Dans la revue «La Maison» de janvier 1951, Pierre-Louis Flouquet a consacré un article très important au Nouveau Maubeuge, remodelé par André Lurçat. Lorsque Lurçat se présenta pour la première fois à une réunion de sinistrés, ce fut pour entendre dire qu'ils n'avaient pas besoin d'urbaniste : «Dans une demi-heure il y a un train pour Paris, vous pouvez repartir!», Du moins, la netteté de cette position avait pour avantage de montrer à Lurçat que le problème était avant tout psychologique. Il fallait redonner à la population la confiance quelle n'avait plus, et, pour y parvenir, ne pas craindre de multiplier les contacts individuels avec les sinistrés. Il fallait surtout s'efforcer de comprendre les besoins de chacun aussi bien que les particularités de la collectivité urbaine et l'ambiance de la ville. « Il fallait vivre » le drame de Maubeuge au cœur de la cité et dans chaque famille, dégager les hiérarchies vivaces, les possibilités d'un nouvel épanouissement et en toutes choses demeurer réaliste. Le problème technique ne se poserait qu'après, lorsque les intéressés seraient convaincus. La préparation psychologique demanda six mois et ce fut le temps d'une étonnante expérience humaine pour André Lurçat. Bientôt les Maubeugeois comprirent que le travail d'André Lurçat n'était pas une besogne de laboratoire inspirée par des concepts abstraits, mais une œuvre vivante, conçue par eux, sur place, en tenant vraiment compte de leurs divers besoins et des nécessités psychologiques. Notre ami d'ailleurs répétait que les principes ne sont pas intangibles et que sa volonté était de les adapter avec fermeté et sans formalisme aux conditions particulières du programme et des possibilités de travail. En somme, un effort personnel de démocratisation de l'urbanisme. André Lurçat voit et conçoit socialement. C'est la cité sociale où le sol, libéré de l'encombrement des constructions en surnombre, est livré aux plantations, conception nouvelle de l'espace habitable. Actuellement, les chantiers ouverts couvrent 55 % des espaces sinistrés. Près de 14 % des travaux mis en chantiers ont été terminés à la fin de l'année 1950 et livrés à l'habitant.»
Lurçat à Maubeuge : La ville intra-muros incendiée par les troupes allemandes le 16 mai 1940 est détruite à 90%. L'évacuation des décombres entreprise dès le mois de juillet suivant laisse donc rapidement une immense impression de vide. Maubeuge est donc la ville idéale pour une transformation urbanistique radicale.
Fin 1944, Raoul Dautry, ministre du Gouvernement Provisoire du Général de Gaulle, nomme André Lurçat architecte en chef de la reconstruction de Maubeuge et de la partie sud du département du Nord.
La bataille de la Reconstruction : Lurçat arrivera sur le terrain en avril 1945, pratiquement cinq ans après l'anéantissement de la ville. On n'ose imaginer dans quelles conditions ont vécu les Maubeugeois durant tout ce temps.
Le pari de Lurçat à Maubeuge est de concevoir un projet urbain en ayant pour sa réalisation, que le strict financement de reconstruction lié aux dommages de guerre concernant les propriétés privées et les commerces des habitants du centre ville.
Dès son arrivée Lurçat instaurera une démarche participative afin de mobiliser un public allant bien au delà de celui des seuls sinistrés. Par cette initiative, il devance de quelques mois la mise en place des organismes d'encadrement administratif.
Il invite les maubeugeois à participer et à s'exprimer sur la reconstruction de la ville dans des meetings consacrés à l'urbanisme.
Puis il crée le Comité local d'urbanisme, constitué à parité par des représentants des corps de métiers, de syndicats, d'associations, et des sinistrés.
Lurçat obtiendra la protection des remparts de la rive gauche de La Sambre auprès du Ministère des Beaux-Arts malgré l'opposition d'une partie de la population qui souhaitait leur destruction.
André Lurçat s'inscrit en 1912 dans l'atelier Paulin pour préparer le concours d'admission à l'École des beaux-arts de Paris.
Inscrit à l'atelier d'architecture de l'École des beaux-arts de Nancy, il est plutôt enclin à rejeter le courant de l'École de Nancy, alors que son frère Jean travaille dans l'atelier de Victor Prouvé. En revanche, les deux frères fréquentent les "jeunes intellectuels socialisants".
En 1920, il entre chez Henri Pacon où il se forme aux techniques de la profession. Il obtient son diplôme en novembre 1923.
Source: Expositions-virtuelles.citedelarchitecture.fr
En 1925, il construit à Eaubonne sa première villa, inspirée des réalisations d'Adolf Loos. De 1925 à 1927, il réalise la villa Seurat à Paris 14e, un lotissement de maisons-ateliers pour un groupe d'artistes (dont son frère).
En 1930, il participe à l'exposition du Werkbund à Vienne.
En 1927, Lurçat ouvre un atelier inspiré des ateliers extérieurs de l'École des beaux-arts. Il y accueille des étudiants étrangers (Julius Posener, Oscar Storonov, etc.). Certains de ses élèves vont devenir ses collaborateurs, notamment Pierre Pinsard et Marcel Roux pour le groupe scolaire Karl-Marx à Villejuif, inauguré en 1931.
Invité en 1934 par le milieu professionnel soviétique, André Lurçat participe activement tant à la définition d'une nouvelle architecture qu'à de grands projets d'intérêt étatique.
Déçu, il rentrera en France en 1937. La période de la guerre et de l'Occupation est consacrée à l'élaboration de projets sans suite et à la préparation de l'œuvre théorique Formes, composition et lois d'harmonie, publiée de 1953 à 1957.
En 1945, André Lurçat est nommé architecte en chef de la reconstruction de la ville de Maubeuge. À Saint-Denis et au Blanc-Mesnil, André Lurçat renoue avec les solutions techniques déjà expérimentées avant guerre (préfabrication des menuiseries extérieures et des éléments de façade). Ses recherches portent sur la définition de la cellule. À partir de plans types de logements, il crée plots, barres, tours, ou bâtiments aux plans plus ou moins complexes.
