Le château d'Éclaibes date du XIe ou XIIe siècle. De l'ancien château-fort il ne reste plus que les fossés larges et profonds, les murs délabrés de l'enceinte, la porte sud qui a perdu son pont-levis et une des quatre grosses tours qui le défendaient. Cette tour dite "tour de la Sorcière" et de 8 à 9 mètres de diamètre a abrité un fauconneau (petit canon) pouvant lancer des projectiles de 2,5 kilos.
On y voit encore deux inscriptions, datées 1549 et 1556.
Le Château a été bâti sur un affleurement de roches primaires dures; les blocs extraits pour creuser les douves ont servi à sa construction. Le château devait à l'origine posséder quatre tours, cette enceinte devait enfermer le logis, la salle d'audience, la chapelle et des bâtiments de services. Au XVIIIe siècle, l'enceinte intérieure fut abandonnée : on exploita alors l'espace pour y construire les granges et autres bâtiments qui sont ceux de l'actuelle ferme. On accède aujourd'hui par la porte Est. Sur sa droite s'étend le bâtiment de la ferme dont la toiture a été refaite récemment. Le rez-de-chaussée de la tour de la Sorcière est couvert par une coupole, sa cheminée a subi une restauration à l'époque moderne, c'était probablement là que se trouvait la cuisine. Dans la tour de la Prison, une salle subsiste au-dessus du niveau du sol, sa cave en pierre est couverte d'une voûte en forme de coquille de moule.
Dès sa fondation, le château est habité alors par la famille de Roussillon, une branche cadette de la maison de Chièvres. A partir de 1251, ce sont les aînés de la famille des seigneurs d’Eclaibes qui se succèdent jusqu’en 1591.
Jean III, dont le nom figure sur les pierres du château, fut chambellan de Charles Quint. En 1535, il accompagna celui-ci à Tunis et se trouva au premier rang lors de la prise de La Goulette. Il aurait séduit une des filles de Mulay-Assan, bey de Tunis et se serait enfui avec elle pour l'épouser sous le nom de Catherine de Gaussy. Il fit alors presqu'entièrement reconstruire le château à la turquesque par amour pour son épouse.
Il meurt sans enfant légitime en 1591. Charles, l’aîné de ses bâtards, en hérite, mais il décède dix années plus tard, célibataire et ayant omis de tester. Aussi Charles De Croÿ, prince de Chimay, Seigneur d’Avesnes, Suzerain d’Eclaibes procède-t-il au retrait féodal en tant que seigneur d’Avesnes dont dépendait Eclaibes. Il fit réparer le château au commencement du XVIIe siècle. Deux seigneurs d'Éclaibes furent tués lors de ces croisades. À titre posthume, ils reçurent le titre de Chevaliers de Jérusalem et du Mont Sinaï.
Louis XI, en guerre contre le Duc de Bourgogne dit Charles le Téméraire, qu'il finit par vaincre, vint, par deux fois, attaquer Avesnes. Il la pilla avant d'y mettre le feu. Puis il s'attaqua au Quesnoy et à Maubeuge qu'il brûla. C'est pendant cette période qu'il séjourna au château d'Éclaibes. Le Hainaut resta cependant une possession de la Bourgogne et les seigneurs d'Éclaibes furent donc les vassaux de Charles Quint. L'un d'eux, Gilles IV, devint proche de l'empereur et épousa la fille d'un puissant comte puis fut tué en combattant les Turcs, alliés de François 1er en 1532.
Le château d'Éclaibes fut plusieurs fois assiégé sous Louis XIII et Louis XIV qui convoitaient le Hainaut, alors encore possession espagnole. Turenne reprend Maubeuge en 1665 et la région devient définitivement française lors de la Paix de Nimègue, le 17 septembre 1678. Louis XIV séjourna au château d'Éclaibes sur l'invitation du prince de Croÿ qui l'incita à en faire une place forte puisque s'y trouvaient eau et carrières. Le roi y semblait favorable mais un incident le fit changer d'avis. À la fin du repas, il fit venir la chaise percée pour y assouvir un besoin naturel. Mais le meuble était si vétuste qu'il s'effondra sous le poids du Roi-Soleil ! " Peste soit d'Éclaibes et de son meuble " s'exclama-t-il ! Et il fit fortifier Maubeuge au lieu d'Éclaibes… Jusqu'à la fin du XIXe siècle, c'était faire injure aux habitants d'Éclaibes que de mimer l'effondrement du souverain.
Au XVIIIe siècle, il appartint à Philippe d'Alsace, Comte de Boussu, et ensuite à la maison d'Orléans.
En 1842, le château possédait encore ses murailles percées de créneaux et ses tours certes écrêtées, mais toujours visibles.
Le dernier descendant de Charles de Croÿ était un baron qui mourut sans postérité en 1740. Il avait cédé ses terres au duc d'Orléans, le père de Philippe Égalité. À sa mort, la liquidation de ses biens se fit au profit de ses créanciers. Cela prit plusieurs années et, en 1810, le château devint la propriété de Philippe Joseph Cuissot, maire d'Éclaibes et ancêtre des propriétaires actuels.
Mme Clément-Hémery écrit en 1829 dans "Promenades dans l'arrondissement d'Avesnes" que la tour située au Sud/Ouest est la tour de la "Sorcière" alors que dans les notes historiques, c'est la tour Nord/Ouest qui porte ce nom. Un point qui reste donc à éclaircir.
Ce qui est dit sur les albums de Croÿ à propos du château d'Eclaibes.
