Source Gallica, Bulletin de la Commission historique du département du Nord - 1866, et annuaire statistique du département du Nord - 1837 (textes numérisés)
Féron, noms anciens : Ferwon, 1140, Cart. de l'abb. de Liessies. - Ferwon, 1167, Bulle du pape Alexandre III. - Ferron, 1167, Cart. de l'abb. de Liessies. - Féron, 1186, J. de G., ann. du Hain. XII, 339. - Feron, 1247, Cart. de l'abb. de Liessies. - Fiéron, 1323, 3e Cart. du Hainaut. - Féron, Ferron, commencement du XVe siècle, tarif des droits de Winage. - Le Féron. - Le Ferron, doc. divers.
Monuments : Anciennes usines à fer. Restes d'une redoute construite par le comte de Mansfeld au XVIe siècle et détruite au XVIIe.
Eglise dont la tour, percée de meurtrières, porte la date de 1614.
Château du Pont-de-Sains ne conservant des constructions élevées dans le XVIIe siècle que des souterrains et la porte d'entrée, flanquée de deux petites tours rondes surmontées de toits aigus.
Ce château, qui appartient à M. le prince de Talleyrand-Périgord, est construit près d'un vaste étang, dans un vallon, au milieu d'une masse considérable de bois. Ses jardins offrent d'agréables promenades et ses appartemens méritent d'être visités.
Fontaine minérale ferrugineuse, dit Fontaine-Rouge.
Faits historiques : Thierry, comte d'Avesnes, ayant, en 1095, fait reconstruire les bâtiments de l'abbaye de Liessies, donna aux moines qu'il avait établis dans ce monastère la terre de Féron et divers autres biens.
En 1186, Féron est une paroisse du décanat d'Avesnes à la collation de l'abbaye de Liessies.
Compris, en 1212, dans la baronnie d'Etroeungt, éclissée de la terre d'Avesnes, par Gauthier II, en faveur de Bouchard, son frère cadet.
Charte consacrant les libertés communales, octroyée aux habitants, en 1248, par Jean 1er d'Avesnes et Alix, sa femme.
A suivi depuis lors les destinées de la terre d'Etroeungt.
L'église de Féron fut incendiée, en 1636, par l'effet des évènemens de la guerre qui avait lieu à cette époque entre la France et l'Espagne.
Les Espagnols, ayant échoué devant Calais, en 1657, revinrent sur leurs pas. Arrivés au Câtelet le 27 juillet, ils le quittèrent le lendemain pour aller camper à Englancourt ; ils vinrent de là à Féron le 8 août et se retirèrent le 10 près de Mariembourg.
Avant la révolution, Féron était régi par la coutume du Hainaut.
Depuis 1684, il faisait partie du gouvernement militaire d'Avesnes; il ressortissait au baillage et à la subdélégation de la même ville.
En 1790, il fut compris dans le canton d'Etroeungt et, en l'an X, incorporé dans celui de Trélon.
La population de la commune de Féron est de 639 habitans, dont 85 indigens secourus à domicile et 10 mendians.
Sa surface territoriale consiste en 1325 hectares ainsi divisés : 333 en terres labourables, 442 en prés, 10 en terrains plantés, 488 en bois, 6 en étangs et terrains incultes, 5 en superficie de propriétés bâties, 37 en routes, chemins, et 4 en rivières et ruisseaux.
Sa culture ordinaire est le blé, l'épeautre, le seigle, l'avoine et le trèfle. Sa culture principale est l'épeautre et l'avoine.
Sa principale industrie est l'agriculture.
Les seuls établissemens existant dans la commune de Féron sont : une brasserie, un moulin à blé et une fabrique de bonneterie.
Hameaux et lieux dits : Le Château du Pont-de-Sains. Le Buisson Barbet. La Masure. Le Trou de Féron. La Rue Heureuse. Les Bruyères. La Cense. La Frasnoy. La Fosse Madame. St.- Nicolas. Bellevue. La Fontaine Rouge. Les Bois du Grand et du Petit Fresseau.
L'Adoration des Mages, toile restaurée en mars 1995. Il s'agit d'une copie inversée de la gravure que réalisa L. Vorsterman. L'original est conservé à la collégiale Saint-Jean de Malines (Belgique).
