La Salle Sthrau


Joyau de l'Art-Déco


à Maubeuge

Le tambour Sthrau

Du 27 juin 1620 au 20 octobre 2018
4 siècles d'Histoire de la salle Sthrau


4 Rue Georges Paillot, 59600 Maubeuge
GPS : N50.278079 E3.972194


Maubeuge, La salle Sthrau après restauration.
Façade de la salle Sthrau: Les murs extérieurs et le
mur-pignon, sont en brique avec soubassement
et chaînage en pierre de taille.

Elle sera désacralisée et convertie en bâtiment communal lors de la Révolution Française.
Son clocher fut incendié en 1814 par les bombes autrichiennes. Rebaptisée salle Sthrau, en hommage au tambour Sthrau tombé lors de la bataille de Wattignies en 1793 elle servira d'écuries pour la garnison, de magasin, de caserne, et de musée.
Durant le siège de Maubeuge en septembre 1914, alors qu'elle accueille le musée, une bibliothèque et une salle de musique, elle est en grande partie détruite par les bombardements allemands. Lors de l'incendie, toutes les collections du musée installées à l'étage seront détruites.
En 1925, la ville décide de reconstruire une salle des fêtes dans cette enveloppe de pierre dont seuls les murs subsistent, Pour effacer ces stigmates, la ville confie aux architectes maubeugeois Jean et Henri Lafitte le défi de reconstruire et de sublimer l'édifice. Ils créèrent deux niveaux, avec la salle de musique au rez-de-chaussée et la salle de bal à l'étage desservie par un escalier monumental. Elle fut ouverte au public le 6 novembre 1927. Dès lors, nombreux seront les maubeugeois qui profiteront, durant le XXème siècle, des couleurs chatoyantes et du riche décor lors des concerts, bals et autres manifestations culturelles. L'édifice a échappé miraculeusement à la destruction de la ville de Maubeuge pendant la dernière guerre et constitue un exemple unique de l'expression de l'Art-déco.

Maubeuge, La salle Sthrau, le vitrail de la porte
La joueuse de lyre, ferronnerie dessinée par Laffite.

Maubeuge, La salle Sthrau, la verrière.
La verrière posée en 2003 fait office de puits de lumière.

La salle Sthrau à Maubeuge, un des angelots du portail.
Un des angelots du portail.

Maubeuge, La salle Sthrau, le chevet de l'ancienne chapelle
Le chevet de l'ancienne chapelle.

Maubeuge, La salle Sthrau plaque de laiton gravée
La salle Sthrau avant les travaux
Vidéo à 360°

La maison des jésuites de Maubeuge doit sa fondation à Françoise Bruneau, veuve de Hugues Bourgeois, seigneur de Lieubois, chevalier, bailli général des chanoinesses. La ville de Maubeuge, qui les avait demandés avec instance, les reçut le 17 juin 1616, les dota, et leur accorda diverses immunités. Leurs classes, pour l'instruction de la jeunesse, furent ouvertes le 1er octobre suivant. Les premières pierres de l'église furent posées le 27 juin 1620, par François Wander Burch, archevêque de Cambrai, Christine de Bernaige, abbesse de Ste Aldegonde, Antoine de Winghe, abbé de Liessies, Nicolas de La Croix, abbé de Maroilles, Gaspar Hanot, abbé d'Hautmont, et M. d'Assignies, prévôt de la ville.
Cette église ayant eu comme maître d’œuvre le frère jésuite belge Jean du Blocq, fut bénie par l'archevêque, François Wander Burch, le 4 août 1624.

Maubeuge, La salle Sthrau avant sa restauration.
La salle Sthrau avant sa restauration.

La salle Sthrau à Maubeuge, niche.
Portail en pierre bleue à colonnes surmonté d'une niche
avec pilastres, encadré de volutes et surmonté d'un
fronton brisé où est inséré le blason comportant
le monogramme IHS.
Maubeuge, La salle Sthrau, Le blason de la Compagnie des Jésuites
Le blason de la Compagnie des Jésuites ayant subit les outrages du temps, sa restitution s'avérait nécessaire.
Elle a été réalisée en pierre bleue.
Maubeuge, La salle Sthrau avant 1914
L'entrée de la salle Sthrau avant 1914.