À côté de son engagement en faveur du logement social, André Lurçat n'oublie pas pour autant la maison individuelle. À Sceaux, il réalise une série de quatre maisons (Lurçat, Michaud, Larrey et Leduc).
Au terme de 45 ans d'activités et à l'occasion du don de ses archives (1965), le Conservatoire national des Arts et métiers lui consacre une exposition monographique en 1967.
Le projet architectural et urbain : Il faudra
plus d'une douzaine d'années, de 1947 au début des années 60 pour mener à bien le programme de reconstruction des 651 logements et 230 commerces sinistrés.
C'est un fragment d'un plan d'ensemble plus vaste qui visait à créer une nouvelle composition urbaine dont le principe est un
"parcours" (ce qui emportera l'adhésion des commerçants) ponctué d'édifices de services décentralisés, capables d'en donner le sens à la fois physique et symbolique.
Le "morceau de ville" reconstruit porte témoignage de la déconcentration urbaine qui va de pair avec ce principe de décentralisation fonctionnelle, même s'il se trouve être amputé des édifices publics projetés par Lurçat. La reconstruction met en place de nouvelles ligatures, - le mail, le boulevard de l'Europe - entre les différents
"morceaux de ville" qu'étaient l'ancien "centre" et les quartiers jusqu'alors "périphériques".
L'architecture est à l'unisson de l'étirement des parcours, non seulement par la conformation linéaire des immeubles, mais aussi par le jeu subtil de registres qui accompagnent et soulignent le déroulement de la promenade urbaine.
Dix dispositifs d'installation des immeubles peuvent être repérés : quinconce, épis, rotonde, corollaires, îlot ouvert, barre, rotule, redan, peigne, îlot fermé.
Trois types d'immeubles se conjuguent: l'immeuble de logements sur socle commercial; l'immeuble résidentiel sur une composition spatiale libre; l'immeuble-édifice à vocation résidentielle (avenue de la Gare) ou d'équipement public ou privé (Caisse de Sécurité Sociale, Eglise, Garage Saint-Eloi).
La plastique architecturale est d'abord produite par la mise en exergue des éléments fonctionnels: les porches, les cages d'escalier saillantes en façade, les balcons, loggias et terrasses, les auvents, les galeries piétonnes ou coursives qui font l'objet d'un traitement différencié d'un immeuble à l'autre ; ensuite par le soulignage des accidents topographiques: perrons, socles à degrés, épannelages à ressauts et par un traitement particulier des fonds d'axialité des voies: loggias profondes et groupées, rupture d'épannelage, creusement ou surépaisseur en façade.
Standards. Lurçat a confié aux vingt architectes de la reconstruction maubeugeoise une originale procédure de création architecturale et urbaine. Elle a consisté à définir avec eux les différents types d'installation des immeubles, à établir la liste des matériaux à utiliser à l'exclusion de tout autre: acier pour les menuiseries extérieures, marbre du Boulonnais pour les escaliers communs, céramique émaillée pour le parement des porches, grés-cérame et parquet pour les revêtements de sol des logements, brique et enduit de ciment pour les façades, glaces de grandes dimensions, saillantes en façade, les balcons, loggias et terrasses, briques et pavés de verre ; à leur imposer enfin l'utilisation d'une série d'éléments de second-œuvre et surtout des encadrements de baies qui constituent la gamme des« standards ».
Ces éléments, dessinés par Lurçat lui-même, permirent de créer le lien entre tous les bâtiments reconstruits de la ville.
Remembrement
Pour débloquer les procédures classiques d'évaluation des biens sinistrés, Lurçat invente le « Remembrement en trois dimensions ». Il met au point le «minimum standard d'habitabilité» ; l'équivalent d'un ratio de prix au mètre carré d'une construction neuve dont les caractéristiques ont été précisément décrites.
Concernant l'évaluation foncière, Lurçat fait réaliser un double référendum : la situation des immeubles de la ville détruite est cotée de 0 à 20, l'opération est répétée pour l'emplacement des immeubles sur le plan de reconstruction.
Cette cotation, croisée avec le standard d'habitabilité, permet aux sinistrés de reconstituer leur patrimoine avec une grande liberté de choix de surface comme d'emplacement.
Œuvre. André Lurçat ne réalisera que trois bâtiments en dommages de guerre: un immeuble de logements et boutiques avenue Mabuse, l'église et le mail, partiellement hors remembrement.
Il réalisera en revanche la « tranche de démarrage » de la reconstruction financée par l'Etat : ce sont les immeubles de l'avenue de la Gare et les maisons individuelles avenue Jean Jaurès. Hors reconstruction, il réalisa les immeubles H.L.M. de la
résidence du Parc, la Caisse de Sécurité Sociale et l'école maternelle du Pont Allant. Il concevra également l'ensemble des espaces publics: plantations, mobilier, éclairage, bassins, fontaines, maçonneries d' accompagnement et revêtements de sol.
D'autres projets seront dessinés pour exécution, mais ne seront pas réalisés (hôtel de ville, écoles, logements).
En périphérie maubeugeoise, à Boussois, il réalisera un groupe de logements H.L.M. et une école maternelle avec piscine disparue.
Après avoir effectué les indispensables recoupements, bon nombre d'incohérences dans la chronologie de la construction des immeubles par rapport aux photos aériennes disponibles aujourd'hui sur le site "IGN remonte le temps" et qui couvrent les années 1949 - 1963, ont été relevées.
Lorsque Lurçat et ses collègues ont réalisé les plans, il ne fait aucun doute
qu'ils ont également établi un calendrier, hors nous sommes dans le domaine du
bâtiment et il est donc peu probable que tous les chantiers aient pu être lancés
et réalisés aux dates prévues. Il y a toujours des aléas qui engendrent des
retards, ce qui n'a probablement pas été notifié dans les dossiers d'origine
d'où les décalages remarqués. Ces photos aériennes haute résolution ne devaient
pas être disponibles à l'époque où les études ont été réalisées (début des années 90 et 2000) et les auteurs de ces études, ne pouvaient donc pas savoir.
