Source Gallica, Bulletin de la Commission historique du département du Nord - 1866, et annuaire statistique du département du Nord - 1836 (textes numérisés)
Dompierre sur Helpe, noms anciens : Villa de Dono Petri, 1151, cart. de l'abbaye de Liessies. Dono-Petro, 1162, Miroeus III, 342. Villa de Domno-Petro, 1167, cart. de l'abbaye de Liessies. Dompetrus, 1169, cart. de l'abbaye de Maroilles. Domna-Petra, 1246, 1er cart. du Hainaut. Domppierre, 1290, cart. de Liessies. Dampierre, 1349, Pouillé de Cambrai. Don-Pierre, Miroeus III, 342. Don-Pierre-lès-Avesnes, Vinchant. Dompierre, 1641, acte féodal de la pairie d'Avesnes.
Monuments :
L'église actuelle, commencée en 1604, par l'érection du clocher et de la grande nef sur un terrain voisin du prieuré de l'abbaye de Liessies ; augmentée en 1767 de deux nefs latérales, ne reçut son complément qu'en 1791, par la démolition d'un mur qui la séparait de l'ancienne chapelle du prieuré, dont la construction remonte au XIIIe siècle ; l'oratoire des moines en devint alors le choeur. L'architecture de cette partie de l'édifice atteste l'époque de sa construction ; elle est ornée de boiseries sculptées d'un travail remarquable et provenant de l'église des Récollets d'Avesnes. Épitaphes de quelques membres de la famille de Préseau, morts au château d'Hugemont, dans le siècle dernier. Ce château, qui présente quatre tours, fut bâti en 1610 et entièrement restauré et embelli de nos jours.
Le monastère d'Etton existait encore à la fin du 11e siècle, mais il n'était plus qu'un simple bénéfice que Guillaume de Dompierre donna, en 1162, à l'abbaye de Liessies, avec Dompierre, qui dépendait alors de l'église de Fussiaux. (altare de Fiscau cum appendilio suo Dono-Petro... Miroeus, III, 342)
La donation fut approuvée par Nicolas de Chièvres, évêque de Cambrai, sous la condition que le corps de saint Etton ne pourrait être transféré qu'à Dompierre.
C'est alors qu'on vit s'élever l'église ancienne de cette commune au haut de la colline, à cinquante pas au nord de l'église actuelle.
On y voyait la statue de saint Etton couchée sur une roche produite par le terrain même de cet édifice.
L'église de Dompierre sur Helpe étant achevée, les religieux de Liessies firent bâtir dans ce village une chapelle et un prieuré qui fut restauré plusieurs fois dans la suite. Ce prieuré a été converti, depuis la révolution, en une fort jolie maison de campagne qui appartient, avec le jardin et les étangs, à Mme veuve Groslevin.
Des vieillards assurent avoir assisté à l'office divin dans la chapelle qui avait été construite sur l'emplacement du monastère de Fussiaux.
Parmi les ruines de cette chapelle est une colonne portant une niche, au-dessous de laquelle on lit l'inscription suivante, gravée dans la pierre : « L'an 654, le 10 juillet, a été enterré le bienheureux saint Etton; le corps est à Dompierre. Je vous prie de nous préserver et nos bestiaux de toutes maladies. » .
Le tableau qui décorait le maitre-autel de cette chapelle est suspendu sur l'un des murs de l'église de St.-Hilaire. Il est écrit au bas de ce tableau : « Fuciacum vidit morientem Ettonem : Domum- petrum corpus possidet, 654.»
L'église ancienne de Dompierre tombant de vétusté, on vit en 1604 s'élever le clocher et la grande nef de l'église actuelle. En 1767 on fit les deux nefs latérales, et en 1791 on démolit la muraille qui servait de séparation entre cette église et la chapelle des moines. Cette chapelle avait été relevée et embellie ; elle sert de chœur à l'église de Dompierre sur Helpe.
Lors des guerres entre François ler et Charles-Quint, Louis de Blois, abbé de Liessies, fit transporter à Mons le corps de saint Etton, sous prétexte qu'il y serait plus en sûreté qu'à Dompierre.
Le 24 juillet 1556, Martin Caperus, évêque de Calcédoine et suffragant de Cambrai, procéda à Mons, au milieu d'un concours d'ecclésiastiques et de laïques, à la séparation de la tête et du tronc de saint Etton. Le lendemain ces reliques, qui avaient été conservées à Dompierre pendant plus de 700 ans, furent transportées à Liessies, par autorisation du pape Paul IV.
