- Page 28 des annales du comté d'Haynau publiées en partie en 1648, François Vinchant, écuyer, seigneur de Meuseken, prêtre séculier, protonotaire apostolique, historien et chroniqueur hainuyer né et décédé à Mons (12 février 1580 - 20 août 1635) signale la présence de vestiges de l'aqueduc encore très imposants.
FRANCOIS VINCHANT : " Vous y voyez, de plus, des aqueducs dignes de remarque, combien que ruinez, qui, commençant dans la ville, du costé de l’Abbaye d’Hautmont, s’estendent plus de trois lieues outre la Sambre, jusqu’à Fontaine-Florie, dont les murailles et colonnes se voyent encor en divers endroits et notamment au Vieu-Mesnil, qui sont si artistement cimentez et colez par ensemble qu’il est presque impossible de les rompre; ils se nomment par les habitants murs d’Ay-Du, qui vaut autant que conduit d’eau; car l’eau se nommait Ay par nos ancêtres et Du signifie conduit. L'on voit encor audit Fontaine-Florie une Fontaine, près de laquelle sont les ruines des anciens bastiments, faits par les romains ".
Vinchant en attribue la construction à Marc Agrippa, gendre de l'Empereur Auguste dans les dernières décennies précédent notre ère.
Annales du comté d'Haynau.
- L'Ingénieur géographe Claude Masse né en 1652 à Combloux (Haute-Savoie) et mort à Mézières le 26 mai 1737 a également écrit sur l'aqueduc dans son mémoire sur Bavay en 1731.
CLAUDE MASSE ….mais il est sans
contestation que Bavay a été très fameux au 1er siècle, puisqu'en 1731 que moi,
Masse, je levais la carte de ce pays-ci, j 'ai reconnu en divers endroits les
vestiges d'un aqueduc, qui conduisait les eaux de la fontaine de Floursies, qui
est à plus de 10.000 toises de Bavay, et ou il y a trois sources considérables.
Ce qui est sûr c'est qu'on découvre en divers endroits, dans les terres hautes,
le sommet des voûtes de l'aqueduc, que le vulgaire appelle buises, surtout à
l'Hermitage du bois de Louvignies, marqué à la carte 28 ; l'on a défait ces
voûtes depuis quelques années ; mais au village du Vieux-Mesnil 33, qu'on a
marqué au profil ci-joint de la lettre D, il reste tout à l'entrée à l'Est de
l'Eglise, au bord d'un grand chemin, quantité de morceaux de gros murs de cet
aqueduc, bâti d'un excellent mortier de sable graveleux que l'on allait chercher
loin. Les parties et massifs de ces murs étaient fondés sur pierres brutes. Dans
d'autres parties, où le terrain baissait, on voit des fondations de piles
d'arcades. Au bout de ce village, du coté du Sud, au commencement d'une grande
plaine, il y a aussi les vestiges d'un grand mur, où passait cet aqueduc.
(Apparemment que c'étaient quelques portiques allant du village du Vieux Mesnil
à celui de Boussières) (1). (1) On a marqué sur la carte de
Bavay le canal ou route de l'aqueduc jusqu'à la rivière de Sambre, (autant qu'on
l'a pu découvrir) par une ligne de points rouges doubles et l'on a mis sur cette
carte les lettres aussi en rouge B. C. D. E. I et G pour que l'on ait une idée
des endroits où cet aqueduc passait par rapport aux vestiges que l'on découvre
aux différents endroits. On y voit paraître le sommet de cet
aqueduc, qui s'enfonçait entre ces deux villages, dans terre en quelques
endroits, pour attraper le niveau de 8 à 10 pieds, à ce que disent les habitants
; et dans les vallons, il y avait apparemment des arcades dont les fondations
ont été entièrement arrachées. Mais au commencement du village de Boussières,
marqué 34, l'on trouve, à la partie la plus haute, beaucoup de vestiges en
descendant du côté de la Sambre et un grand nombre de ces piles, qui étaient,
communément de 18 à 20 et 22 pieds de distance. Les dés de ces piles ou massifs
avaient 7 à 8 pieds de largueur, et l'on en voit encore des vestiges de
fondations jusqu'à la rivière de la Sambre, 38. Dans la partie la plus basse,
qui est en prairies, j'ai vu l'emplacement des piles, dont un paysan m'a assuré
avoir aidé à achever d'arracher les fondements, il y a quelques années, et il en
reste encore à hauteur du rez-de-chaussée. Cet aqueduc passait devant l'église
du village de Boussières 34, où il y a encore beaucoup de fondations. On voit, à
peu près au milieu de la rivière de la Sambre, au chiffre 38, le reste d'une
pile, qui déborde de 2 ou 3 pieds la superficie de l'eau et que l'on dit être
d'une, maçonnerie très dure. Au sommet du petit côteau de l'autre côté de la
rivière paraissent au chiffre 38 les vestiges d'un gros mur, qui était la
continuation de cet aqueduc, d'où commençait, selon toute apparence, le pont et
arcade qui portait le conduit et canal jusqu'aux vestiges des arcades sus-dites.
