Source Gallica, Bulletin de la Commission historique du département du Nord - 1866, et annuaire statistique du département du Nord - 1836 (textes numérisés)
Berlaimont, noms anciens : Bairlemont 1186, J. de G., Manuscrit de Valenciennes. - Berlainmont, 1196 , Titre de l'abb. d'Anchin. - Berlemonte, 1201, Titre de Saint-Aubert, Le Carp., pr. II, 23. - Bierlainmont, 1265, 1er cart. du Hainaut. - Berlainmont, 1273, 1er cart. du Hain., f° 50, p. 365. - Berlaimont, 1292, Titre de Saint-Aubert, Le Carp., pr. II, 37. - Bellainmont, 1308, 2e cart. du Hain., - Berlaimont, 1330, Titre de Saint-Aubert, Le Carp., pr. II ,91. - Bierlainmont, 1382, Comptes de la ville de Valenciennes. - Berlenmont, Chronique de Gislebert. - Berlaymont, Vinchant, Ann. du Hain. - Barlaimont, Miroeus I, 415, note. - Berlaimont, 1788, scel échevinal reproduit sur la cloche.
Monuments : Restes du château-fort sur la rive droite et au bord de la Sambre, territoire d'Aulnoye.
Maçonneries souterraines faisant supposer l'existence d'un fort romain en cet endroit.
Vases en terre et grande quantité de monnaies romaines en argent, découverts en 1862, pendant les travaux de défrichement aux environs de la forêt de Mormal.
Couvent des Soeurs Grises du tiers ordre de Saint-François, fondé en 1507, par Anne Rolin, dame d'Aymeries, démoli en 1793.
Eglise bâtie en 1671; renferme une cloche fondue en 1788.
Faits historiques : En 1186, paroisse du décanat d'Avesnes.
Seigneurs très célèbres; Gilles de Chin, mort en 1187, assista à la 1re croisade, il était premier chambellan du Hainaut; ses descendants joignirent à cette charge, en 1301, celle de grand échanson, qui demeura héréditaire dans cette famille.
Plusieurs anciens titres déposés aux archives départementales font mention des seigneurs de Berlaimont; nous nous bornerons à citer ici les suivans:
Par acte du 13 septembre 1265, Gilles, sire de Berlaimont, reporte à Gérard d'Esclaibes, son frère, ce qu'il avait acheté du seigneur d'Estrées, à la taille de Féron et ès-bourgeoisies d'Etroeungt.
Gérard d'Esclaibes, frère de Gilles de Berlaimont, reconnaît par acte du 20 septembre 1265, avoir reçu tous les héritages que lui a donnés son frère, pour les délivrer et rendre à la volonté d'Alix de Hainaut, veuve de Jean d'Avesnes.
1287 (le mardi après le tremedi), Gilles de Berlaimont, chevalier, seigneur de Faing, reconnaît avoir reçu de Ginotte, portier du château de Namur, 40 livres blanches et 20 livres tournois noires qui lui étaient dues à cause de son fief de Faing.
2 octobre 1298, Jean de Namur, fils de Guy, comte de Flandre, consent que Guy, son frère, soit adhérité du château de Faing et appartenances, que le comte son père avait achetés du seigneur de Berlaimont.
1301, 15 mars, lettres par lesquelles Gilles, fils aîné du seigneur de Berlaimont, déclare que pour terminer toutes difficultés existant entre le comte de Hainaut et lui, bouteiller héréditaire du Hainaut, ils sont convenus de ce qui suit: Le comte de Hainaut sera tenu de donner tous les ans, à son bouteiller ordinaire, trois paires de robes, telles qu'il les donne à ses chevaliers aux termes de Pâques, Pentecôte et Noël.
Lorsque le comte tiendra cour solennelle pendant ces trois jours de fête, le bouteiller aura, quand il sera présent, 100 sols pour le hanap ( coupe avec anses ) avec lequel il lui servira le vin; il aura aussi de l'avoine pour deux nuits, 4 sols par nuit pour ses gages, 2 lots de vin et 10 pièces de chandelles, dont 7 minces et 3 grosses.
Pareilles lettres furent aussi données par le comte de Hainaut.
Le château-fort du fameux bâtard de Berlaimont, la terreur du pays, fut pris d'assaut, en 1490, par le seigneur d'Aymeries, Antoine Rolin, grand bailli de Hainaut qui fit conduire le bâtard à Mons pour y être décapité.
Charles de Berlaimont, adopté en 1574, par Gilles, fils de Michel de Floyon, fut créé comte de Berlaimont par Philippe II.
Des thalers du XVIe siècle ont été retrouvés au nom de Louis de Berlaimont, dernier archevêque de Cambrai à avoir eu le droit de frapper monnaie.