Le plan représenté est orienté, le nord en haut. Il montre un quadrilatère carré, cantonné à ses angles de tours rondes et qui constitue le château proprement dit organisé à la manière médiévale. A ce château est associée, au sud, la basse-cour nommément désignée (la basse courte) et qui comprend bergerie, brasserie et un abreuvoir. Un document tiré des Archives Nationales (300 API 449) précise qu'elle comprenait aussi un «fournil, des casemates et prisons, une escuyerie, des granges, des étables, des porteries, deux portes avec deux ponts-levis». Le tout est enfermé dans une enceinte bastionnée figurée par un gros trait et par une ligne rouge qui se recoupent par endroits, notamment au centre des quatre fronts. D'autres éléments complètent cette description graphique : sur le front ouest, des hachures désignent sans doute un escarpement «la roche vive» que conforte une muraille dans l'angle sud-ouest et qu'escalade une rampe dans l'angle nord-ouest ; dans ce même angle, il semble y avoir double courtine pour le bastion ; sur le front est, en avant de la courtine, une autre ligne de front relie le bastion nord-ouest à une tour placée au sud-est et circonstante à la pointe du bastion. Enfin sont identifiées les entrées : une au nord, décentrée, correspondant à celle du château médiéval : une au sud, au milieu du front. Cette enceinte bastionnée est entourée de fossés dont on ne peut affirmer qu'ils sont pleins d'eau.
Il est intéressant de rapprocher ce plan d'un autre publié par Mme Clément-Hémery en 1829 dans ses « Promenades en Avesnois ». Pour l'essentiel, ces plans concordent. Cependant, des précisions vous sont apportées sur l'identification des lieux : la prison se trouvait dans la tour nord-est la "tour de Fer" ; la tour sud ouest était celle de "la Sorcière" ; un corps de logis collait à l'intérieur du front nord, la chapelle tenait au front est et une salle d'audience au front sud et à la tour de la Sorcière. Il nous précise également que les fossés étaient très profonds et qu'une partie était sans eau ; que les tours avaient environ huit mètres de diamètre et vingt-quatre mètres de circonférence, etc. On pourra, sur les deux planches, voir ce qu'était en élévation cette forteresse et savoir ce qu'il en est advenu.
Remarques : En comparant le plan des albums de Croy et le cadastre de 1810, il apparaît que le château n'a pas été construit au Nord de l'enceinte, mais au Sud. On peut toutefois se demander si l'orientation "Nord" indiquée dans le texte est exacte, puisqu'il suffit de retourner le plan pour que château se trouve tel qu'il est sur le terrain. Détail qui pourrait confirmer cette hypothèse, l'abreuvoir qui est situé au Sud/Est sur le plan se retrouverait au Nord/Ouest, c'est à dire l'emplacement où il est encore visible aujourd'hui.
Quelques Notes Historiques et Chronologiques sur la Seigneurie d'Éclaibes d'après les papiers des anciens possesseurs de la terre d'Eclaibes aux Archives Nationales.
Mémoires de la Société archéologique de l'arrondissement d'Avesnes. Tome XI. Edition1924. A. Duvaux.
Source gallica.bnf.fr.
S'agissant d'archives, le texte est en français de l'époque.
Eclaibes est un petit village de 300 habitants du canton de Maubeuge, arrondissement d'Avesnes, à 10 kilomètres de distance de ces deux villes. Il est mentionné pour la première fois dans la lettre de Nicolas, évêque de Cambrai, par laquelle ce prélat concède en l'an 1162 à l'abbaye de Liessies l'autel d'Eclaibes, sans doute nouvellement érigé.
Une seigneurie et un château fort, aujourd'hui en ruines, ont fait sa renommée toujours grande près des amateurs de notre histoire locale. Compulsant un jour aux Archives nationales l'inventaire des titres d'Eclaibes, notre attention fut captivée par le nombre et l'importance de ces titres. Lors de la communication, nous avons aussitôt remarqué le peu de corrélation existant entre ce qui a été publié sur la seigneurie et les documents qui la concernent.
Ces archives commencent à l'an 1430, aucune pièce plus ancienne par conséquent, aucune base ne permet de remonter plus haut quoique la seigneurie soit antérieure à cette date.
Nous suivons simplement les titres sans nous en écarter, le temps dont nous disposions et le but restreint de cette notice ne nous a pas permis d'entrer dans les menus détails de cet amas de pièces concernant la seigneurie d'Eclaibes.
La bibliothèque de Bourgogne renferme une généalogie manuscrite des seigneurs d'Eclaibes, écriture du XVIIe siècle. Aucune date n'y vient appuyer les faits mentionnés et sans rapport avec les titres de la seigneurie reposant aux archives.
GILLES, SEIGNEUR D'ECLAIBES (1) 1429-1482
En l'an 1430, Jean Levasvrilliers, receveur d'Eclaibes, Semousies, Dourlers, Sains, Longueville, Baives, Wallers, Maubeuge, présente son compte des domaines à haut et puissant seigneur Gilles, seigneur d'Eclaibes, pour l'année finie à la saint Jean de l'an 1430.
Raymond Domin, prêtre, curé de Beaufort présente à Gilles seigneur d'Eclaibes son compte pour un an fini au Ier Juillet 1436.
Autre compte du même curé pour 1438.
1ère liasse. Titre 5. - Comptes de la terre et recettes des domaines d'Eclaibes.
Sous l'administration de Gilles fut fait un cartulaire des cens et rentes de la Terre ville et seigneurie d'Eclaibes. Sans date et non signé. Complet en 12 rôles de parchemin d'une écriture superbe.
Rentes seigneuriales. Titre XI Portef. 2. côté M. 44.
FASTRE, SEIGNEUR D'ECLAIBES 1482 ? 1501.
Le premier titre faisant mention de Fastré est une copie collationnée datée du 11 Décembre 1482 d'un contrat de constitution de trente livres de rente sur toute la terre et seigneurie d'Eclaibes payable annuellement au jour de Noël et de la Saint Jean-Baptiste par égale portion passé par Fastré, seigneur d'Eclaibes, au profit de Jean de Hogues, clerc de la cour de Mons.
