Le Château de Bellignies, son Histoire.

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La façade principale du château de Bellignies
La façade principale du château de Bellignies.

La façade principale du château de Bellignies
La façade après les travaux de rénovation réalisés en 2022.

Le Château de Bellignies.
La tour médiévale.

Le château de Bellignies était une place forte au Moyen Age, ce dont témoigne la tour Le Bel, datant du 13e siècle. Deux images réalisées à la fin du 16e siècle par Adrien de Montigny pour le comte de Croÿ indiquent un ensemble fermé comprenant la tour, un bâtiment avec deux tourelles et une ferme. L'actuel corps de logis a été construit au 18e siècle et remanié au 19e siècle. Château composé d'un corps de bâtiment principal et de deux ailes disposées en équerre. Le donjon est inséré dans l'angle reliant l'aile principale (nord) et l'aile ouest. L'élévation antérieure est composée de neuf travées ; des pilastres scandent les trois travées centrales. L'élévation comprend trois niveaux et un étage de comble, couverts d'une croupe brisée. L'aile orientale prolonge le corps principal. L'aile ouest s'élève sur deux niveaux, couverts d'une croupe. L'élévation postérieure est surélevée et desservie par un escalier extérieur droit. Tour en moellon de pierre calcaire, terminée par quelques rangées de brique, couverte d'un toit en pavillon percé de lucarnes. La dépendance (remaniée) porte la date de 1679. La ferme a été partiellement réaménagée mais a conservé les écuries et les mangeoires de pierre calcaire.
Source texte : www.culture.gouv.fr

Le château de Bellignies sur les albums de Croÿ.
Autre vue du château sur les albums de Croÿ.

L'aile Nord-Ouest
L'aile Nord-Ouest
Le château de Bellignies sur les albums de Croÿ. Le château de Bellignies sur les albums de Croÿ.
Tome IX, Comté de Hainaut VI,
Editions du Crédit Communal de Belgique.
La clef de voûte datée 1579 de la porte des dépendances du château de Bellignies
La clef de voûte datée 1579
de la porte des dépendances du château.
Le Château de Bellignies en vue satellite.
Le Château en vue satellite. (Mappy)

Le château de Bellignies sur le cadastre de 1831.
Le château de Bellignies sur le cadastre de 1831.
(Document des archives départementales du Nord)
On peut y voir l'emplacement de l'ancienne église du XVIe siècle démolie en 1849.

Elévation arrière du château
Elévation arrière.

Le château de Bellignies sur une carte postale ancienne.
CPA du château de Bellignies

CPA du château de Bellignies
Autre carte postale.

CPA du château de Bellignies
La serre du château.

La Pierre Croûte
La Pierre Croûte située dans le parc du Château.

La pierre druidique ou pierre croûte de Bellignies.
La pierre druidique vue par Z. Pierart en 1862.

Notes sur quelques Monuments Mégalithiques de la région du Nord, Bulletin de la Sté préhistorique française - 1922 par Léon Desailly. https://www.persee.fr

