Source Gallica, Bulletin de la Commission historique du département du Nord - 1866, et annuaire statistique du département du Nord - 1836 (textes numérisés)
Etroeungt, noms anciens : Strata Duronum, Itinéraire d'Antonin et Carte de Peutinger. - Struum, 1104, Inventaire des chartes de Liessies. - Estrun, 1106, Le Carp. Pr. II, 86. - Estruen, 1150, Inv. des chartes de Liessies. - Estruem, 1152, cart. de l'abb. de Liessies. - Estruen, 1167, id. - Estroen, 1238, 1er cart. du Hainaut. - Estrun, 1248, Charte de Jean 1er d'Avesnes. - Estroen, 1249, cart. de Liessies. - Estroeun. 1283, St.-Genois, Mon. anciens, 233. - Estroeng-le-Cauchie, 1428, Archives de l'Empire, K, 544. - Estruen-le-Caulchie, 1415. - Estroen-le-Caulchie, 1470. - Estroes, 1477, Molinet, chron. ch. 42. - Estrueng-le-Caulchie, 1502. - Estroeng-la-Caulchée, 1552. - Etroeng-la-Caulchée, 1566. - Etroen. - Estrun. - Etroeun. - Estroeun, 1566 , acte de Marguerite de Parme. - Estrun Chaussée, 1648, Vinchant, Ann. du Hainaut. - Estroeng-la-Chaussée, 1695. - Estroeng, 1725, acte de l'Intendant du Hainaut, de Vastans, - Etroeungt-la-Chaussée, XVIIIe siècle.
Monuments : Des restes de maçonneries, des médailles et des vases romains trouvés à différentes époques, près de la chaussée qui conduisait de Bavai à Reims, ont fait reconnaître, sur le territoire de ce village, l'emplacement de la mansion romaine désignée sous le nom de Duronum, dans la Carte de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin.
On a trouvé, en 1812, dans les fouilles qui furent faites chez un habitant d'Étrœungt, un tombeau dans lequel était un faisceau de clefs courtes, dont les anneaux étaient d'une largeur démesurée, et une médaille frappée en l'honneur de deux jeunes espagnols, dont l'un expira en apprenant la mort de son ami, tué en 1650, au siège de La Capelle. L'épitaphe de ces deux soldats est dans l'église d'Avesnes.
Un autre tombeau fut découvert, en 1819, dans le voisinage de ce lieu , près de la chaussée romaine. Il renfermait une urne renversée et des armes couvertes de rouille.
Un souterrain et quelques ruines, aujourd'hui enfouies sous le sol d'une prairie, sont les seuls vestiges qui indiquent le lieu qu'occupait le château de Bouchard d'Avesnes, dont les matériaux servirent à élever, dans le XVe siècle, un blockaus pour la défense de cette localité.
De la ferme désignée sous le nom de Court-des-Moines, qui appartenait à l'abbaye de Liessies, on ne retrouve plus qu'une pierre, portant le millésime 1464 et ces mots : « En Dieu te fie Fourvie » enchassés dans la muraille d'une maison voisine de l'endroit où s'élevait ce bâtiment.
L'église bâtie en 1570, éprouva, depuis lors, divers sinistres qui nécessitèrent de sérieuses réparations; elle possède une clochette fondue en 1549 et qui provient, selon les uns, de l'abbaye de Liessies, et selon d'autres, de la maladrerie d'Avesnes.
Faits historiques : En 1104, la possession de l'autel d'Étroeungt fut confirmée à l'abbaye de Liessies. En 1186, il formait une paroisse du décanat d'Avesnes ; sa cure demeura à la collation de ladite abbaye jusqu'à la révolution.
Etroeungt fit partie de la terre d'Avesnes jusqu'en 1212; le seigneur Gauthier II l'en détacha alors et en forma, en y ajoutant les villages. de Féron et Larouilles, une seigneurie particulière.
Par lettres du 8 mars 1238, Gautier, seigneur d'Avesnes, donna à Bouchard, son frère, et à ses hoirs, la terre d'Estroen (Etrœungt) avec ses dépendances et 300 livres à recevoir annuellement sur le vinage, le forage, le tonlieu et la halle d'Avesnes.