Ces vues aériennes datées nous permettent aujourd'hui de pouvoir rétablir la chronologie exacte de la reconstruction. Une seule date est fausse, et je reviendrai dessus dans la section concernée.
Place des Arts, Avenue de Verdun, Rue des Arts, Avenue de la gare.
Avenue de la Gare. Le projet de Lurçat construit le front de l'avenue de la Gare, qu'il a institué en nouvelle limite urbaine de la ville à reconstruire, et engage l'urbanisation du glacis sud des fortifications par la réalisation du quartier des Arts.
Il installe à l'angle de l' avenue de France (dans l'axe de laquelle il projetait de reconstruire la gare) quatre bâtiments disposés en "peigne" , perpendiculaires à l'avenue de la Gare (blocs 1 et 3). Immeubles de trois étages orientés Est/Ouest réunis deux à deux par une galerie pour former deux "blocs" (le mot va rester pour désigner les immeubles de la reconstruction maubeugeoise) symétriques, au plan en H, creusés de profonds renfoncements au centre desquels s'élance le cylindre de la cage d'escalier au Sud et se déploie le large auvent du porche de l'entrée principale au Nord.
Chaque aile d'immeuble, comportant deux logements par niveau, est formée, en plan, de deux trames décalées par glissement ce qui a pour effet d'affiner les pignons de la construction. Dans l'angle, au sud, et en applique, au nord des saillants de pignons, Lurçat superpose des balcons étroits dont l'extrémité arrondie se détache encore du plan vertical étroit des pignons. Au Sud, cet ensemble de rythmes verticaux, qui scandent comme autant de bornes monumentales le linéaire de l'avenue, est associé à l'horizontalité des boutiques placées en pied d'immeubles, réunies à un pavillon central par des passages couverts (bloc 2) puis continuées le long de l'avenue par une "barre" de cinq cellules commerciales mitoyennes (bloc 4).
Les blocs 1 / 3, 2 et 4 font partie des I.S.A.I. (immeubles sans affectation immédiate), conçus et réalisés par André Lurçat, entre 1947 et 1949 associé à Maurice Gouvernet et Henri Lafitte ou Marcel Mélon. (les sources sont contradictoires : les travaux historiques mentionnent Henri Lafitte et les archives Lurçat mentionnent Marcel Mélon.)
Les percements sont tous réglés par la gamme de "standards" de baies à encadrement: standards à trois partitions pour les fenêtres que Lurçat accompagne ici de jardinières en appui (dont la disposition alternée suffit seule à animer le plan de façade) ; standards de portes - fenêtres à trois vantaux ; standards de vitrines avec "allège à hauteur de genoux".
Avec cette première ligne d'immeubles, Lurçat réussit un assemblage urbain à la fois ample et subtil dans le déploiement des registres
architecturaux référant à l'organisation du "front de rue " : découpage, profondeur, scansion, jeu sur les marges d'alignement, encorbellement, épannelage, effet de transition public/privé, effet de "bouclier" des cellules commerciales placées devant les immeubles de logements, Ses principes sont ici élaborés pour valoir à l'ensemble de la reconstruction maubeugeoise. La modénature des auvents et balcons dont les chants sont finement ouvragés, les profils de corniches, le traitement des arrêtes du bâtiment (alternativement aiguës ou adoucies) participent du déploiement d'un savoir-faire architectural et urbain dont la minutie n'est étrangère ni à sa formation classique à l'École des Beaux Arts, ni à l'ampleur du traité d'architecture "Formes, composition et lois d'harmonie" qu'il fera paraître à partir de 1953.
Rue des Arts : Les blocs 1 (César Franck) et 2 (Le Gounod) de l'îlot P ont été construits entre 1947 et 1949. Ces deux blocs font écho aux immeubles en forme de H de l'îlot O situé de l'autre côté de la rue, formant ainsi I.S.A.I. (immeubles sans affectation immédiate) conçus par André Lurçat qui s'est associé aux architectes Maurice Gouvernet et Henri Lafitte pour la construction.
Les blocs 1 et 2 sont constitués de deux immeubles disposés perpendiculairement et reliés par la cage d'escalier, formant un plan en T. L'immeuble situé parallèlement à la rue s'élève sur quatre niveaux et est occupé par deux appartements par niveau. Les chambres y sont disposées sur la rue et le séjour est logé dans un corps de bâtiment en second plan. Cette pièce est ouverte sur les deux côtés et bénéficie d'un balcon étroit à l'extrémité arrondie débordant le pignon de l'immeuble.
Cette seconde ligne d'immeubles, le long de la rue des Arts, s'adosse à la première en utilisant l'intégralité des principes de sa composition axiale et symétrique de référence classique.
L'appareil architectural reprend les motifs des immeubles de première ligne : standards de baies à trois partitions, accompagnés de jardinières en appui, balcon, portes-fenêtres. L'avant-plan de la façade principale est marqué d'un large auvent à découpe ciselée qui recouvre un porche très finement traité : échiffre de perron formant jardinière, baie d' entrée à encadrement soulignée d ' ébrasements courbes parementés de terre cuite émaillée vert, standard de porte vitrée à deux vantaux et ici pour la première fois, introduit sur proposition de l'architecte Henri Lafitte dans la gamme des standards de baies, l'utilisation de l'oculus.
Cet avant-plan, qui regroupe les baies-standards des chambres de deux appartements par niveau, se détache du second dont chaque extrémité est marquée de la superposition des balcons s'ouvrant sur les pièces de séjour qui bénéficient d' une double orientation. Un hall traversant communique avec la cage d ' escalier qui relie l'immeuble postérieur, placé en demi niveau plus bas et constitué de deux appartements de deux pièces, à orientation unique, adossés l'un à l'autre.
Les types E, mis en chantier après 1949, ont pu être réalisés en brique, grâce à un meilleur approvisionnement en matériaux à partir de cette date. L'architecte Daniel Bidot réalisera sous l'égide de Lurçat,
de 1953 à 1955, l'immeuble à l'extrémité courbe qui remplace le type D, non réalisé, de Badovici et Gouvernet.
