous rencontrâmes un amas de moellons taillés et des pierrailles ainsi qu'un dépôt de maçonnerie désagrégée qui contenait un grande quantité de petites pierres de calcaire noir fort usées et arrondies en galets, des morceaux de briques qui présentaient le même aspect. Souvent de tels dépôts sont signalés à proximité des bassins de décantation, ils proviennent par le courant d'eau. Nous enlevâmes donc cette couche de décombres (M). Apparut en dessous une mince couche de charbon de bois, discontinue (L), Qui recouvrait un sol légèrement incliné vers la goulotte. Nous trouvâmes à sa surface une grande brique carrée en partie cassée de 0,50 m environ de côté, contre laquelle avaient été disposés de grands fragments d'un dolium. Des tessons de ce vase furent recueillis sur toute la couche.
Nous ne sommes pas descendus plus bas. Ce sol paraissait fait de pierrailles tassées dans un mélange de sable et d' argile. Nous proposons de l'étudier plus en détail dès que les terrains seront acquis.
A l'extrémité de la goulotte nous n' avons pas trouvé de trace d'un dispositif de fonte. La même couche de décombres (M) recouvrait un mélange d'argile et de sable.


Les ruines des bassins de charge et de décantation totalement recouvertes par la végétation à St Rémy du Nord .

*Sommaire*