Voici ce qu'écrivait M. de Mortillet, au congrès de Montauban de la Société de l'Association française pour l'Avancement des Sciences, en 1902, relativement à ce monument : « Sur un coteau voisin du village, coteau percé de grottes, se trouvait un énorme bloc de grès, ayant l'aspect d'un cône renversé et faisant saillie au-dessus du sol de 1m50 à 3m80, suivant les diverses estimations. Des os et des cornes auraient été découverts au pied de ce bloc qui portait dans le pays le nom de Pierre croûte. De forme ovalaire, il ne mesurait pas moins de 3m20 de longueur sur 2m24 de largeur. Le propriétaire du château de Bellignies, malgré les réclamations du doyen de Bavay, l'а fait transporter dans son parc en 1810. Au dire de Bottin, ce déplacement aurait nécessité l'emploi de 32 chevaux.
Regardée, on se demande pourquoi, comme un autel dédié au dieu Bélus ; cette volumineuse pierre a aussi été tour à tour donnée comme un dolmen ou comme un menhir, bien qu'elle n'ait probablement jamais appartenu ni à l'une, ni à l'autre de ces deux catégories de monuments. D'accord avec cette dernière appréciation, M. de Mortillet n'en fait plus mention dans une note publiée en 1917, sur les mégalithes des régions envahies.
Je vais tâcher de donner quelques précisions historiques et techniques sur cette pierre si curieuse. Situation topographique primitive.
Il résulte des renseignements bibliographiques puisés aux sources que ce bloc était érigé, avant son transport en 1810, non pas à Bellignies, mais dans la commune voisine nommée Houdain. Il se trouvait sur un monticule très proche de l'entrée des souterrains célèbres de ce village et à l'endroit précis porté sur la carte d'Etat major sous le nom de « trou des Sarrazins. » Son emplacement était encore visible en 1862, puisque Piérart (1) indique qu'il a vu à cette époque « les bases qui le faisaient adhérer au sol. »
II s'agit sans doute, des blocs de calage qui le maintenaient dans la position verticale. Ce fut Jean-Baptiste Lambiez, dit le père Grégoire, qui fit déplacer ce monument en 1810, et exécuter des fouilles à son pied. Il a publié la relation de ces opérations (2). C'est ainsi que nous savons qu'avant son déplacement, il existait autour de cette pierre d'agréables promenades qui correspondaient toutes au même point de vue, dirigées sur elle ; de ce détail, dit Lambiez, il est aisé de comprendre comment les cérémonies des planètes et de la milice du ciel se faisaient sur ces « hauts lieux. » II est regrettable que cet auteur, qui voyait un culte stellaire autour de cette pierre, n'ait pas indiqué l'orientation des allées qu'il signale comme y aboutissant.
Voyons maintenant pourquoi le père Lambiez fit transporter ce monument à Bellignies.
Ce célèbre récollet de Lille, était originaire des environs de Bavay. Il avait fait exécuter, dans cette ville, quelques touilles heureuses, qui lui valurent les honneurs d'une séance à la Constituante (3). Doué d'une imagination exaltée, il avait adopté comme vérités historiques, toutes les traditions locales et les origines fabuleuses du pays. C'est ainsi qu'il prétendait qu'une colonie venue de Babylone, ayant en tête l'image de Bel, Bal ou Bélus, c'est-à-dire le Veau d'or ou le dieu Soleil, avait fondé le village de Bellignies et érigé la tour de Bel encore visible au château (4).
(1) Piérart. - Excursions archéologiques et historiques, 1862.
(2) Lambiez - Histoire monumentaire du Nord des Gaules, appuyée sur les traces marquantes et les vestiges durables des anciennes colonies qui ont illustré les fastes, Belgique, Mons (vers 1810).
(3) Ce fut lui qui découvrit le fameux trépied romain du musée de Douai.
(4) Cette vieille tour qui est aujourd'hui enclavée dans les bâtiments du château a une hauteur de 20 mètres un diamètre de 9 mètres et des murs de 2m40 d'épaisseur; on la croit du XIIème siècle.
Le père Lambiez jouissait d'une grande considération : quelques parcelles de véritable érudition, des découvertes heureuses dans ses fouilles, l'appui accordé par le gouvernement, lui avaient donné une brillante réputation d'antiquaire. Aussi, malgré les protestations d'un véritable savant, le doyen Carlier de Bavay, il parvint à décider le seigneur de Bellignies, le baron de Molembaix, à faire transporter dans sa propriété, la Pierre Croûte de Houdain.
On prétexta, il est vrai, que c'était pour la préserver de la destruction dont elle était menacée par le creusement d'un chemin ; mais il est permis de supposer que Lambiez voulait plutôt lui donner un emplacement mieux d'accord avec ses théories du dieu Belus jadis adoré selon lui à Bellignies. Aussi en l'installant dans sa nouvelle position, dans une allée du parc, il lui donna la disposition d'une table d'autel, dont il nous a laissé le dessin.

La Pierre-Croûte de Bellignies

Fig. 1. — La Pierre-Croûte dans sa position actuelle. Avant son déplacement effectué en 1810 par le P. Lambiez, elle était plantée dans le sol de façon, que la partie A С D se trouvait enfouie, tandis que С D F émergeait. La face ici dessinée était alors exposée au Nord. Le Père Lambiez considérait la grande cupule В comme représentant le soleil, et les petites cupules comme figurant des constellations.