Au XIVe siècle, les moines de l’abbaye de Liessies étaient propriétaires de nombreux autels de la région, dont celui de Féron. Pour entretenir leurs biens, églises paroissiales, moulins à eau, granges, forêts, herbages et cultures, les religieux créèrent un impôt ecclésiastique appelé la dîme. Les taxes étaient perçues sur les fruits des arbres, les légumes du jardin, la laine des moutons, le lait des vaches, la récolte des champs, le bois des forêts, etc. Un régisseur civil était nommé et habitait dans la dite grosse ferme. Sur une clé de voûte est gravée 1722, date de la reconstruction.
Le clocher de l’église fortifiée est un énorme donjon carré percé de meurtrières. Sur le haut de la tour, qui était crénelée, des tirants de fer datent de 1614. Un escalier étroit et hélicoïdal de cinquante quatre marches difformes permet d’atteindre l’emplacement des quatre étages habitables. Une association locale du patrimoine religieux a financé de nombreux travaux dont la restauration et la protection des dix vitraux ainsi que la réfection du calvaire situé dans le cimetière voisin. A l’intérieur, une peinture représente l’Adoration des mages, copie de l’Ecole de Rubbens. Au sol, des pierres tombales rappellent la présence de maîtres de forge du Pont-de-Sains. Les églises de Féron, Fontaine au Bois et Floyon sont les 3 seules églises fortifiées habitables de la Thiérache du Nord.
Sur le mur de l’église, une pierre tombale du vieux cimetière nous rappelle le décès de Dom Lambert Bécart, un des quatre derniers religieux de l’abbaye de Liessies qui termina sa vie de curé à Féron. Nicolas Joseph Bécart naquit à Bousies le 15 janvier 1764. Il n’était que diacre en 1790 et on l’appelait Frère Lambert. On le trouve, après le Concordat, vicaire à Poix-du-Nord en 1806, à Landrecies en 1810, curé de Taisnière-en-Thiérache en 1817 puis de Féron en 1822. Il mourut le 23 décembre 1829.
Cette statue fut érigée en 1984 sur la place du village pour mémoriser le 4e célèbre festival des Féronades. De 1978 à 1988, les week-ends du 15 août des années paires, dans les granges ou étables, les organisateurs réunissaient des peintres et artisans au travail. Dans l’église, sur la rue ou encore dans un cabaret se rassemblaient des musiciens pour d’inoubliables concerts. Ce violoniste de 970 kg de bronze est la réalisation de l’artiste sculpteur Yves Lohé. Depuis 1996, une autre équipe organisatrice nommée Les Féron-Arts, continue la tradition estivale.
En 1097, les moines de Liessies étaient propriétaires à Féron du moulin à farine, situé derrière l’église. Sur un linteau de pierre est gravé 1601, date d’une restauration. En 1806, le maire autorisa monsieur Mandron à construire un bâtiment le long du vieux cimetière.
Le Château démoli était situé sur Sains du Nord, alors que les communs rehaussés en 1828 sont sur le territoire de Féron. Le château de Charles Talleyrand-Périgord fut démoli vers 1905. Après son décès en 1838, sa nièce la duchesse de Dino hérite du domaine, et le transmet à sa fille, devenue par mariage la marquise de Castellane. En 1925, Gaston Dubois-Waast, brasseur à Denain, achète la propriété. En 1941, Marcelle de Peretti, son épouse, est la dernière propriétaire privée. Depuis 1975, la Maison des Enfants de Trélon réalise d’énormes travaux pour un Centre d’Aide par le Travail, connu sous le nom de la Ferme du Pont-de-Sains.
La Fontaine rouge à Féron. La couleur de cette eau jaunâtre a son histoire. Elle fut analysée dès le XVIIIe siècle par Raullin, médecin du roi, puis en 1810 par Tordeux, apothicaire à Avesnes. Il fut reconnu que cette eau possédait toutes les propriétés des Eaux de Spa et de celles du Mont-Dore en Auvergne, mais ses particules ferrugineuses qu’elle contient et son faible débit la rendent difficilement exploitable.
En raison de la qualité de ses eaux, une station thermale devait être créée à Féron. Deux architectes Jean Lafitte et Louis Cordonnier, en 1904-1905, avaient un projet de construction d'un hôtel-casino au lieu-dit
" La Fontaine Rouge ", dénommé Royale-Féron. Un édifice de 6 étages, une façade de 80m de long et de 20m de profondeur, ainsi qu'une salle de spectacle sur les terrains de Messieurs Divry et Pourbaix. Pour mener a bien l'opération, il fallait réunir la somme de 1 200 000 francs or de l’époque, chose faite aux deux tiers sous forme de souscription. Malheureusement, ce projet fut abandonné au profit de Saint Amand les Eaux.