L'empereur Bauduin, partant pour la croisade, avait confié Marguerite de Flandre, sœur de la comtesse Jeanne, à ce même Bouchard d'Avesnes, qui était chantre de l'église de Laon et chanoine de celle de Tournai. Bouchard, quoique sous-diacre, enleva Marguerite, sous promesse de mariage, et l'épousa. Sur les plaintes de la comtesse, le pape Innocent III excommunia ce sous-diacre et lui enjoignit de faire satisfaction à la comtesse en quittant Marguerite. Bouchard, loin de déférer à ces commandemens, sollicita une dispense des ordres et la permission de garder Marguerite; mais Honorius, successeur d'Innocent, réitéra l'excommunication aux instances de la comtesse, et ordonna à l'archevêque de Rheims de sévir contre lui. Rien ne put intimider Bouchard. Innocent lui avait prescrit pour pénitence d'aller à Jérusalem après avoir quitté sa femme et de rester dans l'état ecclésiastique. Il fit en effet le voyage, mais à son retour il s'attacha de nouveau à Marguerite, dont il avait deux fils, et se retirant au château d'Etrœungt, que Gauthier, son frère, lui avait cédé, il dit qu'il aimerait mieux endurer les plus grands supplices que de quitter son épouse. Il ne put cependant la conserver longtemps. On l'arrêta à Gand en 1218 (1) et il eut la tête tranchée à Rupelmonde. Ses enfans, Jean et Bauduin d'Avesnes, furent légitimés, et, en 1246, mis en possession du Hainaut. Marguerite ayant épousé en secondes noces un Dampierre, les enfans qui naquirent de ce mariage eurent la Flandre (2).
La seigneurie d'Etroeungt fut possédée successivement par plusieurs membres de la famille d'Avesnes; elle passa ensuite à la maison de Bourgogne, puis a celle de Croy, et retourna au seigneur d'Avesnes en continuant, toutefois, à former un fief particulier qui eut titre de baronnie.
(1) Ce ne peut être en 1218, puisqu'il reçut en 1238 seulement, de Gauthier, son frère, le don de la terre d'Etrœungt.
(2) Lelong , Histoire du diocèse de Laon.
En 1241, Gobert d'Étrœungt, qui combattait dans l'armée de l'empereur Othon, fut fait prisonnier par les Français à la bataille de Bouvines.
Le sieur de Montigny, en 1243, voulant couper les vivres aux habitans de Valenciennes révoltés contre Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, fut défait près d'Etrœungt.
Jean et son épouse Alix accordèrent, en 1248, aux habitants de cette terre, une charte communale en 51 articles, et, en 1295, Jean II leur accorda, "par recognoissance nastale", des franchises et des privilèges importants, qui leur furent confirmés, en 1315, par Guillaume, comte de Hainaut.
La terre d'Etrœungt fut donnée, en 1283, par Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, à Florent son frère. La princesse de Morée, veuve de ce dernier, en 1297, fut reçue par Huon de Chatillon, comte de Blois et seigneur d'Avesnes, à l'hommage de cette terre qui,
huit ans après, en 1305, passa à la duchesse d'Athènes, fille de Florent d'Avesnes et de la princesse de Morée.
Ce village, situé sur la frontière de France, fut, à diverses époques, brûlé, dévasté et pillé. Louis XI y séjourna avec son armée, en 1477, avant le siège d'Avesnes.
En 1543, attaquée par les Français, la forteresse qui défendait le pont fut emportée d'assaut, et la garnison, forte de 300 hommes, passée au fil de l'épée; de 1552 à 1554, l'armée française le dévasta tellement, qu'on avait cessé d'y tenir les marchés et les foires habituels ; ils furent rétablis, en 1566, par Philippe de Croy.
De 1635 jusqu'au traité de Nimègue (1678), époque à laquelle la terre d'Etroeungt fut cédée à la France, elle eut à subir les plus grands désastres.
La reine Marie de Médicis, se rendant en exil coucha à Étroeungt, le 19 juillet 1631.
Le baron d'Estroeng, qui servait dans un régiment espagnol, fut fait prisonnier, en 1650, à Hanapes, près d'Aubenton, par un corps de troupes françaises.
Avant 1789, Étroeungt ressortissait du gouvernement et de la subdélégation d'Avesnes ; en 1790, il fut désigné comme chef-lieu d'un canton composé de six municipalités et, en l'an X, il fut compris dans le canton d'Avesnes-Sud.
En 1793, l'armée française, aux ordres du général Jourdan, traversa Étrœungt, venant de Guise et se rendant aux positions de Dourlers et Wattignies, où elle gagna la bataille connue sous ce dernier nom.
