Histoire de la ferme-château du Pont de Sains à Féron.
Source Gallica : Le journal de Fourmies du samedi 5 janvier 1935.
Le 27 novembre 1563, Philippe de Lalis, maître de forges à Glageon, avait obtenu de Philippe de Croÿ, duc d'Arschot, seigneur d'Avesnes, 54 rasières de 80 verges de terrain dans la fagne de Sains et le bois Colinet, au gué Bréhieu, situé à Glageon, entre le hameau de Landrissart et la ferme du Joli-Bois. Il y établit une forge, dont il y a quelques années on pouvait voir encore les ruines.
En 1581, il obtint l'autorisation du dit duc d'Arschot, de transférer sa forge au lieudit le Pont-de- Sains, territoire de Féron, les réservoirs d'eau étant sur le territoire de Sains. Philippe de Lalis devait payer annuellement, par rasière, une redevance de 30 sols tournois et 24 livres pour le courant d'eau. Philippe de Croy accorda en outre à Philippe de Lalis une queue du bois du petit Fresseau, tenant au vivier et au grand chemin. Cette concession fut faite de concert avec l'abbaye de Liessies, propriétaire indivis du bois.
C'est là qu'il établit ses forges à l'endroit même où plus tard on construisit la maison connue sous le nom de Château du Pont de Sains; les bâtiments fortifiés étaient entourés d'eau, il en reste encore une partie aujourd'hui (Duvaux. 1930).
On peut voir sur la planche 39 de l'album Propriétés des Croÿ II, le 1er bâtiment construit au Pont de Sains.
Il n'est pas sans intérêt de connaître les propriétaires successifs de ce domaine, qui formait un fief de la terre et pairie d'Avesnes. En 1590, l'usine passe aux mains de Charles de Ghosée. Son fils, François de Ghosée, après en avoir fait le relief en 1598, le vendit, en 1603, pour une rente de 400 livres à Martin Poschet de la branche de Voyaux, à qui succéda l'un de ses fils, Philippe Poschet, lequel en rendit foi et hommage en 1655. Ce dernier, n'ayant pas d'héritiers directs, donna en 1691, à son neveu, Philippe-Joseph-Théodore Poschet, fils de Pierre le domaine du Pont-de-Sains.
Charles de Ghosée ajouta un fourneau aux "Marteau, forge et affineries existants" , ce qui créa une autre rente de 5 livres au profit de l'abbaye de Liessies.
Les usines de fer du Pont-de-Sains connurent pendant de longues années des vicissitudes. Vers 1725 le fourneau ne marchait que six mois de l'année et consommait pendant cette période 1.500 cordes de bois (la corde fait 4 stères). En 1727 ou 37, il donnait par jour 3.000 livres de fonte; on croit qu'il fut détruit vers 1730 ou 40. En 1771, il n'y avait plus qu'une affinerie qui fonctionnait et l'usine cessa peu après.
Après la révolution, la forge seulement fut remise en activité. En 1825, elle était occupée par M. Hufty, maire de Glageon. concessionnaire des mines de Couplevoie et de Féron. Son gendre M. Moutier-Hufty, l'exploita jusqu'en 1860 date à laquelle les activité de forge cessèrent suite à un édit protégeant la forêt et l'intérêt naissant pour la houille.
Après cette incursion dans le domaine local de la métallurgie de l'époque, revenons au château proprement dit:
Philippe-Joseph-Théodore Poschet, meurt célibataire en 1746, après avoir donné en dot la nue-propriété des forges et du château à sa sœur Marie-Thérèse-Jacqueline, mariée à Henri-Honoré-Joseph du Puis. Le fils de ces derniers, Philippe-Joseph-Emmanuel, né à Mons en 1721, ayant épousé en 1747 Marie-Catherine-Victoire Desmanets, fit construire près des anciens bâtiments le château moderne aujourd'hui disparu (vendu et détruit à la fin du XIXème siècle pour les matériaux). (Duvaux qui donne ces renseignements en possédait, dit-il, une photographie). Du Puis, émigré, lors de la Révolution, ses biens sont confisqués et vendus.