Les habitans de Dompierre regardèrent ce déplacement comme une véritable spoliation et en conçurent un profond mécontentement qu'ils conservèrent par tradition pendant plus de deux siècles. Ils élevèrent d'abord des réclamations qui furent sans succès et tentèrent tout aussi vainement de faire valoir leurs droits par les voies judiciaires ; plus tard, ce ressentiment s'augmenta par les vexations et les usurpations que les moines commettaient à leur préjudice, ce qui les obligea a soutenir contre eux plusieurs procès dispendieux. Enfin, fatigués des mauvais procédés de ces religieux et voyant que, non contens des avantages qu'ils avaient obtenus à leur détriment, ils cherchaient encore, par ruse, à attirer chez eux les pèlerins en les détournant de Dompierre, les habitans prirent un parti violent, s'armèrent de fusils, de haches, de fourches, fléaux et autres instrumens aratoires, et marchèrent, le 29 juillet 1789, vers Liessies, village à la distance de dix-huit kilomètres.
Neuf hameaux dépendent de Dompierre ; tous sont arrosés par des ruisseaux ou des fontaines qui vont se réunir à la rivière de l'Helpe.
Dans l'un de ces hameaux, celui d'Hugemont, se trouve le château de M. de Préseau, ancien député et membre du conseil général du département. Ce monument féodal, bâti en 1610 par l'un des ancêtres du propriétaire actuel, est placé dans une position agréable ; il est flanqué de quatre tours carrées, très vastes, bien conservé et richement décoré. Les jardins de cette habitation sont remarquables par leur beauté, leur étendue et surtout par une fontaine magnifique, revêtue de marbre blanc provenant des carrières de Dompierre. Cette fontaine, dont la construction a coûté plus de 20,000 francs dans le dernier siècle, est de forme carrée. On y descend par trois côtés, chacun en face d'une avenue; ses eaux alimentent quatre étangs et le moulin à farine de M. de Préseau.
La seigneurie de Dompierre appartenait, avant la révolution, à la maison d'Orléans.
Par lettres du 13 juillet 1736, le titre et les droits d'officiers de haute, moyenne et basse justice dans la seigneurie de Dompierre, furent conférés à M. François-Joseph de Préseau d'Hugemont, prévôt général de la maréchaussée.
En 1751, les mêmes droits furent accordés par le duc d'Orléans à M. Jacques-Marguerite de Préseau d'Hugemont, fils du précédent, pour en jouir à la succession de son père.
M. de Préseau, ancien député, est possesseur d'un beau médailler et de plusieurs tableaux de haut prix.
On voyait avant la révolution, sur l'emplacement de l'ancien cimetière, une pierre très ancienne, nommée la pierre Détombe (ou des Tombes). Le lundi de Pâques, les jeunes gens qui, ayant atteint l'âge de dix-huit ans, désiraient se faire agréger dans la jeunesse du village, devaient se tenir debout sur cette pierre et la tète découverte, pour entendre lire, par le capitaine de la jeunesse, le règlement prescrit pour se comporter avec honneur et probité. Ils devaient faire serment de l'observer fidèlement, et payer pour leur admission un lot (deux litres) de bière. Cette singulière coutume n'est plus en usage.
Le 13 octobre 1793, l'aile gauche de l'armée française, formant une colonne d'environ 12,000 hommes, commandée par le général Fromentin, passa par Dompierre. Elle bivouaqua dans ce village, près le bois de Sassogne , y séjourna le 14, et le 15 au matin se mit en marche à la rencontre de l'aile droite des Autrichiens, qu'elle attaqua sur les territoires de Monceau Saint Waast et Bachant. A trois heures du soir, elle dut battre en retraite et traverser de nouveau le village de Dompierre; les blessés furent déposés dans l'église du lieu ; plusieurs y moururent.
Cette colonne, trop faible en artillerie, n'avait que des pièces de 4 pour répondre à l'énorme artillerie autrichienne. Elle reçut quelques pièces de 8.
Le lendemain 16, l'armée prit sa revanche à Wattignies.
Les archives communales de Dompierre renferment un grand nombre de pièces anciennes, au nombre desquelles sont les actes de l'état civil, qui remontent à l'année 1635.
Les chemins vicinaux de ce village, qui étaient d'un difficile accès à cause de leur mauvais état, ont été, depuis 1831, empierrés sur une longueur totale de 7,350 mètres. Cette amélioration importante est due aux soins de M. Marit, maire de Dompierre, et au concours volontaire de quelques principaux propriétaires. Le zèle de ce fonctionnaire a procuré aux habitans plusieurs autres travaux d'utilité et de sûreté publiques, tels que construction de batardeau pour prévenir les débordemens de l'Helpe, nivellemens de chemins, percemens d'aqueducs , etc.
Dompierre sur Helpe a une population de 1020 habitans, y compris 90 indigens ; point de mendians.