Le projet consistait à diviser le volume initial et d'employer du béton armé pour les planchers et la charpente Le décor est réalisé par Jean Paul Lafitte, fils de Jean Lafitte. Le relevé de l'état existant date de 1922 et le projet de réaménagement de mars 1923, approuvé en décembre 1923 par le conseil municipal qui accorde une subvention de 614 470 francs. Les travaux sont terminés en 1929.
Protection MH
- Façades et toitures : inscription par arrêté du 4 novembre 1958.
- Intérieur, salle de bal, salle de musique, foyer, escalier d'honneur et décors : inscription par arrêté du 1er décembre 1997.
La salle Sthrau est classée au titre des Monuments historiques depuis 2002.

Maubeuge, La salle Sthrau plaque de laiton gravée
Deux plaques en laiton placées dans l'entrée retracent l'historique de la salle Sthrau.

De sa rénovation en 1927, jusqu’à sa fermeture au public en 1998, pour raisons de sécurité, ce patrimoine d’exception a marqué par sa majesté les nombreuses personnes qui l’ont fréquentée. Le 21 mars 2017, la commune de Maubeuge et la Fondation du Patrimoine se sont associées pour signer une convention lançant officiellement une campagne de mécénat populaire. Cette opération de financement participatif a eu pour but de récolter des fonds au profit de la restauration de la salle Sthrau à Maubeuge, édifice atypique mêlant architecture religieuse et profane.
Les travaux se sont déroulés en 3 temps :
– la consolidation des fresques
– la reprise du clos couvert et la mise aux normes
– les restaurations des décors
Le montant du projet s’élève à 5 millions d’euros.
Commencée en 2016, la rénovation de la salle Sthrau a nécessité environ dix huit mois de chantier et ce sont quinze entreprises, principalement spécialisées dans la restauration du patrimoine, qui sont intervenues pour que la Salle Sthrau retrouve sa splendeur d’antan, les compagnons du devoir ayant en charge de retranscrire le plus fidèlement possible l’esprit du lieu.


Maubeuge, La salle Sthrau, Le mur du fond voûté en cul-de-four
Le mur du fond voûté en cul-de-four, n'est autre que l'abside de la chapelle originelle.

Maubeuge, La salle Sthrau, la voûte.
La salle est couverte d'une voûte en berceau à caissons et d'une coupole en forme d'ellipse, de 12m sur 7.

Maubeuge, La salle Sthrau, le vitrail de la façade.
Le vitrail de la façade.
Salle Sthrau à Maubeuge, tableau de la salle de musique
Un des tableaux de la salle de musique.

Maubeuge, La salle Sthrau, fresque


Maubeuge, La salle Sthrau, fresque
Pour commémorer le second traité d’Aix-la-Chapelle signé le 18 octobre 1748, un feu de joie eu lieu
à Maubeuge dans la nuit du 23 février 1749. La fresque en est la représentation.

Ci-dessous la fête Mabuse, en l'honneur du peintre Jean Gossaert, originaire de la ville.
Ces peintures portant l'inscription Lafitte 1927 avaient été restaurées une première fois en 1960.
Les photos sont prises de la salle de bal et de la coursive.
Maubeuge, La salle Sthrau, fresque


Maubeuge, La salle Sthrau, fresque



Maubeuge, La salle Sthrau, danseuse
Maubeuge, La salle Sthrau, gravure

Ces deux gravures situées de chaque côté de l’escalier, ont été creusées à même l’enduit. Elles représentent un joueur de lyre et une danseuse. Les fontaines et les lignes de fleurs qui en jaillissent forment des effets de symétrie.
Le stuc est un enduit composé de plâtre ou de poussière de marbre et de colle donnant l’aspect du marbre, tout en étant beaucoup plus simple à travailler.

