Source Gallica, Bulletin de la Commission historique du département du Nord - 1866, et annuaire statistique du département du Nord - 1836 (textes numérisés)
Bettrechies, noms anciens : Bertrecies, 1179, Cart. de l'église de Cambrai. - Bietrechies, 1186, J. de G. Ann. du Hain., XII, 339. - Bietrechies, 1320, 2e Cart. du Hain. - Betterchies, XVe siècle. - Betersy, Betenchy, XVIIe siècle, Documents topographiques. - Betrechies, 1740.
Faits historiques : Village donné, en 646, par sainte Aldegonde, à l'abbaye de Maubeuge, qui y posséda des biens et des droits féodaux jusqu'en 1789.
En 1186, il formait une paroisse du décanat de Bavai. Il a toujours été compris dans la prévôté de cette ville.
Dans un exposé des griefs commis, en 1303, par les habitans de Valenciennes, depuis les trêves conclues entre les comtes de Flandre et de Hainaut, il est fait mention de Bauchard, roi des Ribauds, de Valenciennes, qui, avec beaucoup d'autres personnes, prit du blé que Pierre Donkesne avait préparé pour le comte ; de Werri Li Fivres et Jean Mote, de Bettrechies ; de Jean du Pont Noiron et Jean Diernouville, qui prirent du blé à Jean Zinghen, à Bettrechies.
Les armes de Bettrechies sont celles de Ferry de Haynin, seigneur de Bettrechies, mort au siège d’Ostende, qui était le 4° enfant de Charles de Haynin (né en 1567) seigneur de Gussegnies et de Frémicourt et de Louise de Ruelin, dame d’Eth et de Florines, fille d’Antoine Ruellin, seigneur dudit lieu, et de Barbe de Waha, dame de Florines à Liège.
La population de Bettrechies est de 304 habitans, dont 53 reçoivent des secours du bureau de bienfaisance.
La superficie totale de son territoire est de 334 hectares, ainsi divisés : 262 en terres labourables, 11 en près, 20 en terrains plantés, 6 en bois, 3 en jardins, 19 en houblonnières, 3 en contenance des propriétés bâties, 7 en routes, chemins, et 3 en rivières et ruisseaux.
La culture ordinaire de Bettrechies est le froment, le seigle, l'orge d'hiver, l'orge d'été, le houblon, l'avoine et les fèves. Sa culture principale est le froment et le houblon.
Il existe dans cette commune une platinerie et un four à chaux.
La Météorite de Bettrechies.
Anecdote : Le lundi 26 novembre 1934, vers 20h35 une météorite est tombée dans un champ de la commune de Bettrechies, au lieu-dit les Sarts, à quelques dizaines de mètres seulement de la frontière belge. Le corps céleste a été découvert par Oscar Saussez, propriétaire du champ. Le trou en forme d'entonnoir faisait environ 80 cm de profondeur, et la masse principale de cette météorite à chondrite pesait 8425 grammes. Deux jours après l’impact, elle avait disparu. Une équipe du Muséum d’histoire naturelle royal de Belgique parviendra à récupérer sur place des morceaux de la météorite, mais pas le fragment principal. Quelques mois plus tard, il sera finalement restitué anonymement au laboratoire de géologie de l’Université de Lille par un groupe d’adolescents qui l’avait « emprunté » peu de temps après l'impact. En 1998, l’objet est à nouveau perdu avant d’être retrouvé un an plus tard dans une armoire d’un bureau de l’Université des Sciences et Techniques de Villeneuve-d’Ascq. Elle est aujourd'hui au muséum d'histoire naturelle de Lille.
Gallica BnF, Société Géologique du Nord (1935) Page 5
La chute d'un aérolithe dans la région de Bavay. par René Marlière.
Le lundi 26 novembre 1934, vers 20 h.35, les populations des régions de Charleroi, Mons, Bavay, Maubeuge, ont été mises en émoi par un bruit comparable à celui d'une violente explosion, accompagné d'une vive lueur que la nuit rendait infiniment perceptible. On peut dire que toutes les personnes qui se trouvaient en dehors des habitations dans des espaces découverts ont perçu et la lueur et le bruit, ce dernier plus ou moins prolongé peut-être par des échos successifs. Je puis affirmer que, dans la région de Mons au moins, des enfants ont été pris de peur, ceux qui se trouvaient dehors entrant dans les maisons, ceux qui y étaient abrités s'enfuyant.
Plusieurs observateurs favorablement placés ont vu nettement une masse lumineuse (disque, boule, obus, etc.) décrivant une trajectoire très inclinée, parcourant le ciel dans le sens Est-Ouest et prenant la direction: de Bavay, a-t-on pu préciser aux environs de la frontière franco- belge.