L'armée française, sous les ordres de Turenne, après avoir relevé les fortifications de Condé, se rendit, le 12 octobre 1655, à Berlaimont, puis passa à Maroilles et à Ribemont, et se dirigea ensuite vers Saint-Quentin.
L'église fut rebâtie en 1671, sur un autre emplacement, mais avec une partie des débris de l'ancienne. La charpente de ce nouvel édifice fut construite avec des chênes tirés de la forêt de Mormal en vertu d'une autorisation accordée par Louis XIV, sur la demande de M. Roty, qui était alors curé de Berlaimont.
Avant 1789, il existait à Berlaimont un bailliage seigneurial qui avait une compétence aussi étendue que les bailliages royaux; les appels de ses jugemens étaient portés directement devant le parlement de Flandre, séant à Douai.
Le 2 janvier 1792, graves désordres occasionnés par les populations des villages voisins, qui saccagèrent plusieurs riches maisons; ces troubles, qui coûtèrent la vie à plusieurs personnes, ne cessèrent que par l'intervention d'une partie des troupes de la garnison du Quesnoy.
Berlaimont fut à diverses reprises occupé par les armées étrangères, et notamment par les Autrichiens en 1793; par les Prussiens en 1814, et en 1816, par une compagnie de grenadiers Russes qui y séjourna pendant trois ans.
Il ne reste plus que quelques vestiges du château de Berlaimont. Cette forteresse, où résidaient autrefois les seigneurs du lieu, fut détruite en 1643, après la bataille de Rocroi, gagnée par les troupes françaises contre l'armée de Charles II, roi d'Espagne. La plupart des maisons de Berlaimont et l'église même furent incendiées dans cette guerre.
On remarque à Berlaimont, à l'un des angles du chemin qui se dirige sur Valenciennes, un chêne isolé de huit mètres de circonférence, sous lequel les voyageurs viennent se reposer. Cet arbre, connu sous le nom de Chêne-Adam, parait avoir été planté depuis plusieurs siècles.
On trouve dans les archives de la mairie de Berlaimont, tous les registres contenant les actes de vente, partages, transports et titres constitutifs de rentes, reçus par les mayeurs-échevins depuis l'an 1685 jusqu'en 1790, époque de la suppression des autorités échevinales. On y trouve aussi des registres de l'état civil remontant à 1645, et continuant jusqu'en 1789, sauf une lacune de 1723 à 1725.
La population de Berlaimont est de 2068 habitans. Sur ce nombre 370 sont à la charge du bureau de bienfaisance, et 30 se livrent à la mendicité.
La superficie totale de son territoire est de 1308 hectares, ainsi divisés : 595 en terres labourables, 564 en prés, 12 en vergers, 83 en bois, 7 en contenance des propriétés bâties, 41 en routes, chemins, et 6 en rivières et ruisseaux.
La culture ordinaire de Berlaimont est le froment, le seigle, l'orge, l' épeautre, l'avoine et le trèfle. Sa culture principale est le froment, le seigle et l'orge.
Ses habitans élèvent et engraissent une quantité considérable de bestiaux qu'ils utilisent pour la fabrication des fromages ou qu'ils livrent au commerce.
Il existe dans cette commune de Berlaimont une justice de paix, un bureau d'enregistrement et des domaines, 3 moulins à blé, 7 fabriques de sabots, 1 fabrique de bonneterie, 3 fabriques de poteries, 1 four à chaux, 1 clouterie, 2 brasseries , 2 briqueteries et 1 filature de laine.
Hameaux et lieux dits : Le Sarbaras. La Noire-Tête. La Grande Carrière. Le Calvaire. La Ferme du Hambut.
Cette vue de Berlaimont et la suivante, bien qu'exécutées à 4 ans d'écart, sont très proches l'une de l'autre. Dans ses grandes lignes, l'église présente les même dispositions, la forme polygonale du croisillon nord y apparait très nettement, la façade occidentale paraît aveugle.
Vue prise de l'est, très proche de la précédente datée 4 ans plus tôt, Au premier plan, à l'arrière d'arbustes, s'étendent de grasses prairies où paissent de beaux chevaux, au delà coule la Sambre, ici deux barques circulent... Le pont de Pierre, vers la droite, avec ses arches est mieux représenté, vers la gauche, on retrouve l'île reliée aux berges par deux ponts de bois, deux bâtiments y sont construits, mais ici le premier est aussi lié au moulin. Sur cette image, le château laisse mieux deviner son plan, mais la tour coiffée d'une poivrière y est moins importante et sa courtine vers l'ouest paraît avoir été restaurée grossièrement...enfin, le corps de logis adossé à la courtine méridionale ne tend pas ici à se confondre avec le châtelet d'entrée comme sur l'autre vue... L'église présente les même dispositions, la nef est à l'évidence ici éclairée par trois fenêtres. Entre l'église et le château, on voit une importante construction à deux niveaux d'élévation et lucarnes accrochées à la toiture. Le couvent des soeurs grises situé près de la porte d'octroi, paraissent beaucoup moins importants que sur l'autre gouache, l'aile disposée parallèlement à l'église a disparu... Les maisons sont construites en briques et couvertes de tuiles ou d'ardoises...