Son territoire a une superficie de 1316 hectares, dont 479 en labours, 500 en prés et pâtures, 11 en vergers, 258 en bois, 1 en carrières, 4 en étangs, 10 en landes, 7 en bâtimens, 33 en routes et chemins, et 13 en rivières et ruisseaux.
On y cultive le froment, l'épeautre, l'avoine, l'orge et le trèfle.
Faits historiques :
Dans le 7e siècle plusieurs religieux et prédicateurs d'Hybernie, sollicités par Madelgaire, prince de la cour de Dagobert, plus connu sous le nom de saint Vincent, patron de la ville de Soignies, et par sainte Waudru, sa femme, patronne de la ville de Mons, abandonnent leur patrie, se rendent à Rome avec ce prince, et viennent dans les Gaules pour y convertir nos aïeux à la foi catholique. Ces religieux étaient au nombre de sept ; ils prêchèrent la religion séparément dans les diverses contrées du pays. Saint Etton alla à Bienvillers, près Arras, et, de-là, vint s'établir au hameau de Fisseau, aujourd'hui divisé entre les communes de St.-Hilaire et de Dompierre, où se trouvait une importante station désignée dans la Carte de Pentinger et l'Itinéraire d'Antonin, sous le nom de Fissiacum, d'où l'on fit ensuite Fisciacum, Fescon (Baldéric), Fiscon, Fescau (Miroeus III, 342), puis Fisseau, Fiscault, Fussiau, Fuissieau, Fusciau, Fuchau.
Le pieux Etton, y bâtit un premier monastère, bientôt délaissé par lui, pour une retraite plus solitaire qu'il construisit un peu plus loin, au milieu de la forêt, sur les terres de Jovin, seigneur du lieu, qui se convertit avec toute sa famille à la foi chrétienne, en abandonnant à ce religieux, une partie de ses possessions ; c'est le dernier asile du missionnaire qui devint l'origine du village de Dompierre.
Saint Etton mourut à Fussiaux, le 8 juillet 654 ; il y fut enterré dans l'église deux jours après et canonisé à la façon du temps par saint Aubert, évêque de Cambrai.
Fussiaux et son monastère, tous deux placés sur la voie romaine de Bavay à Reims, furent, dans les 9e et 10e siècles, en proie aux incursions des Normands. C'est ce qui détermina les habitans de Fussiaux à établir leurs demeures à St.-Hilaire et à Dompierre.
Arrivés devant l'abbaye , une députation élue parmi eux se présenta et exigea la remise des reliques et la réparation des dommages qui leur avaient été faits par les moines. Une requête présentée sous une forme aussi péremptoire devait être accueillie. Ainsi firent les religieux ; ils remirent les reliques avec les titres relatifs et ceux des biens de la chapelle de saint Etton; enfin, ils consentirent à ce que les réclamations élevées au sujet de leurs usurpations fussent soumises à un arbitrage.
Enivrés du succès de leur expédition, les gens de Dompierre retournèrent en triomphe en leur village, où ils furent reçus au milieu des acclamations et au son des cloches.
Depuis ce temps, les ossemens de saint Etton demeurèrent à l'église de Dompierre sur Helpe.
Cette église , dont le clocher a 45 mètres d'élévation, renferme des sculptures en bois d'un travail remarquable. Les évènemens de la révolution lui ont enlevé deux cloches et tous ses ornemens, qui étaient nombreux et d'une grande valeur. Les objets d'argent qu'elle a perdus à cette époque pesaient 42 à 43 kilogrammes.
Parmi les pierres sépulcrales qui existent dans l'église de ce village, se trouve celle d'Antoine Buquoy, (décédé en 1724).
Les pèlerinages à saint Etton se sont continués jusqu'à l'époque actuelle. Tous les ans, au jour de l'Ascension, les avenues du village de Dompierre sur Helpe sont, dès quatre heures du matin, couvertes de pèlerins qui arrivent de plusieurs lieues à la ronde, afin d'invoquer le Saint pour la conservation de leurs bestiaux. Tous ont en main des baguettes de coudrier, dont l'écorce est découpée en spirale. Ces pèlerinages donnent lieu dans ce village à une très grande fête qui dure deux jours et qui y attire un grand nombre de marchands, de bateleurs , saltimbanques, etc.
Le 10 juillet est la fête patronale de Dompierre. On y faisait autrefois à celle occasion une procession avec chars de triomphe, ordinairement précédée d'une représentation à l'instar de celles usitées dans le moyen-âge, et dans laquelle paraissaient saint Etton, ses disciples, ses ouvriers, Jovin et ses gardes, des anges, des bergers, des sauvages, des sybilles et autres personnages.
Le village de Dompierre est situé sur le penchant d'une colline couronnée de bois. Ses habitations sont exposées au sud et entourées de jardins et de vergers. Dans le bas du coteau, l'Helpe- Majeure arrose en serpentant de belles et vastes prairies et fait mouvoir le moulin du village.