L'acte portant constitution de cette rente a été passé pardevant le bailly d'Aymeries entre les mains duquel le seigneur d'Eclaibes se deshérita de sa terre comme la tenant en fief du seigneur d'Aymeries.
Ledit contrat sous cote D. 20.
A l'inventaire on a ajouté l'observation suivante : Cette méprise pouvait venir de ce que Fastré d'Eclaibes ainsi qu'on peut l'augurer des termes du même acte n'était pas fils du seigneur d'Eclaibes, mais de Gilles d'Eclaibes, seigneur d'Espinoy et qu'il ignorait peut-être que la terre d'Eclaibes fut tenue d'Avesnes ainsi que le même Fastré d'Eclaibes l'a reconnu par son dénombrement du 16 février 1497 et que les seigneurs d'Aymeries en ont donné les déclarations comme on peut voir par la pièce suivante.
V Michaux, chronologie des seigneurs d'Avesnes, p. 352 A. D.
(1) Le nom de ce village est écrit dans de nombreux titres Esclaibes et Esclaibbes.
AVEU ET DENOMBREMENT DE LA SEIGNEURIE D'ECLAIBES
Dénombrement fourni par messire Fastré d'Esclaibes. le 16 février 1497, seigneur d'Esclaibes et d'Espinoy, par lequel il avoue tenir en foi et hommage de la terre et paierie d'Avesnes.
1° Ladite terre et seigneurie d'Esclaibes à lui venue de son patrimoine avec la forteresse et maison de cense en dépendant, grange, terres labourables, prets, pastures, tailles cens et rentes d'argent, de grains, de chapons, de poules de pains, douzaines, corvées, moulin banal, viviers, bois, tonnieu, droits de corvée à volonté, morte mains, et paisson, etc., de laquelle seigneurie d 'Esclaibes étaient tenus les arrière fiefs suivants : scavoir : deux fiefs à Les Fontaine consistant en justice haute moyenne et basse en terrage, prets, rentes d'argent d'avoine et chapons tenus par Jacques de Solre demeurant à Valenciennes, deux autres fiefs gisant audit Les Fontaines tenus par Jacques seigneur de Lixe à lui appartenant d'acquet fait à messire Jean seigneur d'Issenghien consistant aussi en justice haute moyenne et basse dimes terrage prets rentes d'avoine et chapons, et en un cinquième fief gisant à St-Aubain tenu par Pierre de Quoyerne demeurant à Dourlers consistant en une pièce de terre labourable de trois muids appelée le champ Oger.
2° un fief audit sieur d'Esclaibes appartenant d'acquest gisant ès villes de Fontaine et Limont consistant dans le droit de tonnieux desdittes villes et dans le droit de pourchain qui était tel que chacun mennage d'icelles deux villes
NOTE. - La ville d'Avesnes venait d'être brûlée et rasée par Louis XI en 1477. La terre d'Avesnes était confisquée à Alain d'Albret, seigneur d'Avesnes, vassal de Marie de Bourgogne, mais qui suivait néanmoins le parti du roi de France et la concession éventuelle de ces domaines dévastés fut faite à Charles et à Philippe de Croy alors en grande faveur à la cour de cette princesse.
De là naquirent de longues procédures.
Ces difficultés expliquent mieux que la note de l'inventaire des titres, l'acte de relief passé par le seigneur d'Eclaibes devant le tout puissant Rolin sire d'Aymeries.
devaient et payaient annuellement au jour St-Rémy une poule, un denier, un pain et un charlet d'avoine.
Les archives renferment un beau cartulaire des rentes seigneuriales d'Eclaibes, établi sous l'administration de Fastré, on y trouve le plan figuratif du village, du château et des héritages sujets auxdites rentes, non signé, composé de 5 roles parchemin grand in-folio d'une écriture soignée, quatre cartes figuratives, et deux autres cartes du château ajoutées, le tout relié en parfait état.
Coté M. 45, 46, 47.
Fastré d'Eclaibes mourut en 1501, de son mariage avec Zabelle de Prissin, de France, ont eu un fils et quatre filles : Marguerite, Jacques, etc...
Preuves : généalogie avec blasons coloriés dressée par Van Vaniersèle roi d'armes pour servir aux procédures avec le sieur du Fosteau.
JACQUES, SEIGNEUR D'ECLAIBES, 1501-1510
Marguerite d'Eclaibes, aînée des enfants de Fastré d'Eclaibes, avait épousé Jean de Sars, seigneur du Fosteau, Jacques d'Eclaibes, deuxième enfant, avait épousé Adrienne Gosselet, dame de Neuville, nommée plus communément Adrienne de Neuville (1).
Appelé à succéder à son père, mort dans les premiers mois de l'an 150l, Jacques fit incontinent le dénombrement et aveu des héritages qui lui étaient échus.
La cour féodale lui donna audience le 10 avril 1501 et Louise d'Albret et Charles de Croy qui l'avaient en grande estime comme vaillant chevalier l'agréèrent et lui firent le plus chaleureux accueil.
ECLAIBES 10 Avril 1501
Dénombrement fourni par Messire Jacques d'Eclaibes le 10 avril 1501 par lequel il avoue tenir en foi et hommage de la terre et pairie d'Avesnes trois fiefs amples à lui échus par le décès de Fastré d'Eclaibes son père, savoir : la terre et seigneurie d'Eclaibes forteresse, maison de cense dans
(1) Généalogie de Englebert Glaccsio roy d'armes et contrat de mariage. - Archives Nationales.
sa basse cour, moulin à ban, bois, viviers, taille, cens et rentes d'argent, d'avoine et de chapons, en corvées trois fois l'an et toute justice, haute moyenne et basse, en dixmes, terrages et services d'héritages quand ils vont de main à autre, de laquelle seigneurie étaient tenus les arrière fiefs qui suivent savoir :
1. un fief gisant à Lesfontaines tenu par messire Bauduin de Lannoy seigneur de Mollembais.