- Situation à Houdain.
Lambiez indique qu'il fit faire des fouilles au pied de ce monument de toute vétusté ; on observa que l'autel vulgairement appelé « pierre croûte pour sa composition artificielle (sic) avait été coulé sur la pierre calcaire (1), on le mesura dans toutes ses dimensions. Il était de forme ovale, ayant 10 pieds (2) de longueur (3 mètres), 7 d'épaisseur (2m10), et 12 depuis la base calcaire « jusqu'à la superficie (3m60), dont 7 (2m10) de soubassement et 5 (lm50) au-dessus du sol avec talus de deux cinquièmes.
Ces dimensions ne correspondent pas avec celles actuelles ; la pierre a dû se briser durant le transport. Ce fut dans des fouilles de lm80 de profondeur que Lambiez trouva une énorme quantité de vases brisés, d'ossements et de cornages d'animaux, indices indiscutables, dit-il, des sacrifices qu'on faisait au dieu Bel. M. de Mortillet n'a pas signalé l'existence de cette grande quantité de vases brisés pouvant cependant donner un argument permettant de considérer ce mégalithe comme un Menhir.

La Pierre-Croûte de Bellignies
Fig. 2. La Pierre-Croûte, vue de la face aplanie portant des cupules.
La pierre druidique ou pierre croûte de Bellignies.
Photo proposée par la Mairie.

- Visite de la Pierre.
Bien que le déplacement de ce monument lui ait fait perdre une grande partie ,de son intérêt archéologique, et malgré les renseignements peu encourageants donnés par les préhistoriens (3), je me décidais cependant à aller le visiter. J'étais d'ailleurs peu rassuré sur son état de conservation ; je savais, en effet, que les propriétaires actuels du domaine, la princesse et princes de Croy-Solre, ardents patriotes, avaient été condamnés en 1915 avec Miss Cavell que leur château avait servi de caserne à 300 allemands durant toute la guerre, et enfin que les bâtiments et le parc avaient été bombardés en 1918. Heureusement, dans la bagarre, la Pierre Croûte est restée intacte, protégée sans doute par la végétation luxuriante qui l'avait envahie. Grâce à l'amabilité de S. A. S. la princesse Marie, elle fut dégagée de ses broussailles et je pus l'étudier tout à loisir.
- Description de la Pierre actuelle.
Elle présente la forme d'une amande ovalaire aplatie sur les grandes faces; elle est disposée sous la forme horizontale avec une marche d'accès qui permet d'atteindre la partie supérieure. (Voir Fig. 1 et 2). Sa longueur est de 3m20, sa largeur de 2m25 et son épaisseur de lm30. Elle est surélevée par un soubassement, provenant probablement de ses débris qui élève sa face supérieure à environ lm90 du sol.
(1) Devonien, étage gîvetien.
(2) Le pied de Valenciennes valait 0m297, celui du Hainaut, 0m293, j'adopte 0m30.
(3) Quarré-Reybourbon. - De Mortillet.
Ce qui frappe à l'approche de ce monument, ce sont les cupules qu'il porte sur la face exposée au levant et constituant son épaisseur. Il s'en trouve trois groupes bien distincts :
1° Une grande cupule de 0m13 de diamètre environ et de 0m08 de profondeur creusée vers le milieu de la pierre. Elle est entourée de trois autres plus petites, situées sur un même arc de cercle. Elles sont peu visibles à cause de leur manque de profondeur.
2° A 0m40 à droite de cette grande cupule centrale, il existe un groupement de 8 à 9 petites cupules de 0m03 à 0m04 de diamètre, 0m03 de profondeur dont l'ensemble ressemble à une constellation.
3° Plus à droite encore et sur une surface de 0m95 de longueur grossièrement mais volontairement aplanie il a été creusé à l'aide d'un outillage des plus primitifs, six cupules de 0m05 de diamètre, 0m03 à 0m04 de profondeur. Leur disposition présente la forme renversée de la grande ourse, et, chose curieuse, on trouve la septième cupule manquante à la bonne distance et dans la direction voulue sur une autre face de la pierre touchant à la première. Ces trois groupements de cupules sont creusés sur la partie de la pierre qui émergeait du sol avant son déplacement. J'ai pris les décalques de ces diverses gravures ; mais je dois avouer qu'ils n'ont pas une exactitude mathématique, parce que la vétusté de la pierre a élargi l'entrée des cupules. Cependant on peut considérer l'ensemble comme à peu près exact.