Les immeubles sont en bon état, leurs façades ont été récemment ravalées. Les enduits d'époque ont une teinte plus chaude que celle du ciment actuel. Les parties en béton armé (auvents) ont souffert de leur défaut de mise en œuvre (mauvais enrobage ponctuel des aciers) et du manque d'entretien qu'elles ont eu à subir (une seule rénovation après 45 années).
Immeuble de la Caisse d'Epargne
La banque Caisse d'Epargne a été construite par l'architecte Jean Badovici entre 1949 et 1951. Cet édifice de plan rectangulaire présente des élévations très différentes, rythmées par des jeux de décrochements ou d'une juxtaposition de volumes. Le volume arrondi saillant sur l'élévation ouest rappelle la cage d'escalier des immeubles en forme de H des I.S.A.I. (immeubles sans affectation immédiate) visible rue de la Gare. On retrouve tout le vocabulaire des standards et de décor architectural (encadrements de baies, auvent, balcon saillant, oculus.) utilisés lors de la reconstruction de la ville. L'ensemble est en béton sur un soubassement en moellons de grès et pierre calcaire. Certaines parties sont recouvertes de plaques de mosaïque ou de carrelage.
La Maison Levecq
Bloc 5 de l'îlot P. La maison abritant l'étude du notaire Levecq a été construite entre 1949 et 1951 par l'architecte lillois Armand Lemay. Cette maison abrite aujourd'hui le centre de paiement de la Sécurité Sociale.
La maison est composée d'un corps de bâtiment principal adjoint de deux volumes annexes disposés de part et d'autre, formant un avant-corps ou un retrait. Le corps central et le retrait s'élèvent sur trois niveaux, l'avant-corps en comporte deux.
De nombreuses ouvertures rythment toute l'élévation.
L'intérêt porte sur deux aspects : le programme et le système constructif. Cet édifice est en effet le seul programme de logement individuel dans l'îlot P sur le périmètre de la ville reconstruite. C'est également le seul édifice dont l'entrée se fait dans un renfoncement, soutenu par une colonne.
Les immeubles de la rue des Arts ont été longtemps recouverts de vigne vierge. A l'angle de l'avenue de la Gare et du boulevard de l'Europe devait, être reconstruit le vélodrome, puis une gare routière. Lurçat ne les réalisera pas.
Immeuble de la Sécurité Sociale
L'ancien immeuble de la Sécurité sociale situé rue du Maréchal Leclerc futur espace culturel et musée.Le plan du rez-de-chaussée de la Sécurité Sociale, non daté, est conservé dans le fonds d'archives d'André Lurçat (IFA 533 AP215). On y observe la mention de plantations d'arbres qui ont été réalisés. Pour la construction de l'édifice, réalisée entre 1963 et 1965, les architectes Eric Lafitte, fils d'Henri Lafitte, et Emile Fays ont été associés.
La réalisation de la Caisse de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales programme éminemment social, est en quelque sorte pour Lurçat la revanche de ses deux projets d'hôtel de ville repoussés par la
municipalité. En installant son bâtiment sur toute la largeur de l'esplanade, en le rehaussant sur un socle dont la terrasse forme sur la moitié de sa longueur une véritable tribune ouverte sur une place vouée aux manifestations populaires, Lurçat donne à son projet la valeur d'un symbole de contre pouvoir.
Dix huit ans après leur mise au point, Lurçat reste fidèle à réutilisation des standards et des détails de ferronnerie conçus sept ans plus tôt pour le Mail de la Sambre. Ainsi, bien que tardivement réalisé, le bâtiment reste-t-il en harmonie avec l'espace de la ville reconstruite. Il témoigne pourtant d'une évolution stylistique encore différente de celle perceptible dans l' immeuble du Mail : l'accentuation de la composition dissymétrique, la simplification des "profils", l'abandon des angles adoucis si typiques de sa manière, l'intervention de nouveaux motifs ou altérations typologiques telles que le porche en portique, la verrière à redans, le garde corps de grande longueur.
Le jeu des volumes, par la disposition des niveaux en retraits successifs et des oriels en surplomb allègent l'édifice, qui occupe une grande superficie. L'édifice est en béton peint en blanc, en partie recouvert par une mosaïque de couleur blanche. Des bouleaux, peupliers et saules ont été plantés le long de la façade principale et de manière plus dense à l'arrière, en cohérence avec le projet de l'architecte André Lurçat.
Institution Notre Dame de Grâce
Sur le plan d'aménagement d'André Lurçat datant de 1945 ce groupe scolaire était situé entre l'avenue du Colonel-Schouler et l'avenue de Verdun.
(Construction 1960 - 1961, architecte Jean Gelis). Une extension est réalisée en 1961
- 1962 dans la continuité du bâtiment ouest. L'école appartient actuellement à l'institution Notre-Dame de Grâce qui comprend également un collège, un lycée et une annexe de l'université catholique de Lille.
L'école est composée d'un corps de bâtiment principal en forme de L s'inscrivant dans un rectangle de 69 mètres de long par 55 mètres de large délimitant la cour de récréation. Il est composé de 20 salles de classe dont 5 pour l'extension, toutes desservies par un couloir latéral, ainsi que de locaux administratifs. Chaque classe du rez-de-chaussée possède un double accès dont un extérieur. Un ensemble composé de la maison des soeurs, de la chapelle et du réfectoire vient se rajouter au corps de bâtiment principal. Un édicule sanitaire marque l'angle non bâti de la cour de récréation. La totalité de l'édifice s'élève sur 2 niveaux et possède une toiture terrasse. Il est constitué de brique rouge pour les façades et de structures préfabriquées en béton armé pour les encadrements des fenêtres. L'ensemble du bâtiment ne comporte que 2 modules de fenêtres basculantes selon un axe central horizontal.