2. un autre fief gisant audit Lesfontaines tenu par Pierre de Solre.
3. un troisième fief tenu par Pierre de Quoiyerne gisant au terroir de Saint Aubain consistant en huit muids de terre labourable en une pièce.
Le second fief que ledit seigneur d'Eclaibes avoue tenir en foi et hommage d'Avesnes était gisant à Fontaine et Limont, il déclare qu'il consistait dans le droit de tonlieu et dans le droit de poursoing dû auxdits deux villages suivant lequel chacun mannans esdits lieux devait annuellement au jour Saint Remy un charlet d'avoine, une poule, un denier et un pain.
Le troisième fief était gisant à Sains et consistait en maison, dixmes, prets, terres et en rentes d'argent, d'avoine et chapons.
Ce dénombrement diffère du précédent par rapport aux quatre arrière fiefs de Lesfontaines dont il ne fait que deux fiefs apparemment parce que ces quatre fiefs gisans au même lieu n'étaient tenus que par deux et qu'il était plus facile ou même plus commode de les confondre que de les distinguer. Il est aussi différent en ce qu'il donne huit muids de consistance au fief de Saint Aubain qui n'en avait que trois, c'est une faute qu'on a corrigé dans le dénombrement suivant. (Originaux sur parchemin 3-C-B.4).
Le 12 janvier 1502 Jacques d'Eclaibes reçut l'hommage de Philippe de Lannoy pour son fief de Froimanteau, mouvant et relevant de la seigneurie d'Eclaibes.
Titre 5. port. 1.
Fief de Froimanteau, mouvant d'Eclaibes.
Dénombrement fourni par Philippe de Lannoy, écuyer, seigneur de Molembais le 12 janvier 1502 par lequel il avoue tenir en foi et hommage de la terre et seigneurie d'Eclaibes, un fief ample qu'il avait acquis de la dame de Molembais sa mère, nommé le fief de Froimanteau gisant en la ville de Les Fontaines, consistant en terres labourables et prêts et en toute justice haute moyenne et basse, etc.
Original en parchemin coté E. 27.
Le 21 janvier de la même année Jacques d'Eclaibes renouvelle devant le greffier de la Terre et seigneurie d'Avesnes le dénombrement de la seigneurie d'Eclaibes trois fiefs amples qu'il déclare lui être échus par le trépas de Fastré d'Eclaibes son père.
Le premier consistant en la seigneurie d'Eclaibes.
Le second gisant à Les Fontaines.
Le troisième gisant à Sains.
Avant acquitté ce jour les droits de relief, qui se payaient un an après la mort du dernier titulaire nous pensons pouvoir reporter la mort de Fastré d'Eclaibes à fin janvier 1501.
Les archives conservent deux comptes intéressants des receveurs de la terre d'Eclaibes sous l'administration de Jacques. 1505-1506.
Compte de Jean Pissard pour le terme de deux ans finis au 1er janvier 1506.
Compte de Martin Lelieux bailly et receveur d'Eclaibes touchant les droits seigneuriaux et de justice appartenant au seigneur d'Eclaibes et villes d'Espinois, Leval, le mont Sainte Aldegonde et Tracquegnies pour un an fini à Noël 1507.
Jacques, seigneur d'Eclaibes, mourut en 1510.
De son mariage avec Adrienne Gosselet naquit un fils unique nommé Jean pour l'instruction et l'éducation duquel rien ne fut épargné.
Il fut en ce temps procédé à de nombreuses ventes de bois, renouvellement de baux, etc. Ces pièces et cahiers des plus intéressants forment une volumineuse liasse portées sous la rubrique suivante :
Locations, ventes de futaies, etc.
Titre 2, portef. 3. Criées et baux à ferme des domaines, censes, près, pastures, moulins, viviers, droits et revenus généralement quelconques depuis l'an 1510 jusques en 1594 en une liasse de 50 pièces sous cote 0-71.
JEAN, SEIGNEUR D'ECLAIBES, 1511-1581
Cadet. - Jean d'Eclaibes était mineur, sa mère le représenta devant la cour féodale ainsi qu'il résulte de l'acte suivant, sur parchemin coté B. 6.
1511. 26 avril. Dénombrement fourni par Adrienne Gosselet, veuve de Jacques seigneur d'Eclaibes, comme ayant le bail de Jean d'Eclaibes son fils par lequel il avoue tenir en foi et hommage de la terre et pairie d'Avesnes deux fiefs amples : Le premier se compraindant en la ville terre et seigneurie d'Eclaibes, et le second gisant ès villes de Fontaine et Limont se consistant en tonnieux desdites deux villes.
De la longue carrière de Jean seigneur d'Eclaibes on trouve aux archives les comptes suivants :
Compte de Jacques Brinson, receveur d'Eclaibes, etc., etc., pour deux ans finis à la Saint Remi 1511.
Compte Michel Vilbroy idem pour 1514 à 1520 inclus.
Compte Gilles Bosquette idem pour 1524 à 1533 inclus.
2e liasse. Compte Jean Piérart bailly et receveur pour les mains-fermes au dernier jour de septembre 1535 à 1553.
Compte Guilain Flamine pour les années finies audit terme 1555-1557.
Titre 3. portefeuille 3. Criées et adjudications des taillis et hautes futaies des bois dépendant de la seigneurie d'Eclaibes depuis l'an 1525 jusques en 1580 compris en une liasse de 36 pièces. (Coté O. 73).
TITRES DE JOUISSANCE Inventaire
Chapitre 2 titre 1er portef. 3.