- Géologie.
Cet agrandissement de l'entrée des cupules s'explique par la nature même de la roche dont est formée la pierre de Bellignies. Ce n'est nullement un grès comme le disent tous les auteurs. C'est un calcaire grossier, jaunâtre, renfermant dans sa pâte des oolithes ferrugineuses.
Il appartient à la formation locale que les géologues nomment le Sarrazin de Bellignies, parce que la légende rapporte aux Sarrazins les souterrains qui y sont creusés.
Cette assise fait partie du cénomanien inférieur et n'existe que dans les environs de Bavay. On l'exploite pour en faire des moellons.
Les romains l'employèrent pour les importantes constructions qu'ils firent à Bavay. Les fameuses grottes d'Houdain ne sont sans doute autre chose que les anciennes carrières souterraines qu'ils faisaient exploiter par leurs esclaves. La surveillance était ainsi facilitée.
Il était d'ailleurs dans leurs habitudes constantes d'employer ce système d'exploitation. Le nom de Pierre Croûte s'explique par la couleur et la texture de cette roche qui ressemble à la croûte du pain, les oolithes figurant les vides de celle-ci.
Cette formation repose sur le calcaire dévonien, étage givetien.
- Bibliographie
Les gravures portées par cette pierre sont tellement visibles et frappantes qu'il me parut impossible d'admettre qu'elles n'aient pas été remarquées avant moi, je fis donc à leur sujet quelques recherches bibliographiques qui furent heureusement couronnées de succès.
En effet, avant de faire transporter ce bloc à Bellignies, le baron de Molembaix fit venir divers artistes pour le dessiner. Ceux-ci ont noté comme suit leurs impressions à son sujet (Dialogue récréatif et instructif envoyé par les génies tutélaires au peuple docile et indocile. Maubeuge, 1805, sans nom d'auteur mais sûrement de Lambiez. )
Plusieurs figures grotesques décoraient ce grand autel; les artistes qui en ont levé le plan ont cru apercevoir vers le méridien les rayons qui environnent la face du soleil, et, au contour, les hiéroglyphes de plusieurs corps célestes. Cette note est précieuse car non seulement elle signale les gravures stellaires, mais détermine l'orientation de la pierre : la petite face, qui portait ici des cupules, était exposée au nord.
C'est le cas de tous les mégalithes de la région.
Il est également intéressant de voir signaler des gravures symboliques sur une pierre brute et informe, par des dessinateurs et des artistes, et cela à une époque où les gravures sur rocher n'étaient guère remarquées.
J'avoue que lors de mon excursion à Bellignies, je n'ai pas vu les rayons solaires ci-dessus indiqués ; ils doivent partir de la grande cupule centrale : je les rechercherai à une prochaine visite du monument, après un nettoyage plus complet de sa surface.

- Conclusion.
Que ces cupules représentent ou non des groupes stellaires, que leur existence soit plus ou moins ancienne, il est certain que leur creusement a été voulu, et à cet égard la taille grossière d'une surface destinée à les recevoir semble être un fait capital.
En tout cas, l'existence de ces gravures suffit par elle-même pour expliquer le caractère d'inviolabilité, le culte spécial qui a protégé la pierre croûte et assuré sa conservation à travers les siècles.
De par la tradition dont le point de départ était cependant oublié par les populations, elle était devenue sacrée : nul ne pourrait y toucher. C'est pour cela qu'elle n'a pas été convertie en moellons comme ses nombreuses voisines.
Si l'on considère d'une part que l'on n'a jamais rien trouvé près des pierres à cupules et d'autre part que la pierre croûte occupait une position verticale avant son déplacement, que les blocs de calage qui la fixaient au sol ont été signalés, que l'on a découvert dans les fouilles faites à son pied des débris de poteries, des cornes et des ossements, qu'elle avait l'orientation nord-sud, comme les autres mégalithes de la région, je conclurai qu'il s'agit ici d'un Menhir et que son redressement s'impose.
Il est autorisé et désiré par la famille de Croy.

La Pierre-Croûte de Bellignies
La Pierre Croûte

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