Avenue de France, Grand-Hôtel, Garage Saint Eloi
Un projet de station service figure sur le plan d'aménagement de la partie sinistrée de la ville de Maubeuge, réalisé en 1945 par l'architecte-urbaniste André Lurçat, en charge de la reconstruction de la ville. L'architecte Georges Billiet construit un garage, adjoint d'une station service entre 1949 et 1951. L'emplacement et le volume sont semblables au projet d'André Lurçat. Il n'y a pas de sources qui pourraient confirmer le véritable maître-d'oeuvre. D'autre part, on ignore si le garage avait la fonction de garage de réparation automobile, activité exercée aujourd'hui. A une date inconnue, un atelier et un immeuble à logements ont été ajoutés au garage.
Le garage est implanté au bord de l'avenue de la Porte de Paris, à l'entrée sud de la ville reconstruite, sur le contournement de la ville (conçu par l'architecte André Lurçat) et face au pont qui franchit le chemin de fer.
Le volume central de l'édifice initial (garage et station service) est un carré (environ 28m x 20m) adjoint d'un rectangle à l'ouest (sur la rue Georges-Dubut) et un volume arrondi à l'arrière. Des vitrines en menuiseries métalliques ferment les volumes arrondis servaient à exposer des véhicules. Un cloisonnement important a été effectué pour l'aménagement de bureaux et d'ateliers. Le garage est situé au sous-sol. Un logement de type F7 d'environ 170 m² avec terrasse (fermée aujourd'hui) a été construit au-dessus du garage. Un atelier de type hangar sans rapport architectural (structure métallique, murs en brique enduits) a été adjoint au garage. Un immeuble à logements de quatre niveaux construit dans l'esprit de la reconstruction termine cet alignement.
L'avenue de France a été partiellement créée lors du remembrement précédant la reconstruction de la ville sous la direction de l'architecte-urbaniste André Lurçat. L'ancienne rue de France commençait au niveau de la place Mabuse (aujourd'hui à peu près au croisement du Mail et de l'avenue Mabuse, au rond-point) , traversait la Sambre et se terminait à la jonction avec la place de Wattignies, ce qui correspond au début de l'actuelle avenue jusqu'à l'avenue du Colonel-Schouffer.
L'avenue fut prolongée jusqu'à la limite de la zone de reconstruction, par la construction d'immeubles à logements, du sud vers le nord, où une partie des habitations anciennes ont été épargnées.
Architectes ayant participé à la reconstruction de l'Avenue de France: Simone Menez, Adolphe Danis, Armand Bonhomme, André Gaillard, Emile Fays, Jean Badovici, Panos Djélépy, Joseph Ney et Georges Billet pour le garage St Eloi.
Les sources ne mentionnent pas de présence ou de projet de plantation d'arbres. Toutefois, leur présence aujourd'hui laisse à penser que leur plantation ait été prévue au moment de l'aménagement de l'avenue.
Le Mail de Sambre, les Galeries
Le Mail de la Sambre L'immeuble qu'André Lurçat installe le long de la Sambre, au pied de la ville haute et qu'il dénommera "le Mail " est le véritable "morceau de bravoure" de l'intervention de l'architecte à Maubeuge. Cet édifice d'impact urbain considérable n'appartient à la stricte "reconstruction" que par la restitution immobilière de la B.N.C.I. (aujourd'hui B.N.P.) qui n' occupe qu'un cinquième du programme.
Le Mail est d'abord un axe cardinal dont Lurçat rattachait les extrémités au faubourg de Sous-le-Bois, à l'ouest, au-delà du boulevard de l'Europe, à un hôtel de
ville qu'il projetait de réaliser à la croisée des chemins à l'est, face au pont du Moulin.
Le Mail de la Sambre est implanté au pied de la ville haute, le long de la Sambre. Alors que les constructions anciennes tournaient le dos à la rivière, l'immeuble construit le long du boulevard est tourné vers la Sambre. Le rez-de-chaussée surélevé abrite 21 magasins de commerce en retrait sous un portique permettant la promenade à l'abri. Pour rompre la monotonie de la façade longue d'environ 120 mètres, l'architecte a aménagé des avancées, qui abritent également des commerces, et anime l'élévation par l'usage de loggias et un jeu de hauteurs (deux ou trois étages). L'immeuble abrite 54 appartements et couvre une surface de 6468 m². Les murs de l'élévation antérieure sont en brique, l'élévation postérieure, les avancées et les loggias sont en béton. Les archives du fonds Lurçat mentionnent l'usage de la couleur pour l'intérieur des loggias. Nous ignorons si cela a été réalisé. Les entrées de l'immeuble sont aménagées sous le portique, qui est interrompu et souligné par un auvent en béton. Des ébrasements courbes sont recouverts de terre cuite émaillée rouge - ce qui rappelle les immeubles Gounod et César-Franck (IA59001606) - et sont éclairés par des pavés de verre encadrant la porte d'entrée. Les indications pour les plantations ont été partiellement adoptées : des massifs d'arbustes ont été plantés de part et d'autre des avancées, des érables ont été plantés le long du quai mais aucun arbre n'a été planté le long de l'élévation postérieure.
Concernant les dates, les avis divergent selon les sources.
- Projeté en 1950, le Mail fut mis en chantier à partir de 1956 et achevé en 1958, date à laquelle l'architecte Charles Legrand réalise, sous l'égide de Lurçat, le Grand magasin "Les Galeries" (réaménagé en galeries marchandes en 1990) dont la façade courbe relie le Mail aux immeubles de l'avenue Mabuse.
- La datation du projet est approximative : les travaux de MM. Lamy, Thierry et de Mme Colaert en 1993 indiquent les années 1948 et 1952, alors que les premiers plans de l'immeuble, conservés dans le fonds d'archives de l'architecte André Lurçat ne sont pas datés. Les plans plus détaillés du même dossier sont datés entre 1950 et 1953. Les travaux historiques mentionnent les architectes associés à la construction du Mail, réalisée entre 1956 et 1958. L'ensemble constitue le bloc 3 de l'îlot F.