De Liège, M. Léon Charrier me fait parvenir un témoignage très curieux et très objectif, absolument concordant avec tout ce que j'ai pu enregistrer jusqu'alors : « Lundi 26 courant, à 8 h. 40, en me promenant sur le quai St-Léonard à Liége, j'ai aperçu sur ma gauche, loin en avant dans le ciel nord, ciel hollandais certainement, un point lumineux qui filait à l'instar, des étoiles filantes. En moins de temps qu'il me faut, pour le dire, je me rendais compte qu'il s'agissait d'un autre corps. Ce point lumineux se traduisait en une tramée lumineuse qui me paraissait longue de 4 à 5 mètres, en forme de cône allongé. La queue en pointe et fine sur une certaine longueur gardait la lueur blanchâtre des étoiles ; le corps dont la base me semblait large de 40 à 50 cm et qui filait en avant était d'un rouge feu bordé de bleu. L'inclinaison n'était pas très forte... Il me semble, si le point d'atterrissage est aux environs de Maubeuge, que la trajectoire à travers la Belgique serait Turnhout-Maubeuge sans pouvoir préciser bien entendu. Je l'ai vu sur une grande longueur du trajet, ce qui a été parcouru en fort peu de temps, ce qui veut dire qu'il filait très vite et qu'il était très haut encore au moment où je l'ai aperçu ».
Je bornerai ici l'exposé des observations faites le lundi 26 novembre 1934, le jour de la chute.
Le lendemain, les journaux locaux ont rapporté les faits de façons très
concordantes quant à l'heure et aux phénomènes sonores et lumineux ; mais les
commentaires ont été beaucoup plus divers : mystérieuse explosion d'un
gazomètre, d'une poudrière, des usines de Tertre, d'un dépôt de munitions... ;
coup de grisou dans un charbonnage...; chute d'un obus, d'une bombe, d'un avion,
d'un aérolithe. Devant l'évidence des faits, toutes ces hypothèses, sauf la
dernière, furent vite abandonnées. En compagnie de M. J. Houzeau de Lehaie, président de la Société des naturalistes de Mons et du Borinage et avec le concours d'amateurs bénévoles, j'ai mené une enquête aussi rapidement que possible. ....
Localisée sur la place du village, la fontaine de Bettrechies témoigne d’une époque ou l’eau courante à domicile n’existait pas… Celle-ci a été construite entre 1831 et 1913, comme en témoigne les cadastres anciens. Comme tous édifices ayant perdus leur fonction première
(on ne puise plus l’eau à la fontaine depuis bien longtemps) la fontaine avait souffert du temps, du manque d’entretien régulier et des réparations inadaptées au mortier de ciment.
Encadrés par un formateur en maçonnerie traditionnelle et un architecte du patrimoine, les travaux ont été réalisés dans le cadre d’un chantier de formation aux techniques d’entretien et de restauration du bâti ancien, par 4 agents techniques venant des communes Bavay, Bettrechies, Dimechaux et Orsinval. A raison de 2 jours par semaine entre le 15 septembre et le 3 novembre 2011, les
"stagiaires" ont appris la maçonnerie brique et le pavage à la chaux naturelle.
Le travail réalisé est conséquent : reconstruction du mur de soutènement en brique à 80%, remise en état des 2 bassins en eau, reprise des marches d’accès et restitution du pavage disparu. Les ouvriers ont travaillé à la chaux naturelle, particulièrement adaptée aux milieux humides et aux matériaux anciens. Ils ont également adopté une logique écologique et économique : l’utilisation de matériaux d’occasion, qui assurent, en plus, une patine naturelle à la fontaine.
Les joints ont retrouvé leur couleur jaune sable, observée sur les constructions rurales des alentours du XIXe siècle ayant gardées leurs joints chaux d’origine. Les agents ont également participés à un stage
"pavage" au Centre de Formation des Métiers du Patrimoine à Amay en Belgique et ont pu échanger avec des agents belges confrontés aux mêmes questions en matière de restauration.
Bettrechies s’est lancé au XIXe siècle, comme ses voisins Bellignies, Hon-Hergies et Gussignies, dans l’exploitation du marbre et de la pierre bleue. Dans cette région, le sous-sol regorge de marbre de différentes natures : "noir moucheté"; "noir amande" ; "noir boule de neige" ou " Saint-Anne, marbre gris vert foncé". Si aujourd’hui, toute activité a pratiquement disparu, le patrimoine architectural témoigne de l’utilisation de la pierre pendant plus d’un siècle. A commencer par l’imposante carrière à ciel ouvert. Il y avait trois façons d’extraire la pierre, soit par attaque à flanc de coteau ; soit en creusant à ciel ouvert ou par galeries souterraines. Exportés, ces matériaux servaient aussi dans la construction des édifices locaux, une façon pour les villageois travaillant dans les carrières de montrer leur savoir-faire. Ainsi dans l’église Saint-Martin, l’escalier hélicoïdal menant aux cloches possède de belles marches en pierre. Les chasse-roues, les abreuvoirs et même les piquets de clôture sont réalisés en pierre. La plupart des habitations de Bettrechies emploient la pierre qui se marie admirablement avec la brique. La pierre servait également au mobilier intérieur : au gré des fortunes des propriétaires se construisaient des éviers en pierre, des salles de bain en marbre, des revêtements de sol en dalles de pierre bleue ou de marbre noir, des cheminées, des pendules… Enfin, dans les fermes, la pierre bleue, imperméable, permettait de réaliser des auges, des abreuvoirs, des caniveaux et même des box de chevaux.