L'ancien évêque d'Autun, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, parti en Amérique, où il se livrait au commerce, ses propriétés paternelles ayant été confisquées, rentre en France en 1796 et est appelé au Ministère des relations extérieures. Il achète en 1801 le château du Pont de Sains, le bois du Fresseau, la Fagne de Sains, l'Hayette, le bois Colinet, les bois de Baileux, de Beugnies et d'Anor conjointement avec Catherine Grand, à un banquier belge Michel Simons qui était en relations d’affaires avec Talleyrand. Une aile fut ajoutée en 1808 et un étage vers 1828. C'est à cette époque que fut dessiné le grand parc qui l'entourait, en tirant parti des arbres séculaires de la forêt, des pièces d'eau et du cours d'eau qui avaient servi à l'usine abandonnée. On employa pour ces travaux de la main-d'œuvre de prisonniers espagnols qui avaient été en assez grand nombre cantonnés à Avesnes. Talleyrand qui avait été fait prince de Bénévent, avait une épouse qui aimait les réceptions fastueuses. La princesse donna au Pont-de-Sains de grandes fêtes au cours desquelles elle recevait les hommages de très grands personnages. Ces fêtes procuraient à cette partie de notre région une magnifique animation. Le parc, les jardins, la cour d'honneur, les routes environnantes, étaient encombrés d'une foule de cavaliers, de chaises de postes, de seigneurs, de serviteurs, de courriers, etc... Plusieurs pierres tombales de l'église de Féron font connaître l'existence d'une chapelle au Pont de Sains, desservie par un chapelain à demeure. On y baptisait les enfants nés dans la paroisse, lorsqu'il y avait péril pour la population à rester dans le village. C'est ainsi que les manants de Féron, fuyant les troupes du duc de Lorraine, s'étaient réfugiés au Pont-de-Sains et que deux enfants y avaient été baptisés. On ignore l'emplacement exact de cette chapelle, mais il est possible que la tour que l'on voit sur le tableau en soit un des éléments. A proximité du château se trouve un étang d'environ 14 hectares, au milieu duquel passe le cours d'eau qui alimentait la forge. La situation du château près de cet étang spacieux, au fond d'un vallon environné de bois, est assez pittoresque. On peut regretter, (1935) que soit complètement gâché l'aspect de la porte d'entrée du château avec ses deux tourelles qui ne manquent pas d'allure, gâché par l'installation proche d'un affreux transformateur électrique, dont le Grand Echo nous donnait récemment une photographie, montrant l'effet déplorable résultant de cette malencontreuse installation. On regrette aussi la couleur fade du badigeon dont on a cru devoir recouvrir les vénérables tours qui flanquent la porte, ainsi que cette dernière. Aucun badigeon ne s'imposait pour détruire l'ancien aspect de cette entrée et il est bien fâcheux qu'on y ait eu recours.
A la mort de Talleyrand en 1838, c'est sa nièce, la duchesse de Dino, qui héritera du domaine et le transmettra ensuite à sa fille Pauline de Talleyrand-Périgord, épouse du marquis Henri-Charles de Castellane, décédé en
1890. ....
L'ancienne maison des maîtres de forge devenue demeure de la famille de Castellane jusqu'en 1918 après l'arrêt de l'activité en 1860 ou après la démolition du château Talleyrand à la fin du XIXème siècle. On voit
sur la carte postale ancienne que par rapport à la toile, des travaux ont été réalisés.
(Aujourd'hui, Ferme du Pont de Sains)
Carte postale fournie par Claudie Péant.
.... Marie Philippe Antoine Boniface de Castellane légua la propriété à ses trois fils.
Boni de Castellane qui fut député des Basses-Alpes en fut le dernier propriétaire de la famille.
En 1899, il vendit le bois Colinet à M. le Comte de Mérode; le bois du Fresseau, vendu également, appartient actuellement (1935) à M. Alluite-Wiart, de Wignehies; la ferme du Joli-Bois (vulgairement appelée Ferme à lunettes) a comme propriétaire M. Félix Sohier le Moinier; quant à ce qui est aujourd'hui le château du Pont de Sains et le reste du domaine, il appartient depuis 1925 à Gaston Dubois-Waast, un important brasseur à Denain.
En 1941, Marcelle de Peretti, en deviendra la dernière propriétaire privée.
En 1975, Mme de Peretti la céda à une association de Trélon, "la Maison des Enfants" qui réalisera d’importants travaux qui donneront aux dépendances leur aspect actuel et ce dans le but d'y implanter un Centre d’Aide par le Travail pour des adultes handicapés. (Aujoud'hui, Ferme du Pont de Sains)
Il a été construit par le Prince Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754 - 1838 ). Il était la reproduction exacte du petit temple édifié par l'impératrice Joséphine dans son domaine de la Malmaison. Le temple possédait quatre colonnes en marbre rouge de Rance. Ces colonnes commandées par les architectes de Louis XIV étaient à l'origine destinées au château de Versailles. Elles seront démontées et vendues en 1926 par Boni de Castelane dernier propriétaire du lieu et partiront pour les Etats-Unis. Elles seront remplacées par des piliers en briques. Il fut restauré en 1987, les colonnes de briques étant remplacées par des colonnes de pierres reconstituées semblables à celles d'origine. Son inauguration a eu lieu le 19 septembre 1987.