Certificats des gens de lois touchant les droits de morte main, aubanité, confiscation, droit de bâtardise, droits de sur cent ou de quint denier en la vente des héritages ou établissements de rentes sur iceux échus annuellement en la terre et seigneurie d'Eclaibes pour valoir aux comptes des receveurs d'icelles compris en une liasse de 43 pièces et cahiers où se trouvent les certificats depuis 1527 jusqu'en 1636. (Ladite liasse sous cote O. 70).
Ecuyer. - Le 9 novembre 1527 le seigneur d'Eclaibes fit le relief et le dénombrement de ses biens devant la cour féodale :
Relief de la terre et seigneurie d'Eclaibes et d'un fief gisant à Limont et Fontaine mouvant de la terre et pairie d'Avesnes fait par Jean, seigneur d'Eclaibes ès mains du batard de Floyon bailli de la terre d'Avesnes présens le sieur Adrien de Blois bailli des bois d'icelle et autres hommes de fief.
Acte sur parchemin muni des sceaux coté B. 7.
Dénombrement fourni par Jean d'Eclaibes écuyer par lequel il avoue tenir en foi et hommage de la terre et pairie dAvesnes deux fiefs amples, le premier se consistant en la ville terre et seigneurie d'Eclaibes et ses arrière fiefs et le second gisant ès villes de Limont et Fontaine se consistant en tonnieux, etc. (Acte sur parchemin coté B. 8.)
Chevalier. 1549. Jean, seigneur d'Eclaibes, pèlerin et combattant de Palestine avait été créé chevalier de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem et du mont Sinaï. Ces faits sont rappelés sur une pierre tirée des ruines d'Eclaibes et replacée sur un mur de l'enclos.
Chevalier Jésus Maria Et le Mont de Jérusalem 1549 Sinaï
Le lecteur se rappelle que en 1482 Fastré d'Eclaibes avait emprunté à rente à Jean de Hogues clerc de Mons une somme importante hypothéquée sur la seigneurie d'Eclaibes.
Pour donner une idée de la lenteur des procédures à cette époque nous donnons le sommaire de l'acte suivant reposant au dossier d'Eclaibes.
1535. 25 octobre. Copie d'un jugement rendu par le Conseil souverain de Haynaut à Mons le 25 octobre 1535 sur certaine complainte de Madame Louise d'Albret princesse douairière de Chimay dame d'Avesnes contre le sieur Charles le Flameng fils de feu Antoine le Flameng et de demoiselle Barbe de Hogues ses père et mère, qui s'était adressé au bailly d'Aymeries pour obtenir paiement de la rente de 30 livres à lui appartenant de la terre et seigneurie d'Eclaibes conformément à l'acté ci-dessus inventorié. Le sieur d'Aymeries ayant été appelé en la cause et ayant reconnu qu'il n'avait aucun droit en l'hommage de la seigneurie d'Eclaibes, ladite dame d'Avesnes fut maintenue en sa plainte en la forme et manière que fait l'avait cité. (Inventaire des titres). Ce jugement coté D. 21.
Sur une autre pierre retirée des ruines on lit la devise et le cri d'armes de la maison d'Eclaibes ainsi que la date de ces inscriptions et des constructions importantes faites sous l'administration de Jean qui tint la seigneurie près de 70 années.
A moi ne tien Ec1aibe - 1556 - Jan Signevr declaibe Chevalier (Devise : A moi ne tient - Cri : Eclaibe).
Pressentant sa fin prochaine Jean fit son testament, par lequel il instituait son fils naturel aîné Charles pour son héritier universel.
Il mourut en son château d'Eclaibes, nous copions textuellement la preuve généalogique produite par le roy d'Armes. Englebert Glacesio, contresignée par Van Vaniersèle.
« Jean d'Esclaibes seigneur dudit lieu, Chevalier de Malte et dernier de la maison d'Esclaibes n'a jamais été marié. Mort dans son chasteau dix neuf Febvrier 1581. A eu des bastards tant avec Catherine de Gaussy qu'avec Madeleine Larzillière. » (Voyez son testament).
CHARLES D'ECLAIBES, FILS NATUREL AINE DE JEAN, CHEVALIER SEIGNEUR D'ECLAIBES
En vertu du testament de Jean d'Eclaibes déposé au greffe féodal de la Terre d'Avesnes, Charles, son fils aîné, héritier universel de la seigneurie se présenta à la cour pour faire le dénombrement des biens qui venaient de lui échoir.
Titre sur parchemin. S. coté B. 9. du 20 Février 1581.
Dénombrement fourni par Charles d'Esclaibes, fils naturel de Jean, en son vivant chevalier seigneur d'Esclaibes, d'Espinoy, Noefville, etc., par lequel il avoue tenir en foi et hommage de la Terre et pairie d'Avesnes trois fiefs amples se consistant :
Le premier en la ville, terre et seigneurie d'Esclaibes et ses arrière fiefs.
Le deuxième gisant ès villes de Limont et Fontaine.
Le troisième gisant au village de Sains se consistant en maison, dixme, etc. lesquels trois fiefs il a déclaré lui être échus par le trépas de son dit père et en vertu de son testament.
Charles d'Eclaibes avait compté sans la descendance de Marguerite d'Eclaibes fille aînée de Fastré. Pierre Dequennes, écuyer, sieur du Fosteau, cousin issu de germain, de Jean, intenta un procès en nullité du testament, et revendiquant la seigneurie d'Eclaibes en fit le dénombrement au greffe féodal d'Avesnes.
1581, 2 mars. - Dénombrement fourni par Pierre Dequennes, sieur du Fosteau par lequel il avoue tenir en foi et hommage de la terre et pairie d'Avesnes trois fiefs amples se consistant etc... Lequel a déclaré que lesdits fiefs lui viennent de succession et par le trépas de feu noble homme Jean d'Esclaibes en son vivant seigneur dudit Esclaibes, d'Espinoy et Noefville, son cousin issu germain. (Copie simple sur papier, coté B. 10).