..... J'ai été amené à me rendre à Bettrechies (en France, près de Bavay), au voisinage de la frontière française, où le bruit et la lueur ont été perçus par la population, notamment par les douaniers se trouvant en service le soir du 26 novembre. Dans une prairie perdue au milieu d'une campagne dénudée, M. Saussez, agriculteur, aurait observé un trou inconnu auparavant ayant le « volume d'un seau », s'engageant obliquement dans le sol glaiseux jusqu'à une profondeur de 60 cm. environ, et au fond duquel était un corps grisâtre, d'aspect sphérique, qu'il n'a osé toucher. Aussitôt il a manifesté l'intention de faire part de sa trouvaille aux autorités ; il s'est rendu au village, et lorsqu'il est revenu quelques heures après.... le trou était là, encore tout frais, mais l'objet grisâtre avait disparu.
Que s'est-il passé ? Je n'en sais rien exactement. Les gendarmes sont venus sur les lieux et ont fait une enquête dont l'effet le plus clair fut de mécontenter une partie de la population et d'engendrer une crainte injustifiée. Le détenteur du « corps du délit » (s'il y a délit), qui ne nourrissait vraisemblablement aucune intention malhonnête, a eu peur du jugement public, des gendarmes, de la Justice.
En admettant que l'aérolithe soit effectivement tombé à Bettrechies dans la propriété de M. Saussez, et qu'il ait été enlevé par un inconnu, un dilemme reste posé : ou le détenteur tient l'objet soigneusement caché (et nous devons au nom de la Justice et de la Science, lui donner toutes facilités pour soulager sa conscience), ou il s'en est débarrassé, et notre attitude doit être toute de clémence et de gratitude s'il nous aide à retrouver le prétendu bolide.
Quoi qu'il en soit, je conclus en ces termes :
1°) Les phénomènes lumineux et sonores accompagnant habituellement la chute d'un aérolithe ont été enregistrés: entre Charleroi et Bavay, le 26 novembre, à 20 h. 35 environ.
2°) Un corps lumineux a été aperçu dans le ciel, parcourant une trajectoire peu inclinée, dirigée grossièrement Est-Ouest.
3°) Le point de chute de l'aérolithe serait aux environs de Bavay, vraisemblablement à Bettrechies.
4°) Aucun fragment authentique n'a été soumis à mon examen, jusqu'à présent.
5°) Etant donné les circonstances rappelées plus haut, je pense qu'il serait utile d'entreprendre de nouvelles recherches à Bettrechies et aux environs immédiats en assurant aux personnes qui aideraient à découvrir l'aérolithe récemment tombé : incognito, impunité, forte récompense.
6°) Pour souligner le caractère strictement scientifique de l'entreprise, j'aimerais que seul fût mis en cause un Institut scientifique du pays, par exemple le Laboratoire de géologie de l'Université de Lille, 23, rue Gosselet, à Lille.
En terminant, j'adresse de vifs remerciements à toutes les personnes et aux autorités qui m'ont aidé à recueillir des témoignages et des observations. J'ai la ferme conviction que « l'aérolithe de Bettrechies » sera un jour offert à leur contemplation..
Page 39.
M. P. Pruvost fait la communication suivante :.
Présentation d'un aérolithe de la Collection du Musée Gosselet par R. Marlière et P. Pruvost.
M. P. Pruvost rappelle la communication de M. R. Marlière sur la chute d'un aérolithe dans la région de Bavai le 26 Novembre 1934 (1) et l'enquête faite par ce dernier sur les lieux de la chute. A la suite de cette communication et de la note publiée dans la presse locale, plusieurs gros morceaux ont été remis de façon anonyme, le 25 Janvier 1935 au Laboratoire de Géologie. Leur poids total dépasse 10 kilogr. Il s'agit d'une météorite du type sporadosidérite et du groupe magnésien, de la classification de M. Lacroix. M. P. Pruvost présente ces échantillons de la part de M. R. Marlière à la Société Géologique, avant qu'ils soient remis à M. A. Lacroix, professeur au Muséum, qui a bien voulu se charger d'en faire l'étude..
Le Président de la Société adresse ses félicitations à M. R. Marlière, grâce aux recherches duquel la majeure partie de cet échantillon a pu ainsi être retrouvée..
(1) Voir la note de R. Marlière du 16 janvier 1935, p. 5
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