Maubeuge, La salle Sthrau, salle de musique
Le vestibule donne accès à la salle de musique, pièce rectangulaire de 10 m sur 18 environ.
Plafond à caissons en stuc.
Maubeuge, La salle Sthrau, tableaux


Maubeuge, La salle Sthrau, tableaux
Les murs sont décorés d'une série de panneaux peints.
Ci dessous, ceux situés au dessus de l'entrée.
Maubeuge, La salle Sthrau, tableaux


Maubeuge, La salle Sthrau, les décors
Les décors, rampes d'escalier, représentant la Tragédie et la Comédie, le treillage de la voûte du foyer et les luminaires sont en ferronnerie,
Maubeuge, La salle Sthrau, les luminaires
Les masques sont omniprésents

Maubeuge, La salle Sthrau, les motifsDécor de la balustrade.

Ils ont travaillé dans le respect du matériau (ferronnerie, céramique ou verre) pour redonner son faste d’antan au décor. La restauration de la coupole emblématique de la salle, a nécessité une collaboration internationale, les verres utilisés ayant voyagé depuis le Brésil, la Roumanie ou la Russie.
De leur côté, les restauratrices d'art ont redonné leurs couleurs et leurs formes aux tableaux, par petites touches, avec précaution. La salle continuant de livrer des secrets, des ferronneries bleues, un motif peint sur un mur ont été mis au jour grâce à la restauration.
Ces merveilles, ce sont les ouvriers du chantier, tous corps de métiers confondus, qui sont les premiers à se les (ré)approprier. À commencer par les éléments de décor qui ont tous été déposés et transportés en atelier pour restauration. Cela passe par l’entièreté des vitraux, passés entre les mains des maîtres-verriers, mais aussi les imposants miroirs partis à la capitale pour être rafraîchis. Le nettoyage des peintures de la salle de musique via la suppression de couches successives de vernis noircis a révélé des couleurs vives. Pour les protéger de la poussière et des vibrations, ces peintures décoratives ont toutes été recouvertes par du papier japon, connu pour ses propriétés hautement protectrices.

Ci-contre: la coupole de la salle de bal forme une ellipse de 12 x 7 m. Elle est composée de 365 pièces de verre en référence aux 365 jours de l’année, et représente les rayons du soleil cachés derrière des nuages.
Maubeuge, La salle Sthrau, la verrière
La verrière de la cage d'escalier.

En travaillant sur le remplacement des pierres et des briques trop abîmées, les maçons ont extrait des poutres qui servaient de soutènement. Pour la petite histoire, ils se sont aperçus qu’elles avaient conservé les traces de l’incendie qui a ravagé et détruit l’édifice en 1914, lors des bombardements allemands.
Un superbe escalier d’honneur dessert les différents niveaux. Dans la salle de bal, deux grandes fresques murales habillent les murs. Le panneau de gauche est inspiré d’un feu de joie qui se tint à Maubeuge dans la nuit du 23 février 1749 pour célébrer la délivrance de la ville lors du traité d’Aix-la-Chapelle, nous apprend l’ouvrage "La construction moderne". L’autre panneau représente une fête locale qui se célèbre chaque année en souvenir du vieux peintre Jean Gossaert, dit Mabuse.

Maubeuge, La salle Sthrau, le foyer
Le foyer.

Le foyer et la salle de bal sont situés au premier étage, séparés par la cage d'escalier, qui est couverte d'un plafond vitré, d'une coupole en verre et ferronnerie et de voûtes en berceau transversaux. L'ensemble de la structure est en béton. Le foyer est couvert d'une voûte en berceau, décorée d'un treillage et de fleurs en ferronnerie, dont les boutons sont des ampoules, et éclairé par une verrière percée dans le pignon.
La salle Sthrau a été rouverte au public à l'occasion de la Fête du livre jeunesse le 20 octobre 2018 ouvrant ainsi une nouvelle page de l'histoire de ce joyau de l'Art Déco.