De part et d'autre on se prépara à soutenir une longue procédure les premiers plaideurs moururent sans en voir la fin, leurs descendants plaidaient encore en 1673 !
Charles d'Eclaibes refit encore le dénombrement de la seigneurie. L'acte avec texte plus complet que le précédent est sur parchemin coté B. 11. et daté du 13 mars 1581.
Dénombrement fourni par Charles seigneur d'Esclaibes, d'Espinoy et Noefville par lequel il avoue tenir en foi et hommage de la terre et pairie d'Avesnes trois fiefs amples se consistant etc... Lesquels trois fiefs il a déclaré lui être échus comme fils naturel de feu Jean d 'Esclaibes et en vertu du testament par lui fait par lequel il l'avait institué son héritier universel...
La cour féodale d'Avesnes rendit sa première sentence, elle déclara valable le testament de Jean d'Eclaibes fait « sans contraincte de libre inspiration et volonté du testateur...
Voici un aperçu des pièces du dossier:
Pièces concernant la propriété de la Terre. Titre 3 Portef. 1.
Procédures entre Charles d'Esclaibes fils naturel de Jean seigneur d'Esclaibes en son vivant chevalier de Malthe et le sieur de Fosteau son cousin issu de germain pour raison de la propriété de la seigneurie d'Esdaibes.
Ce premier dossier est composé de dix-sept pièces, l'on y trouve une copie collationnée du testament de Jean d'Esclaibes avec une partie des écritures fournies par les contrevenants durant le cours de ce procès qui fut jugé à l'avantage du batard d'Esclaibes. Premièrement : par sentence de la cour féodale d'Avesnes le 21 juin 1582 et ensuite par deux arrêts du conseil souverain de Mons l'un du 27 juin 1584 et l'autre du 29 octobre 1587, dont l'extrait collationné se trouve joint auxdites pièces de procédure. Le tout est numéroté de 1 à 17 et coté à l'inventaire sous la lettre C. n. 12.
Charles d'Eclaibes se trouva dans l'obligation d'emprunter pour subvenir aux frais du procès qu'il avait à soutenir, les archives renferment les copies de deux contrats de constitution de rente sur toute la terre et seigneurie d'Eclaibes chacune de 50 livres tournois passé par Charles d'Eclaibes, Espinoy, Leval, etc... fils naturel de Jean au profit de Philippe Laurent demeurant à Mons, chaque rente payable par moitié au 10 août et 10 février. (Actes du 10 février 1588. Cotés D, 25 et 26).
Charles d'Eclaibes mourut au château d'Eclaibes en 1591 laissant la seigneurie grevée, de nombreuses dettes. N'ayant pas disposé de ses biens, Eclaibes fit retour au seigneur suzerain Philippe III de Croy.
PHILIPPE III DE CROY, SEIGNEUR DE LA TERRE ET PAIRIE D'AVESNES
Charles, bâtard d'Eclaibes n'ayant pas disposé de ses biens, Philippe III de Croy, seigneur de la terre et pairie d'Avesnes les reprit par droit de bâtardise sans avoir égard au procès qui se traînait devant les tribunaux. Agé et toujours absent du pays Philippe nomma pour Eclaibes un châtelain et un bailli receveur, afin de gérer en son absence les affaires d'Eclaibes.
Titres au dossier : 1595. 18 mars. Copie collationnée des lettres de commission pour l'office de bailly et receveur d'Eclaibes données à Charles d'Orville par messire Philippe sire de Croy duc d'Arschot.
Coté G. 32.
Droit de retrait sur les héritages qui vont de main à autre.
Titre 8. portef. 2. H. 35.
1505, 22 mai. A la requête de Hély de Thunes, châtelain du château d'Eclaibes, son Excellence le prince Philippe ordonne au sieur Benoist son receveur d'Avesnes de reprendre par retrait 14 rasières de terre et une demi-rasière de pré mentionnés dans la requête, gisant sur le terroir d'Eclaibes et données à rente pour le prix de quarante sols tournois outre la rente seigneuriale par certain bourgeois de la ville du Quesnoy à Hubert Haverlant bourgeois de Maubeuge pour lesdites parties de terre et près être réunis au domaine d'Eclaibes.
Provisions d'officiers Titre 7. Portef. 2. G. 31.
1595 1er juin. Commission de garde forestier de la seigneurie d'Eclaibes donnée par le sieur Charles d'Orville bailly d'icelle au nommé Jean Prudhomme.
Philippe de Croy mourut à Venise le 11 décembre 1595.
Par son testament il avait fondé une messe par semaine et un obit annuel en l'église paroissiale d'Eclaibes.
Cette œuvre pieuse est rappelée dans le certificat du maire et des échevins d'Eclaibes délivré le 24 août 1604 par lequel ils attestent que certaine somme de quinze florins par an ordonnée par le feu duc d'Arschot prince de Chimay seigneur d'Avesnes pour fondation d'une messe par semaine (qui doit se dire le vendredi) et d'un obit annuel en l'église paroissiale d'Esclaibes on distribuait savoir : au curé, dix florins dix patars, au clerc, trois florins, au mambourg de l'église cinq patars et à la fabrique de ladite église vingt-cinq patars et que cette fondation s'acquittait exactement.