Les architectes Joseph Ney et Maurice Gouvernet, adjoints directs de Lurçat, Henri Lafitte (dont c'est la dernière œuvre) et Emile Fays, sont associés à la réalisation du Mail ainsi que les entreprises Hennebique, pour l'immeuble, et les "Grands Travaux de l'Escaut " pour le quai.
Avenue Jean-Mabuse (Place Mabuse - Place d'armes avant 1940 )
L'avenue Jean-Mabuse a été créée lors du remembrement précédant la reconstruction de la ville sous la direction de Lurçat. Elle reprend le cheminement nord-sud d'avant-guerre mais son tracé a été modifié comme on peut le voir sur la projection satellite.
Ces blocs sont composés d'immeubles à logements avec magasins de commerce en rez-de-chaussée, d'un cinéma. Les élévations sont en béton, rythmées par des balcons (à gauche) et des oriels (à droite). Seul le bloc 5 est en brique.
La place Mabuse, la place d'Armes, c'était comment avant?
Après la guerre, la construction d'un cinéma est vite devenue une nécessité pour les habitants.
Le cinéma et café de La Bourse qui se situait sur le coté Est de la place Mabuse a été détruit lors des bombardements du 16 mai 1940. Le besoin d'une salle en centre ville s'est très vite fait sentir.
En 1943, M, Lahannier fait construire une salle provisoire au milieu de la place d'Armes, ce qui ne sera pas du goût de tous les commerçants qui auraient préféré voir les baraquements regroupés sur cette place. C'est la dispersion à trois endroits différents de la ville qui sera retenue.
La nouvelle Bourse est inaugurée le 29 mars 1943 avec non pas un film, mais une pièce de théâtre. « Les captifs », écrite par les prisonniers du stalag XIIIC et jouée par la compagnie Francis Cover.
Quelques semaines plus tard, ce sera Arletty dans « Madame sans gêne ».
On accédait à la cabine de projection par un escalier métallique extérieur dont les premières marches se situaient au pied du monument de Wattignies.
Le bâtiment devint assez vite gênant pour la circulation et la construction des nouveaux immeubles. L'angle droit de la façade fut transformé pour permettre l'élévation du bloc d'appartements et commerces du projet Lurçat,. Le cinéma provisoire sera détruit en 1953 pour laisser place au cinéma Le Paris dont les travaux avaient débuté en 1952.
Îlot A, Place de la Concorde
La Place de la Concorde, c'était comment avant?
L'îlot A a été remembré et construit par différents architectes associés à André Lurçat, architecte-urbaniste de la reconstruction de la ville. Les différents immeubles de l'îlot A, répartis en "blocs", ont été construits entre 1948 et 1954.
(sauf pour le bloc 5)
L'îlot A forme un rectangle légèrement irrégulier autour de la place de la Concorde. Les immeubles du bloc 1 et 2 forment des alignements continus sur les avenues Jean-Mabuse et Roosevelt, les grands axes de circulation de la ville reconstruite. Les élévations sur rue de ces immeubles sont sobres, alors que celles donnant sur la place de la Concorde sont rythmées par les ressauts des cages d'escalier et les entrées des immeubles. Ce principe est utilisé dans la plupart des alignements d'immeubles de la ville. Ces immeubles abritent des magasins de commerce au rez-de-chaussée. Ils sont construits en béton sur quatre niveaux avec toit terrasse.
Les blocs 3 et 5 sont traités comme des immeubles individuels, abritant un magasin de commerce au-rez-de-chaussée et un logement à l'étage. Ces deux immeubles
et les établissements bancaires sont construits en brique. La ferronnerie est largement utilisée pour les portes et les fenêtres.
Les parcelles du bloc 1 forment un immeuble en alignement continu sur l'avenue Jean-Mabuse. La pente de la rue est rachetée par un escalier. Des magasins de commerce occupent le rez-de-chaussée de cet immeuble à quatre niveaux. L'élévation sur rue est sobre, rythmée par les ouvertures et quelques balcons. L'élévation sur la place de la Concorde est réservée à l'entrée des immeubles, ce qui se traduit par des cages d'escalier en ressaut et des entrées saillantes, construites en brique, alors que les élévations sont en béton.
Bloc 2, immeuble de logements et boutiques, dit Les Arcades, situé entre l'avenue Roosevelt et la place de la Concorde, construit par l'architecte Jean Badovici, 1948 - 1950.
L'immeuble du bloc 2 forme un alignement continu sur l'avenue Roosevelt. Des magasins de commerce occupent le rez-de-chaussée de l'immeuble à quatre niveaux. L'élévation sur rue est sobre, rythmée par les ouvertures et quelques balcons, disposés aux extrémités de l'immeuble, au deuxième et troisième étage. Deux oriels sur deux niveaux animent également la façade. Le rez-de-chaussée commercial est abrité par un portique. L'élévation sur la place de la Concorde est réservée à l'entrée de l'immeuble. Les appartements donnant sur la place bénéficient de balcons. La mise en oeuvre
est semblable à celle de l'immeuble du bloc 1, en béton et brique pour les entrées en rez-de-chaussée.
Îlot D: Rue du 145ème RI (rue de l'Esplanade), Av. Albert 1er, square Lafayette, Building
La rue de Mons, c'était comment avant?
L'îlot D a été remembré et construit par différents architectes associés à André Lurçat. Les différents immeubles, répartis en "blocs", ont été construits entre 1948 et 1960. Les blocs 1, 2 et 3 sont des immeubles à deux niveaux avec magasins de commerce en rez-de-chaussée et logements à l'étage. Ces trois blocs sont en brique et toit terrasse.
Le Building constitue le bloc 4 de l'îlot D. L'immeuble mesure environ 60 m de long.
Il présente une façade de sept niveaux sur la place des Nations et une autre de huit niveaux sur l'avenue du Lieutenant-Colonel-Martin. Cette grande et longue façade est rythmée par des ressauts latéraux d'une travée, et un ressaut central de sept travées. Ces ressauts sont soulignés au 6e étage par un auvent en béton. La deuxième et la sixième travées de ce ressaut central sont encadrées par une mouluration en béton du 2e au 5e étage, rappelant l'oriel. Ces travées sont les seules à avoir des portes-fenêtres à la française à trois vantaux.