À la fin des années 1980 et au début des années 1990, des Américains se sont aussi intéressés à l'eau de La Fontaine Rouge puis désistés.
Gallica : Notice historique sur la terre seigneuriale et sur les seigneurs d'Etroeungt, par Lebeau Isidore... mise dans un nouvel ordre et considérablement augmentée, par Michaux aîné - 1859.
pages 32, 33 et 34
La Fontaine rouge.
A l'extrémité sud du territoire de Féron, se trouve une fontaine d'eau minérale qui a reçu des habitants le nom de Fontaine rouge. On lui attribuait autrefois plus d'efficacité contre les obstructions qu'aux eaux de Spa et qu'aux boues de Sainl-Amand; mais, depuis, elle a perdu dans l'opinion beaucoup de sa vertu.
L'eau qui en découle et la boue qui l'environne ont été analysées plusieurs fois par des médecins et des chimistes. Elles l'ont été, vers le milieu du siècle dernier, sous les yeux du docteur Raullin, médecin du roi et inspecteur des eaux minérales du Haînaut, et, il y a quelques années, par M.Aug. Tordeux, d'Avesnes, dont le rapport est inséré dans les Annales de Chimie, tome LXXII, no 215.
L'eau, en sortant de terre, soulève un gravier fin. Elle est limpide, inodore, et a une saveur un peu ferrugineuse. A commencer à un pied et demi de la source, tous les corps qu'elle mouille sont recouverts d'un dépôt ocreux, tenu d'abord en dissolution par l'acide carbonique, qui, se dégageant quand il arrive à la surface de la terre, laisse déposer des matières qu'il tenait dissoutes. Cette eau rougit un peu la teinture de tournesol; elle trouble l'eau de chaux; elle précipite par le muriate de baryte, par le nitrate d'argent, par l'oxalate acide de potasse, par le sous-carbonate de potasse. Par l'infusion alcoolique de noix de galle, elle prend une légère teinte violette, et finit par se noircir (1).
Cette fontaine sort du milieu d'une prairie isolée, au bas d'une petite hauteur et d'un trou central perpendiculaire extrêmement profond, mais envasé jusqu'à la superficie de la prairie. La surface de ce trou est de trois pieds de longueur sur un pied et demi de largeur, de figure irrégulière. L'eau, qui est d'un goût ferrugineux, est agréable à boire, et sans odeur.
Quoique l'usage de cette eau minérale fût en vogue depuis de longues années, et qu'on en vînt chercher de l'intérieur de la France, cette fontaine a été négligée jusqu'en 1769. M. Faussabry. la fit arranger pour en rendre l'accès plus facile. Ce subdélégué présenta plusieurs projets à MM. les intendants et à la cour. Mais il fallait former des établissements qui eussent pu faire tomber le crédit des eaux et boues de St-Amand, où il y en a de tout faits; d'autant plus que les médecins.... ont prouvé la supériorité de celle-ci sur celles de St-Amand.
Il résulte de plusieurs expériences que cette fontaine minérale de Féron a beaucoup de propriétés semblables à celles du Mont-d'Or en Auvergne, et qu'elle a la même analogie que les eaux de Spa, quoique dans un degré de vertu supérieur.(2).
(1) E.-J.-B. Bouillon, Essai sur les eaux minérales naturelles et artificielles, page 208. (A. J. M.)
(2) Mémoire manuscrit du XVIIIe siècle.
S'il ne nous appartient pas d'établir de comparaison entre les eaux de Spa, les boues de St-Amand, l'eau et la boue de la Fontaine-Rouge, les révélations des maîtres de la science nous autorisent du moins à croire que, avec les mêmes commodités, les mêmes agréments, le même régime, et, si l'on veut, les mêmes prestiges, elles auraient toutes la même efficacité.
Depuis quelques années, l'aspect de la Fontaine-Rouge a changé. M. Moutier, propriétaire de la pâture dans laquelle sourd la source, l'a fait renfermer dans un massif de maçonnerie, d'où l'eau est jetée, par une gargouille, dans un bassin circulaire en belles pierres bleues.
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