Le 16 juin 1815, Napoléon, précédé de la garde impériale, passa également dans le bourg d'Étrœungt, se dirigeant sur la frontière.
Le duc d'Orléans possédait, avant la révolution, la baronie d'Etrœungt, avec les paroisses de Féron et Larouillies. Les habitans de ces trois villages étaient exempts de tous droits domaniaux et autres impôts établis par les criées de Mons, ainsi que du contrôle des actes et des courtiers-jaugeurs, inspecteurs aux boissons et aux boucheries, droits d'usage , etc.
La juridiction de cette baronie était une prévôté, ressortant directement du parlement de Flandre.
Etrœungt dépend aujourd'hui de la justice de paix du canton d'Avesnes-sud. Il est le chef-lieu d'un décanat et d'un bataillon de garde nationale.
Il y a une foire qui commence tous les ans au 12 novembre et dure trois jours ; un franc-marché le premier jour de chaque mois et un marché hebdomadaire tous les jeudis.
Dix-sept hameaux dépendent de ce bourg, dont la population totale est de 1987 habitans, y compris 297 indigens et 11 mendians. Cette population n'était que de 1390 en 1803.
La superficie de ce territoire est de 2471 hectares, dont 907 en terres labourables, 1399 en prés, 17 en vergers, 25 en bois, 1 en carrières, 10 en landes, 15 en bâtimens , 82 en routes et chemins, et 15 en rivières et ruisseaux.
On y récolte le froment, l'épeautre, le seigle et l'avoine. Son produit principal est l'épeautre.
Etrœungt possède des carrières importantes de pierres à bâtir qui occupent un assez grand nombre d'ouvriers. On y fait le commerce de lin. Il y existe en outre plusieurs fabriques de tissus en laine, fil et coton, 2 brasseries, une tannerie, une clouterie, une teinturerie, une filature de coton et 3 moulins à farine.
Hameaux et lieux dits : Arbroy. Aulnoy. Basse-Boulogne. Buffle. Cloussy. Cantraine. La Folie. Grand Bois. La Hayette. La Mi Route. Mesnil. Montorgueil. Orniaux. La Pérée. Petit-Bois. Pré-Benson. Quatre-Maisons. Roteleux. Tatimon. Tout-Vent. Warpont. La Carrière du Parc.
Ancien moulin hydraulique à farine, il a été construit sur un site de toute beauté près du hameau de Tatimont. Il est bien rare de ne pas y rencontrer quelques pêcheurs venus jeter leurs lignes dans l’Helpe Mineure. Du pont, vous pourrez découvrir une rivière ayant conservé son caractère naturel et authentique.
L’Église a été reconstruite en 1570. Un incendie en 1744 et un ouragan en 1774 la dégradent sérieusement, mais elle est restaurée en 1776.
En 1865, on plaça de magnifiques vitraux aux trois fenêtres du fond du chœur. Celui du centre représente la copie exacte de la célèbre descente de croix du fameux peintre Rubens. L’Église possède au total quatre autels dont deux du XVIIIème consacrés à la Vierge et à Saint Martin. En 1880, elle fût de nouveau restaurée intérieurement.
A l’origine, la tour formait un porche qui s’avançait. Vers 1930, les bas-côtés sont prolongés pour s’arrêter au niveau du portail.
Étrœungt possède plusieurs fontaines et des lavoirs publics. Celui situé au centre du village, construit en pierre bleue locale, n'est accessible que par trois petits sentiers piétonniers. L'eau qui y coule est toujours de belle qualité et limpide. Elle est sans cesse renouvelée grâce à un bon débit.
Au pied du Bourg, à côté de l’Helpe Mineure, jaillissaient de nombreuses sources. L’une d’elles a été aménagée en lavoir par Jean Proteau, ancien grognard de Napoléon, qui est maire entre 1826 et 1837.
Nous sommes en pleine Thiérache, pays de bocages. Tout autour du village, fermes dispersées, hameaux, herbages, haies, bosquets se succèdent sur un sol vallonné pour nous faire découvrir de magnifiques paysages verdoyants. Des sentiers de randonnées ont été aménagés pour les découvrir.
L’ancien moulin. Sa conception démontre qu’à l’origine c’est un ancien moulin à farine. En 1839, il devient une filature de laine. En 1898, une société (dont les actionnaires sont des gens du pays) en fait l’acquisition et lui fait produire de l’électricité. Étrœungt est de ce fait électrifié très tôt (avant Fourmies par exemple). Son activité cesse en 1939.
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