Un passage couvert permet d'avoir accès aux entrées de l'immeuble situées à l'arrière. La lecture de cette élévation se fait plus aisément depuis l'avenue du Lieutenant-Colonel-Martin. Le dénivellement du terrain a induit la construction d'un étage de soubassement, en brique, qui accueille des commerces. Des escaliers relient la rue à l'immeuble. L'élévation est rythmée par les cages d'escalier qui font saillie, éclairées par des pavés de verre. Le rez-de-chaussée forme une avancée par rapport aux niveaux supérieurs, la toiture terrasse de ce niveau constituant le balcon du 1er étage. Les balcons des niveaux supérieurs sont en saillie. L'immeuble est en béton, seul l'étage de soubassement est en brique. Les élévations ont fait l'objet d'une rénovation ; une peinture de couleur vert-gris protège le béton et est proche de l'enduit ciment qui recouvrait les façades à l'origine.
Le rez-de-chaussée de l'élévation sur la place des Nations est réservé aux commerces.
Les niveaux supérieurs sont occupés par 42 logements (du F2 au F6). Les appartements du 6e étage bénéficient d'une terrasse, agrémentée d'un solarium, qui était réservé aux résidents n'ayant pas de balcon. La répartition des appartements est identique du 2e au 5e étage : du F2 (deux types d'appartement) au F6. Les appartements de type F3 à F6 ont des ouvertures sur les deux façades alors que les F2 sont juxtaposés, ouvrant chacun sur un côté. La plupart des appartements sont distribuées par un couloir, alors que le F2 donnant sur la place des Nations est disposé en enfilade.
Av. Albert 1er (Ilot C1) - Av. Roosevelt (Ilots B et C2), (Anc. Rue de la République)
Église Saint Pierre-Saint Paul
L'église est le seul bâtiment public construit par Lurçat qui était prévu dans le programme de reconstruction. L'école maternelle du Pont-Allant et la Caisse de Sécurité Sociale autres bâtiments publics construits par Lurçat n'étaient pas prévus dans le programme initial.
L'église est le résultat d'une fructueuse collaboration entre le doyen Fiévet et André Lurçat. Elle sera élevée Av. Franklin Roosevelt entre deux îlots récemment construits et dans l'axe de la rue Georges Paillot.
Le clocher de 43 m. de haut, est flanqué d' une tour cylindrique contenant l'escalier d'accès au carillon.
Les statues des apôtres Pierre et Paul de 2,5 m de hauteur, du sculpteur Félix Roulin, sont installées au sommet de la façade.
Le tympan du porche est décoré d' une mosaïque réalisée par Schmidt-Chevallier d'après les dessins de Jean Lurçat, frère aîné de l'architecte. Elle représente l'histoire de Pierre "pêcheur d'hommes" et de Paul "persécuteur converti ".
André dessinera le maître-autel, l'autel, les chapelles, le jubé et la chaire que Jean décorera de mosaïques.
Le projet, élaboré à partir de 1950, fut mis en chantier en 1955. L' église fut consacrée le 15 août 1958.
Pour l'église, il travaille avec Henri Lafitte qui fait un avant-projet art-déco en 1947, lequel aboutit à un projet sobre prévoyant des matériaux modernes. La construction débute en 1955 et la réception définitive a lieu en décembre 1960.
La mosaïque extérieure est réalisée en émaux de Murano par Schmidt-Chevallier, d'après les cartons du tapissier Jean Lurçat, frère de l'architecte, et les mosaïques intérieures par Catherine Lurçat, fille de l'architecte.
L'orgue, réalisé par la manufacture Grandes Orgues de Lyon a été remplacé en 1993 par un orgue de style néoclassique placé dans le choeur et réalisé par le facteur d'orgues Bernard Cogez.
Les vitraux, en dalle de verre, ont été réalisés par Bernard Pelletier dans les années 1970.
Le chemin de croix originel, réalisé par Catherine Lurçat, également l'auteur des mosaïques du banc de communion et du maître-autel, est situé dans le déambulatoire.
Un second chemin de croix, réalisé par Livio Korn en 1994, a été placé dans la nef.
De la place d'Armes, où elle occupait une position centrale, elle fut déplacée vers l'ouest, dans un îlot constitué d'immeubles, sur un axe de circulation. L'édifice est surélevé par rapport à la rue et entouré par un muret, qui rappelle le mur de clôture. L'ensemble occupe une surface de 3220 m². Le plan est un trapèze, étiré du côté de la façade, auquel a été ajouté le choeur avec déambulatoire. L'autel fut installé au centre du choeur et non plus adossé à celui-ci, ce qui préfigure le Concile de Vatican II. La nef est large, destinée à accueillir 1000 fidèles. La voûte est faite de ciment projeté sur structure métallique, suspendue à quatre poutres reportées sur huit poteaux cruciformes. L'éclairage conçu par André Lurçat était naturel : la nef est éclairée par une grande verrière composée de cubes de verre et le choeur était éclairé par un oculus zénithal, qui a été occulté par un faux plafond qui a mis la nef et le choeur au même niveau.
L'extérieur est en béton brut de décoffrage bouchardé. Une terrasse couvre l'église.
Le clocher en campanile de 43 m de haut est en béton armé et éclairé par des pavés de verre. Sous l'auvent en accolade, les scènes de la vie des saints patrons sont représentées en mosaïque : saint Pierre, pêcheur d'hommes, la Jérusalem céleste et la conversion de saint Paul . Les statues de saints Pierre et Paul, en pierre, couronnent l'élévation antérieure. Elles sont l'oeuvre du sculpteur Félix Roulin, mises en oeuvre par le marbrier Pouillon, de Cousolre (Nord).
Résidence du Parc
Les quatre immeubles collectifs de la Résidence du Parc ont été construits à partir de 1950 par Lurçat sur un programme de l'Office Départemental d'H.L.M. du Nord . (qui venait d' être constitué). Pour Lurçat, c'est l'occasion de réitérer ses propositions d'urbanisme nouveau pour la ville en se dégageant du cadre (linéaire) que les commerçants sinistrés imposent ailleurs.