CHARLES III DE CROY, PRINCE DE CHIMAY, SEIGNEUR DE LA TERRE ET PAIRIE D'AVESNES
Né au château de Beaumont le 1er juillet 1560, Charles de Croy, prince de Chimay avait reçu en partage tous les dons de la nature et tous les titres auquel un personnage de sa race peut prétendre, il fut le véritable restaurateur du château d'Eclaibes où il fit son séjour de prédilection. Des brigades d'ouvriers furent occupées constamment aux fortifications, digues acqueducs souterrains pour l'inondation des fossés, etc. Ces travaux de dépense furent particulièrement actifs dans les années 1596 à 1601, 1606 à 1615, les liasses de comptes fournissent à ce sujet des détails curieux et instructifs.
Charles fit refaire le cartulaire d'Eclaibes :
1596. 2 mars. Cartulaire des rentes seigneuriales de la Terre d'Eclaibes signé et certifié du maire et échevins dudit lieu.
Six roles papier sous cote M. 48.
Compte de la Terre d'Eclaibes et ses dépendances rendu au prince de Chimay duc d'Arschot par Charles d'Orville son receveur de la seigneurie d'Eclaibes, La Neuville et Masnaige pour 1596 à 1601 inclus.
Aux comptes des ouvrages et réparations titre 8 se trouvent les pièces suivantes : acquits servant aux comptes des ouvrages et réparations au château d'Eclaibes durant les années 1596 à 1601 et depuis 1606 jusqu'en 1615 avec un compte desdits ouvrages pour l'an 1596 et un autre de 1610, le tout en un sac coté S.
Un autre dossier contient plusieurs cahiers et mémoires des ouvrages et réparations faites tant au château d'Eclaibes qu'en la seigneurie et au moulin de Rousies, de l'an, 1604 à 1710.
Autre sac coté S.
Au nombre des archives de l'administration du sire de Croy est un beau cartulaire ayant pour titre :
Sommaire de toutes les hauteurs, prérogatives et prééminences, droits, près, pastures, autres biens et revenus quelconques appartenant à la seigneurie d'Eclaibes dressé par Adrien Carpentier conseiller et receveur général de messire Charles duc de Croy, duc d'Arschot suivant les instructions et les ordres qu'il en avait de son maître le 28 février 1597.
Ce cartulaire est signé et certifié du curé, mayeur et des échevins d'Eclaibes et contient une description exacte et détaillée de la terre et de sa consistance et en particulier du château, de l'église, du village, des terres, près et bois, des pâtures, des viviers, du moulin, du terrage et des rentes qui en dépendent ainsi que de toutes les charges ordinaires et extraordinaires qui s'y payaient dans ce temps là.
On a inséré dans ce travail la relation de ce qui s'était passé à l'occasion de la joyeuse entrée du duc de Croy en son château d'Eclaibes où les habitants qui avaient été au devant de lui en armes jusqu'au village de Saint-Hilaire montèrent la garde et le défrayèrent lui et sa suite pendant le séjour qu'il y fit et lui firent à son départ un présent de cinquante florins pour son droit de joyeuse entrée.
Le même cahier contient différents règlements faits par le prince pour l'administration de cette terre. Il est en cinquante rôles de parchemin apostillé par ordre du sire de Croy sur divers articles.
Cet ouvrage est signé du sire de Croy qui ordonne aux gens de ses comptes de faire observer aux officiers d'Eclaibes les règlements qui y sont portés pour l'administration des revenus de la seigneurie.
2° Un autre cahier portant le récolement et vérification de tous les articles portés dans la pièce précédente fait par Charles Millet, secrétaire de Charles sire de Croy duc d'Arschot auditeur de ses comptes.
Le curé, bailly, mayeur et échevins d'Eclaibes ont signé le verbal de cette vérification le 2 mai 1597.
22 rôles, côté F. 30.
Charles de Croy fut successivement, lieutenant gouverneur et capitaine général de Hainaut (1598), grand bouteiller de Hainaut, chevalier de la Toison d'or. Au portail d'entrée du château d'Eclaibes,
on peut voir encore en place une pierre sculptée et armoriée avec pièces honorables rappelant ces fonctions. Il mourut à Beauffort en Artois le 13 janvier 1612. Une des clauses de son testament ordonnait que dans toutes les églises et villages de ses terres il soit chanté vêpres, vigiles et grande messe avec sermon à la rétribution de six florins, et la même somme à distribuer aux pauvres dans chaque paroisse.
La terre d'Eclaibes incorporée dans les domaines des seigneurs d'Avesnes n'eut plus d'histoire particulière. Pour. elle, les temps étaient accomplis.
Alexandre de Croy-Chimay-d'Aremberg marié a Madeleine d'Egmont la posséda de 1612 à 1629.
Ces époux avaient fixé à Eclaibes leur résidence, où la cour féodale de la pairie avait son siège. (1)
Le prince Alexandre de Croy et son épouse signent le 20 octobre 1628 au château d'Eclaibes, en audience solennelle l'acte par lequel le curé Limelette. le mayeur Jean de Beaumont, les échevins et notables habitants du lieu prennent au compte de la communauté la reconstruction du chœur vieux et insuffisant de l'église paroissiale. (On sait que le chœur de nos églises était dans chaque paroisse à la charge du décimateur. L'autel d'Eclaibes appartenait à l'abbaye de Liessies).
Parti pour l'armée le 14 juin 1629 ce prince fut tué à la surprise de Wesel le 16 août suivant laissant la seigneurie à son fils mineur Albert de Croy-Chimay-d'Arenberg qui posséda la seigneurie de 1629 à 1643, mourut à Bruxelles sans postérité le 16 novembre 1643, léguant ses biens à son frère Philippe de Croy 1643-1675 qui eut encore des démêlés judiciaires rappelés dans l'inventaire des titres d'Eclaibes.
Le dossier de ces procédures est composé de 55 pièces numérotées et paraphées séparément depuis 1 jusqu'à 55. Le tout côté C. 13.