Maubeuge, La salle Sthrau, la coupole

Un important travail de ferronnerie a également été mené. C’est ainsi que des sondages ont été réalisés pour déterminer les teintes d’origine des fameux garde-corps de la salle de bal, située à l’étage. Tout laissait à penser que la teinte noire était celle d’origine, sauf qu’en réalité elle était d’un bleu assez vif d'où l'obligation de trouver la couleur se rapprochant le plus possible de la teinte primitive. Pour retrouver les volumes d’origine de la salle de musique, située au rez-de-chaussée, les ouvriers ont démonté entièrement le sous-plafond de la scène. Le plancher, supprimé, a laissé apparaître un trou béant où sera installée la future centrale de traitement d’air. Des tranchées sont actuellement en train d’y être creusées pour permettre cette installation.
Dans l’Atrium, à l’étage, deux voûtes ont dû être restaurées, car les anciens matériaux étaient trop fragiles. Enfin, les anciens sanitaires ont été transformés en loge, de même qu’un espace a été créé pour l’installation d’un ascenseur.
L’échafaudage de la salle de bal à l’étage a permis aux entreprises d’accéder à la verrière, et au plafond en stuc restaurés eux aussi. Les anciennes peintures ont été grattées et une sous-couche préparatoire blanche a été posée sur les murs et la voûte avant que ne soient reposées les couleurs et décors définitifs.

Maubeuge, La salle Sthrau, masque
Maubeuge, La salle Sthrau, masque

Quatre visages de Jean qui rit et Jean qui pleure sont dans l’escalier mais aussi sur la coursive de la salle de bal.
Les visages sont cette fois-ci travaillés de manière plus massive entourés de pommes de pin, symbole très fort de l’art nouveau. On retrouve également le motif de la spirale, faisant référence à la coquille de l’escargot.
L’art déco se distingue par l’omniprésence du fer forgé que l’on retrouve dans l’escalier, les lustres, les torchères, jusqu’aux détails des grilles d’aération…

Maubeuge, La salle Sthrau, dessin du tympan
Le tympan lumineux. Décoré d'une danseuse,
il est en fer forgé et sépare le vestibule de la salle de bal.
Plan dessiné par Laffite. Voir en grand format
Maubeuge, La salle Sthrau, dessin du tympan

On peut apercevoir juste au-dessus de la porte menant à la salle de bal une danseuse en tutu qui semble nous accueillir. Il s’agit d’un verre sablé déposé sur le tympan sur lequel est maintenu le personnage de la danseuse.
Celle-ci tient dans ses mains deux masques de la Tragédie et de la Comédie, rétroéclairés de couleur verte et rouge.
A l’époque, l’éclairage et la couleur servaient à informer les gens qu’ils pouvaient rentrer ou non dans la salle de bal.

Maubeuge, La salle Sthrau, escaliers


Maubeuge, La salle Sthrau, luminaires


Maubeuge, La salle Sthrau, escaliers


Maubeuge, La salle Sthrau, coupole


Salle Sthrau à Maubeuge, plans du Frère Jean Du Blocq - année 1620
Collège de Maubeuge, projet d'ensemble du rez-de-chaussée, y compris l'église.
Dessin, plan : auteur Frère Jean Du Blocq - année 1620. Source Galica BnF.
Plan PDF

Le bonus de cette page, un diaporama musical de 40 photos.
Le diaporama consacré à la salle Sthrau

Des visites guidées sont désormais organisées par l'Office de Tourisme de Maubeuge.
Renseignements au 03 27 62 11 93

Partager *La salle Sthrau, IV siècles d'Histoire* sur Facebook.


Textes extraits d'articles parus dans la Voix du Nord, la Fondation Patrimoine, la base Mérimée,
et Cameracum Christianum ou histoire ecclésiastique du diocèse de Cambrai, par M. Le Glay, 1849

Retour vers le site : Villes et villages de l'Avesnois

*Haut de page*