Ses productions principales sont le froment et l'avoine. L'exploitation des nombreuses prairies qui s'y trouvent est la plus importante des ressources agricoles de cette localité. La culture y fait de grands progrès ; les terrains en friche diminuent, et dans peu on n'y verra plus de jachères.
Le commerce de ce village consiste dans la fabrication des fromages et la vente du lin. Il y existe en outre deux moulins à farine mus par l'eau, une brasserie, 2 clouteries, 3 carrières de pierres en pleine exploitation, 1 four à chaux, une carrière de marbre non exploitée, et 2 ateliers où l'on fabrique de la serge.
Hameaux et lieux dits : Petit Fisseau ou Fuchau. Hugemont. Les Ardennes. La Custodelle. Le Champ-des-Moines. Le Passe-Temps. La Lobiette. Aveau. Terriau. La Marbrière. La Burlotte.
Les activités marbrières existaient sur la commune : les statistiques du préfet Dieudonné publiées en 1810 mentionnent deux carrières de pierre de taille, deux de moellons et une de marbre. Un gisement de dolomie est exploité au lieu-dit La Cornette jusqu'en 1970.
Le Château d'Hugemont à Dompierre sur Helpe
L'origine de la ferme remonterait au 15e siècle. En 1602, le comte de Berlaimont vend une maison de cense à J. d'Anneux. En 1643, la guerre ravage la région. En 1659, le traité des Pyrénées intègre la région d'Avesnes au royaume de France. En 1674, le terrain est vendu à Nicolas de Préseau, récemment anobli. Il cumule les fonctions de greffier du magistrat, contrôleur des Fortifications et prévôt de la terre d'Avesnes. Il entreprend la construction du château, achevé en 1714. Les jardins sont aménagés vers 1760, au sud. La ferme est agrandie durant la deuxième moitié du 18e siècle. On ajoute alors un certain nombre de bâtiments : les premières écuries au sud, datant de 1742 environ, détruites, les haras qui ferment toujours l'actuelle cour de ferme, construits vers 1769 par Jacques-Marguerite de Préseau (1731-1800) , inspecteur général de la Maréchaussée et maître de cavalerie. En 1764, le château fait l'objet d'un premier remaniement, puis vers 1860, Jules de Colnet, maire de Dompierre et conseiller général le remet au goût du jour. En 1898, la tour sud-est est détruite dans un incendie. En 1895, le château passe par mariage à la famille De Chambure à qui il appartient toujours et qui exploite les terres.
Le parc constitue un vaste ensemble paysager remarquable, avec trois étangs (à l'origine, des viviers) sur un hectare, une source au nord-est formalisée par une fontaine monumentale en pierre bleue avec exèdres, escalier et terrasse, datant vraisemblablement du milieu du 18e siècle. Les étangs alimentaient un moulin en contrebas qui existe toujours en amont de la rivière. On trouve également une glacière en pierre effondrée et deux petits ponts. Au sud, l'ancien jardin à la française a été remplacé par une pelouse à l'anglaise, probablement vers 1860 : cette partie est séparée des étangs par un mur de soubassement en pierre, surmonté de vases. La grande allée et l'allée de tilleuls ont été récemment reboisées.
On accède aux bâtiments agricoles par une allée de platanes. La grande cour de ferme est entourée de multiples bâtiments : au nord-ouest se trouve la bâtisse la plus ancienne (du 16e siècle ?) en pierre grossièrement taillée, de 40 mètres de long, à deux niveaux d'élévation ; vers le nord sont disposées deux habitations privées, récemment restaurées ; vers le sud se trouve une ruine. Les côtés nord et sud de la cour sont fermés par les larges et hauts bâtiments des anciens haras, construits en gros moellons de pierre et chaînes d'angles en pierre taillée, couverts d'ardoises, à la large charpente en bon état. En face, les écuries présentent deux niveaux, de multiples ouvertures murées, quelques boxes au sol pavé. Vers le nord se trouvent une porcherie et un pigeonnier. A l'ouest, une grange, agrandie vers 1769, au volume interne imposant et à la charpente d'origine remarquable, comporte une façade pignon. Le château consiste en une grande demeure rurale, de plan rectangulaire, cantonnée de quatre pavillons carrés plus élevés que le corps principal. La façade sud donne sur le jardin et domine le parc à l'ouest. L'édifice montre des chaînages d'angles, des entourages de baies et des cordons en briques et pierres en harpe, et une maçonnerie en moellons de pierre grise.
Le mur de clôture est en moellons de pierre bleue appareillés. Le grand portail
au nord-est est encadré de deux pavillons abandonnés.
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