ARCHIVES Procédures sur le fait de la propriété de la seigneurie d'Eclaibes prétendue par le sieur de Tercy comme héritier légitime du feu sieur de Fosteau et ensuite par le sieur Claude de Droux comte de Nanerre, lieutenant général des armées du roi, gouverneur d'Avesnes, cessionnaire des droits dudit sieur de Tercy contre le sieur de Chimay possesseur de la seigneurie d'Eclaibes comme lui avant été transmise par ses auteurs princes de Chimay à qui elle était échue par droit de bâtardise à cause de ladite seigneurie d'Avesnes dont la terre d'Eclaibes était mouvante à la mort de Charles d'Esclaibes fils naturel de Jean, décédé l'an 1591.
NOTE. - Ce procès ne fut renouvelé contre le prince de Chimay par les héritiers du sieur de Fosteau qu'en l'an 1673 parce que les
(1) Voir le contrat relatif à la reconstruction du chœur de l'église paroissiale, et autres pièces des archives.
sieurs de Tercy avaient longtemps servi en Espagne et n'avaient pu pour raison de cette longue absence faire valoir les prétentions qu'ils croyaient avoir sur la terre d'Eclaibes. L'affaire fut d'abord intentée par devant les juges des lieux en vertu des lettres de relief et poursuivie au parlement de Tournay par le sieur de Tercy. On voit encore par la procédure que le comte de Nanerre sieur de Tercy voulut dans la suite l'attraire au parlement de Paris sous prétexte que les saisies réelles sont de la seule connaissance de la deuxième chambre des enquêtes de ce parlement.
Mais, on ne saurait dire quelle fut la suite de cette affaire n'ayant trouvé d'autres décisions dans les pièces du procès qu'une copie simple d'un arrêt du parlement de Tournay rendu sur l'opposition de la princesse de Chimay, douairière tutrice du prince de Chimay son fils en date du 3 mars 1689, qui ordonne aux parties de procéder avant en la cour suivant les derniers errements nonobstant certain arrêt du parlement de Paris obtenu par ledit comte de Nanerre faisant défense au parlement de Tournay connaître de cette cause.
Eclaibes passa aux mains de Ernest-Alexandre-Dominique de Croy, 1675 à 1686 puis à Philippe-Louis de Hennin dit d'Alsace 1686 à 1688, qui le transmit à son fils aîné Charles-Louis-Antoine de Hennin 1688-1706. Son principal créancier, Philippe II duc d'Orléans fut mis en possession d'Eclaibes par un arrêt du parlement de Paris du 31 Juillet 1706, mort en 1723. Louis III duc d'Orléans son fils lui succéda 1723-1752, puis Louis-Philippe, fils de Louis III duc d'Orléans 1752-1785, enfin Louis-Philippe-Joseph duc d'Orléans 1785-1793 abandonna à ses créanciers la terre et seigneurie d'Avesnes qui fut vendue aux enchères par lots.
Les archives d'Eclaibes conservent quelques papiers de l'administration des ducs d'Orléans, les bâtiments de rapport, moulins, fermes, furent réédifiés et soigneusement entretenus mais la forteresse devenue inutile était à cette époque déjà abandonnée.
TERRAGE Titre 10. Portef. 2.
1711. 4 avril. Sentence rendue par la prévôté de Maubeuge contre Charles Leprohon, demeurant à Eclaibes, pour le refus qu'il avait fait de payer le droit de terrage dû sur ses héritages audit Eclaibes à raison de huit gerbes du cent à quoi il a été condamné. A cette sentence est attaché le rapport de détargement.
2 PIECES L. 41.
Cartulaire du terrage d'Eclaibes renouvelé ès années 1710-1711-1712 signé et certifié des officiers, mayeur, échevins de la seigneurie et village d'Eclaibes.
Cartulaire de la dîme et terrage d'Eclaibes renouvelé en 1718, signé et certifié du mayeur, échevins et officiers de la seigneurie le 14 juillet 1718.
(Pièces d'un grand intérêt) côte L. 41-43.
PROCES-VERBAUX DE RELIVRANCE Titre 4. Portef. 3.
1716. 11 février. Copie collationnée d'une relivrance du moulin d'Eclaibes.
1716. 4 mai. Copie collationnée d'une relivrance de la ferme de la basse-court d'Eclaibes.
1728. 19 octobre. Copie collationnée d'une relivrance des terres, prets et pâtures dépendant de la seigneurie d'Eclaibes.
Dans les minutes d'enregistrement de la pairie d'Avesnes la terre d'Eclaibes est ainsi désignée pour la mise en vente : (1)
5e LOT. La ci-devant Baronnie d'Eclaibes :
1° Un vieux château entouré de fossés avec un petit jardin.
2° La cense de la Basse-court composée de bâtiments en très bon état, quatre-vingt-quatre arpens de terre, huit arpens trente-sept verges de prets, dix-sept arpens de pâture.
3° La cense Expilly située audit lieu contenant dix-sept arpens quatre-vingt-neuf verges de terre, six arpens quarante-huit verges de pré, huit arpens trente-deux verges de pâture.
4° Deux moulins à eau. dont un à deux tournans situés audit lieu, et la Cense de la Haute frise consistant en quatre- vingt-huit arpens de terre, onze arpens vingt-deux verges de pré, treize arpens quatre-vingt-six verges de pâture,
5° Un droit de terrage sur ladite paroisse.
6° Des rentes foncières et ci-devant seigneuriales en avoine, chapons et argent.
Après la révolution, le château d'Eclaibes était encore digne de sa renommée, quoique délabré dans ses fenêtres et toitures, mais les propriétaires résolurent d'en tirer tout le profit possible et il fut exploité comme carrière en 1818. Il était bâti en beau calcaire noir du pays, un revêtement du rempart ouest est en marbre noir le plus pur probablement extrait à Eclaibes même, non loin du château.
(1) Archives de M. A. Delvaux.