Il aurait pour le moins 30 pieds de hauteur. C'est une absurdité et une
ignorance des gens du peuple de dire que cet aqueduc passât sous la rivière. Ils
donnent pour raison qu'il y a de la maçonnerie, qui était la fondation d'une
pile à l'autre, ou bien, les débris de l'aqueduc, qui sont tombés dans le fond
que le peuple n'avait pas pu arracher, ce que l'on a été obligé de faire, quand
l'on a rendu, la Sambre navigable. Il est incontestable que dans tous les
endroits bas et dans les vallons, qu'il y coule un ruisseau ou non, les
constructeurs de l'aqueduc avaient fait des arcades pour conduire l'eau de
niveau, surtout au fond du château d'Audignies 32, et à celui au Nord du village
du Vieux-Mesnil 33, où il passe un ruisseau. Mais l'on ne voit point de vestiges
des piles, parce que le peuple, pour profiter des terres qu'elles occupaient,
tant prairies que labourables, ont tout arraché. Les parements de ces piles
étaient de grais en forme de moëllons piqués, de 6 pouces de hauteur et 4 pouces
de plat sur 7 à 8 pouces de queue plus ou moins, avec des bandes qui les
traversaient de 2 à 3 briques ou carreaux plats d'environ 8 pouces de longueur
sur 71/2 de largeur et un pouce d'épaisseur. Il se trouve à Bavay et dans ses
environs des carreaux de terre cuite de 15 pouces de longueur sur 10 de largeur
et 2 d'épaisseur, avec quoi était bâti cet aqueduc. Il était entremêlé de
boutisses et panneresses, de même que de bandes ou chaînes plates de ces dites
briques dans la construction des piles massives de cet aqueduc, aussi bien
qu'aux murs du château et aux autres édifices. C'était la véritable manière dont
construisaient les Romains dans leurs ouvrages publics, comme j'ai vu en
différents endroits de leurs amphithéâtres et murs de ville ; car ils ne se
fiaient pas beaucoup à la solidité de la pierre de taille, qui est sujette à se
dégrader et à s'éclater. Il se trouve pourtant, en différents endroits, de
grosses pierres bleues et grises, autour de Bavay, surtout beaucoup de grès, à
l'Est de cette ville et le long de la rivière de l'Hogneau, dont les anciens
auraient pu se servir et dont ils ont fait tous leurs parements et murs de
ville. A l'égard des dimensions de
l'aqueduc, je n'en dirai rien de positif qu'au rapport des ouvriers, qui ont
aidé à en défaire des parties. On en a mis un plan à la figure 3, à la colonne à
droite, et le profil à la figure 4. Il avait ordinairement 3 pieds de hauteur,
17 a 18 pouces de largeur ; les murs des côtés mesuraient 3 pieds de hauteur, 17
à 18 pouces de largeur ; les murs des côtés mesuraient 3 pieds d'épaisseur ; le
canal était recouvert par une grosse pierre bleue ou de grès de 5 à 6 pieds de
longueur sur un pied d'épaisseur. Le pavé était fait de gros carreaux de terre
cuite ou de briques toutes d'une pièce, avec un petit ourlet aux extrémités, sur
lequel portait un enduit d'un excellent ciment, fait de briques et de cailloux
pilés, de sable graveleux détrempé avec une excellente chaux faite de pierres
dures, puisque l'on a beaucoup de peine à défaire cet enduit, qui est plus dur
que la pierre même. Ce canal était porté sur un massif de maçonnerie excellente
de pierres brutes dures ; les pierres baignaient dans un bon mortier fait de
sable, de gravois et de pierres broyées, toute la masse portée sur une saule de
pierres brutes, enfoncée plus ou moins, selon que le terrain le requérait, pour
conduire l'eau de niveau. C'est à-dire avec une pente raisonnable, depuis sa
source 44 jusqu'à Bavay, où l'on découvre encore, les vestiges du canal ou
conduit, qui écoulait les eaux des bains et réservoirs dans le ruisseau de
Louvignies. Je n'assure point positivement ces dimensions, n'en ayant vu que des
parties par-ci par-là ; le surplus n'est que sur le rapport des gens du pays..."
Carte de Bavay réalisée en 1731 par Claude Masse. Voir le plan en
grand format.
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