Situés en bordure du Petit-Bois; qui deviendra Parc zoologique en 1958, ils marquent l'entrée ouest de la cité et dominent la vallée de la Sambre. Le plan des arbres à planter date de 1951.
Ils sont installés en épi, de part et d'autre du boulevard qui dorénavant
ceinture le nouveau périmètre urbain, "de telle manière que l'œil du voyageur
venant de la vallée enregistre successivement leur façade principale".
Trois immeubles sont implantés en épi à l'ouest du boulevard (voir le plan) et le quatrième est implanté à l'est.
Les aménagements extérieurs, plantation et aires de jeux sont conçus par Lurçat lui-même soucieux de livrer une opération exemplaire: un morceau de
"cité-jardin urbaine" de quelques 6100 m² dans lequel les besoins des habitants ont été scrupuleusement pris en compte.
Les immeubles de trois étages comprenant neuf logements chacun (6 T3, 2 T2, 1 Tl) sont édifiés sur un entresol formant socle regroupant les caves et les garages. Les façades expriment clairement la disposition intérieure du plan: au nord, l'entrée principale, la desserte des étages et les pièces de service (cuisine, salle de bains) ; au sud les pièces de vie : chambre et séjour dont l'angle est traité en loggia, La façade nord est habillée d' une paroi venant en surépaisseur du plan principal: cette surface forme comme un tableau qui rassemble la composition symétrique des percements: au centre, baies à encadrement à trois partitions, marquant la cage d'escalier et de part et d'autre de la ponctuation d'un rang d'oculi, des baies à deux partitions en double rang.
Le porche est conçu comme un tube de section rectangulaire et soudé à la façade. L'effet est renforcé par les emmarchements qui détachent le seuil du sol, par les deux colonnes à facettes qui font fonction de raidisseurs plutôt que de support d'entablement et par le parement en céramique des parois intérieures. L' expressivité de la façade sud est due à l'encadrement d'un tableau central uniformément percé par des standards de baies à trois partitions, à des loggias à la fois saillantes en façade et sculptées dans les angles avec un retournement courbe des chants de dalles autour d'une colonne.
Les immeubles sont clairement stratifiés en socles, corps d'édifice et acrotères, chacune des parties faisant l'objet d'un traitement architectural spécifique au moyen de profils et moulures rapportées. Le traitement des acrotères est remarquable : les bords des tableaux saillants des façades sont accompagnés d'une moulure périphérique qui, après son retournement pour former corniche, est interrompue pour être soulignée. Ce même effet de traitement singulier, hormis le fait qu'il produit une élégante ligne d'épannelage, est visible sur les corniches accompagnant les pignons. Dans l' enduit des façades est imprimé un réseau de mailles rectangulaires.
Maisons individuelles (IDT), route de Valenciennes
La construction des I.D.T. (immeubles à destination transitoire) est la première opération de reconstruction de la ville de Maubeuge, située hors du périmètre de la ville intra-muros détruite à 90% par le bombardement de mai 1940. Le programme, constitué de 50 maisons individuelles, a été financé par l'Etat et devait loger les ouvriers en charge de la reconstruction. Cet ensemble a été réalisé d'après les plans de l'architecte-urbaniste André Lurçat entre mai 1946 et 1949. La première est posée le 24 ou 26 mai 1946.
Lurçat avait annoncé "La ville sera moderne, claire, verte, aérée et insolée". Une "cité-jardin urbaine" en quelque sorte. Cette première réalisation de l'architecte concrétisera les conceptions urbanistiques et architecturales décrites quelques mois plus tôt lors des meetings organisés avec les maubeugeois.
L'organisation du projet se fera en deux lignes d'immeubles placés en fort retrait par rapport à la route avec une exposition maximale des façades au Sud, face aux remparts. Cette profondeur est l'occasion de se détacher de l'espace privatif classique du front de rue.
Cinq types de logements individuels sont réalisés sous la forme de petits immeubles, où l'unité architecturale du groupe est privilégiée par rapport à l'individualisation du logement.
Le "décrochements" des façades permet de rompre la mise en scène de la mitoyenneté. Lurçat invente ici le discret et étonnant détail de la corniche interrompue et retournée perpendiculairement sur la façade.
Cette réalisation préfigure les conceptions urbanistiques directement apparentées à celles du Mouvement Moderne, que Lurçat tendra à mettre en œuvre pour la reconstruction: toitures-terrasses, maçonneries lisses uniformément passées à l'enduit (la construction est en briques), prépondérance des lignes horizontales, absence de décor.
En fait, le groupe des I.D.T. maubeugeois témoigne d'un basculement dans l'œuvre de Lurçat. Au purisme d'une volumétrie moderne s'associe désormais la déclinaison d'éléments issus de la codification architecturale classique.
Ce nouveau langage se traduit par l'adoption de « standards » qu'il impose aux équipes de maîtrise d'œuvre.
Vers 1975, l'alignement a été percé et quelques maisons ont été détruites afin d'aménager une route.
École matenelle du Pont-Allant
26 projets de conception d'écoles ont été recensés dans l'œuvre de Lurçat. Pour Maubeuge, l'architecte présente plusieurs projets. Un seul verra le jour, celui de l'école maternelle du Pont Allant. Son confrère Eric Lafitte participera également à sa réalisation. Les plans datent de 1958.
L'école est constituée de 5 classes (3 maternelles et 2 cours préparatoires) en enfilade situées côté sud, distribuées par un couloir situé au nord. Cette disposition linéaire est interrompue par une salle de jeux disposée en saillie sur la cour.
Au dos de l'école, s'élève un bâtiment occupé au rez-de-chaussée par les vestiaires et à l'étage par l'habitation du directeur.
Les menuiseries originelles en acier ont été remplacées. La conception de cette école se résume en trois mots, simplicité, fonctionnalité et luminosité.
Une photo aérienne du 29 juillet 1963 nous montre que les travaux n'étaient pas encore commencés.