Cette gouache prise du même point de vue que les précédentes est beaucoup moins précise On retrouve le même type d'éléments au premier plan, devant la Sambre dans son bief délimité à droite par un pont à arches et à gauche par une île (peu visible ici) et des barrages associés à des moulins... A gauche on retrouve le château probablement construit au XIV ème siècle, mais qui sera détruit par Condé en 1643 La gouache est trop confuse pour que nous puissions véritablement nous représenter les masses de cette oeuvre qui était polygonale et dont les angles étaient marqués de tours Ce château fut celui de Gilles de Chin qui libéra la région du dragon qui la dévastait... Les rues actuelles du "vieux château", de la "Basse-Cour" et de Gilles de Chin rappellent l'emplacement du château disparu... L'église actuelle correspond à l'emplacement occupé au XVIIème siècle par les Soeurs grises.
L'église de Berlaimont est certainement le bâtiment toujours debout qui a connu le plus de démolitions et de reconstructions. En 1490, Antoine de Rollin, seigneur d'Aymeries vient mater Isaac de Berlaimont (le Bâtard) et malheureusement, l'église subit la bataille et fut rasée. En 1643, nous sommes encore espagnols et les troupes françaises après avoir fait le siège de la ville de Rocroi, viennent répandre la peur et la mort dans les Pays Bas Espagnols ainsi Berlaimont fut détruit en grande partie ; le château et encore l'église. Il faut dire que l'église se trouve à proximité du château et ce voisinage n'est pas tranquille. Ce n'est qu'en 1658 que l'emplacement de la nouvelle église est connu. 1671 inaugure la fin des travaux de maçonnerie ; les maçons en ont laissé une trace dans le mur de pierres bleues au dessus du vitrail sud. En 1680, la sacristie est achevée comme l'indique encore les maçons de cette époque. Durant la Révolution française, l'église fut simplement fermée au culte pendant un an en 1793. La population de Berlaimont était restée fidèle au culte catholique. L'aspect général de l'intérieur a peu changé si ce n'est l'emplacement de l'orgue et les retables magnifiques. En effet, les deux guerres mondiales vont causer de grands dommages à cette église paroissiale. En novembre 1918, des obus anglais tombent sur le chœur et la nef . Le classement aux monuments historiques en août 1921 va sauver cette église particulière après la deuxième guerre mondiale lorsqu'il faudra reconstruire celle-ci détruite par le feu le 2 septembre 1944.
Le 4 novembre 1918, les troupes britanniques arrivent à Berlaimont par la forêt de Mormal aux abords de la Tête Noire. C'est alors que les armées allemandes se replient vers le sud de la forêt et déploient leur artillerie sur la rive droite de la Sambre de Leval à Bachant. Devant ce déploiement de canons, les habitants, craignant de se trouver entre deux feux d'artilleries adverses, s'étaient réfugiés dans les caves et les abris de fortune et firent le voeu d'ériger à la Vierge une statue si la ville était épargnée. Elle le fut effectivement car elle souffrit cent fois moins que d'autres communes, certaines détruites parfois en quasi-totalité. Le voeu fut tenu et respecté, restait à le réaliser. Ce furent deux dames : Mme Vandenbusche, alors directrice de l'école Saint-Michel, et Mlle Jeanne Demade qui se chargèrent de la collecte auprès des berlaimontois. Celle-ci permit l'acquisition de cette statue à laquelle on donna le nom de Notre dame de la Délivrance.
Pourquoi la Vierge Noire est-elle blanche ? Comme cette vierge était en fonte elle se noircit très rapidement avec le temps. Elle s'appela donc : Vierge Noire. Lors de la seconde guerre mondiale, les habitants de Berlaimont ayant vécu la guerre 14-18, se rappelèrent que les allemands s'emparaient de tous les objets en métal non ferreux : fonte, cuivre, laiton, plomb, étain... et ils pensèrent immédiatement à cette statue en fonte. Ils décidèrent de la peindre en blanc donnant l'apparence d'une statue en plâtre. Le subterfuge réussit et la statue demeura inviolée sur son socle, voilà pourquoi la vierge noire est blanche !
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